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CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Concert de l'Orchestre Lamoureux sous la direction de Yutaka Sado avec la participation du pianiste Bertrand Chamayou au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Le glamour des Lamoureux
© Concerts Lamoureux

Que les quatre-vingt-seize musiciens applaudissent leur chef, ce n'est pas rare. Qu'ils tapent des pieds en riant à gorge déployée, c'est moins fréquent. Dimanche après-midi, les Lamoureux, comme on les appelle, avaient tous un regard énamouré pour leur chef, Yutaka Sado, à l'issue du premier grand concert de la saison au Théâtre des Champs-Élysées.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 19/11/2006
Nicole DUAULT
 



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  • Les Lamoureux reviennent de loin en raison d'une situation financière calamiteuse. Les voilà confortés grâce à des subventions presque confortables – 190 000 € de la Ville, 150 000 de la Drac. Pourtant, chaque concert relèverait de l'acrobatie si un mécène, la société d'audit Grant Thornton, ne leur apportait 140 000 euros supplémentaires pour leur permettre enfin de jouer en paix.

    Et de jouer aussi en joie. Car ce que l'on retient de chaque prestation des Lamoureux, c'est un ensemble de musiciens heureux, cherchant à se faire plaisir et à faire plaisir au public. L'initiative d'intégrer des spectateurs – ce dimanche, ils étaient sept – au sein même de la formation, certains derrière les violons, d'autres à côté des percussions, relève de cette démocratie participative ces jours-ci fort à la mode. Ces spectateurs sur scène disent entendre différemment et mieux comprendre, de l'intérieur, le fonctionnement si fragile, l'équilibre si délicat de l'orchestre.

    Cette manière de rendre la musique plus proche des auditeurs, la formation la réalise par de multiples initiatives. L'une est de chercher, au cours d'un concert, un intrus. Les spectateurs qui le découvrent – « c'est plutôt fastoche ! Â», lançait un adolescent proche de nous –, peuvent gagner deux places pour un prochain concert : dimanche l'intrus était un technicien de plateau qui casque sur la tête et talkie-walkie à l'oreille surveillait le transport du piano sur lequel le talentueux Bertrand Chamayou venait d'interpréter le Concerto en la d'Edvard Grieg.

    Lauréat du Concours Long-Thibaud et doté d' une victoire de la musique en 2006, les récompenses ne lui donnent pas la grosse tête. On le sent tendu sans être stressé, humble face à une partition célébrissime qu'il joue avec discrétion. Yutaka Sado se tourne souvent vers ce jeune homme de 25 ans, âge du compositeur quand il écrivit son oeuvre. Écrit au Danemark, cet unique concerto pour piano, Grieg le Norvégien lui prêta des accents méridionaux que reprend Chamayou le Toulousain, dans une lecture sans excès, avec un brio contenu, une sobriété affirmée et une sensibilité pudique. Le tapage, c'est le public et les musiciens qui s'y livrent à l'issue de cette sobre démonstration.

    Sado est en permanence tout sourire autant quand il regarde son soliste que ses musiciens. Ceux-ci le lui rendent bien. Cet orchestre qu'il dirige depuis 1993, il le considère comme son bébé. C'est lui qui a donné cette patte inimitable au son de ces femmes et hommes d'horizons différents : un tiers est issu des grandes phalanges parisiennes, un autre tiers composé de professeurs des conservatoires, et le troisième tiers d'intérimaires.

    Car l'Orchestre Lamoureux se préoccupe de l'insertion des jeunes instrumentistes sous le tutorat de chefs de pupitres. Dimanche étaient à l'apprentissage un violoncelliste de 21 ans, Arthur Lamarre, et un hautboïste de 25 ans, Vincent Arnault. Ils figuraient près des musiciens vedettes des grandes formations. Un exemple, le premier violon était dimanche Christian Brière que l'on entend chaque semaine à l'Orchestre de Paris.

    Une 2e de Sibelius d'une surprenante profondeur

    Le fougueux Yutaka Sado, 45 ans, connu pour ses emportements stylistiques, s'est beaucoup pacifié en prenant de l'âge. Il sert admirablement l'embrasement de la 2e symphonie de Sibelius avec autant de nostalgie que d'énergie volcanique : admirables bassons, sons filés des violons, éclat des cordes et des vents. Le chef nippon dirige ces tourbillons sonores avec un détachement auquel il ne nous avait pas habitués. Habité par la partition, il impulse à son orchestre une intensité d'une surprenante profondeur.

    Star au Japon, en Allemagne, en Italie, celui qui remporta voilà près de quinze ans le Concours de jeunes chefs d'orchestre de Besançon n'est toujours pas considéré en France comme l'une des meilleures baguettes. Trop amoureux des orchestres français de Bordeaux, de Paris et des Lamoureux, sans doute.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 19/11/2006
    Nicole DUAULT

    Concert de l'Orchestre Lamoureux sous la direction de Yutaka Sado avec la participation du pianiste Bertrand Chamayou au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Edvard Grieg (1843-1907)
    Concerto pour piano en la mineur, op. 16
    Bertrand Chamayou, piano

    Jean Sibelius (1865-1957)
    Symphonie n° 2 en ré majeur op. 43

    Orchestre Lamoureux
    direction : Yutaka Sado

     


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