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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise du Chevalier à la rose de Strauss dans la mise en scène d'Herbert Wernicke, sous la direction de Philippe Jordan à l'Opéra de Paris.

Un Chevalier léger léger
© Christian Leiber

DrĂ´le de distribution pour cette reprise du somptueux Chevalier Ă  la rose d'Herbert Wernicke Ă  la Bastille, oĂą les rĂ´les principaux sont assez chichement tenus par des chanteurs aux moyens trop justes. Dans la fosse, Philippe Jordan se montre nettement plus Ă  l'aise que dans Ariane Ă  Naxos, sans pour autant jamais pleinement convaincre.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 02/12/2006
Yannick MILLON
 



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  • Dans le domaine de la distribution opĂ©ratique comme en bien d'autres, le jeu des comparaisons peut parfois s'avĂ©rer cruel. Ainsi, si l'on repense au plateau de luxe concoctĂ© par l'OpĂ©ra de Paris en 1997 pour la première française du Chevalier Ă  la rose selon Wernicke – RenĂ©e Fleming, Susan Graham, Barbara Bonney –, la distribution fort modeste de cette reprise ne peut que laisser une impression mitigĂ©e.

    Passé un début de premier acte empêtré dans une émission instable, la Maréchale mélancolique d'Anne Schwanewilms laisse entrevoir une fragilité, une dignité portées par les plus belles intentions qui soient – ce Silberne Rose allégé à l'extrême, juste effleuré ; ces Ja, ja énoncés avec un renoncement teinté de désespoir. Seulement, dès qu'intervient un soupçon de lyrisme, on perd la voix, complètement absorbée par l'orchestre.

    Il en va de même de l'Octavian d'Anke Vondung – appelée à remplacer dans l'urgence Vesselina Kasarova –, châtié de ligne et lumineux, mais au format limité de Chérubin mozartien, qui a toutes les peines du monde à passer la rampe de Bastille. Pourtant, l'actrice connaît son Quinquin sur le bout des ongles, constamment engagée, juste d'attitude comme de geste, et impayable en Mariandel. Sophie souffre quant à elle des lacunes habituelles de Heidi Grant Murphy : timbre sans grâce et grêle comme on n'en fait plus, aigus passablement grossis, émis péniblement d'un gosier tout étriqué.

    Olaf Bär ne nous a en revanche jamais paru meilleur que dans ce Faninal en voix nettement plus percutante que son entourage. Seul rescapé de la distribution d'origine, Franz Hawlata est toujours un excellent baron Ochs, puant d'orgueil et de suffisance, au beau grave jamais forcé, qui a su s'approprier avec des moyens modestes – une projection plutôt courte, un aigu trahissant l'effort – un rôle dans lequel il est devenu incontournable.

    © Christian Leiber

    Après une Ariane étirée en des langueurs néfastes et d'interminables pianissimi nombrilistes, Philippe Jordan respecte nettement plus l'ossature dramatique du Chevalier, et développe dès les premières mesures une pâte sonore franche, un sens de la progression dramatique beaucoup plus idoine malgré une mise en place perfectible et des épisodes valsés bien crispés. Mais si certaines atmosphères chambristes sont parfaitement défendables et même excellemment réalisées, on retombe vite dans ce péché mignon de tant de jeunes chefs qui contraignent à la moindre occasion au murmure un plateau de déjà peu d'ampleur.

    Reste le luxe de la production, la mise en scène du regretté Herbert Wernicke. Sans révolutionner à aucun moment notre perception de l'ouvrage, elle suit l'intrigue de manière assez classique mais tape toujours dans le mille, constamment à cheval entre sourire et nostalgie, dans une scénographie de toute beauté – les fameux miroirs et trompe-l'œil. En Pierrot ouvrant et fermant le rideau, le personnage apparemment secondaire du petit Mohammed invite le public à se glisser dans l'action théâtrale en douceur, en introduisant une distanciation, une dimension de mise en abyme typique de l'univers de Hofmannsthal.

    Un classique de la mise en scène straussienne qui n'a pas pris une ride, servi cette année par une distribution de régime.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 02/12/2006
    Yannick MILLON

    Reprise du Chevalier à la rose de Strauss dans la mise en scène d'Herbert Wernicke, sous la direction de Philippe Jordan à l'Opéra de Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Der Rosenkavalier, comédie pour musique en trois actes (1911)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal

    Maîtrise des Hauts-de-Seine
    Choeur d'enfants de l'Opéra national de Paris
    Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Philippe Jordan
    mise en scène, décors et costumes : Herbert Wernicke
    Ă©clairages : Werner Breitenfelder
    préparation des choeurs : Peter Burian

    Avec :
    Anne Schwanewilms (la Maréchale), Franz Hawlata (le Baron Ochs), Anke Vondung (Octavian), Olaf Bär (Faninal), Heidi Grant Murphy (Sophie), Michèle Lagrange (Marianne Leitmetzerin), Ales Briscein (Valzacchi), Helene Schneiderman (Annina), Tomislav Mužek (un chanteur italien), Scott Wilde (un comissaire de police), Wilfried Gahmlich (le majordome de la Maréchale), Mihajlo Arsenski (le majordome de Faninal), Lynton Black (un notaire), Christoph Homberger (un aubergiste), Elisa Cenni (une modiste), Claire Servian, Ghislaine Roux, Carla Vero (trois nobles orphelines), Pascal Meslé (un dresseur d'animaux), Robert Catania, Gérard Noizet, Guillaume Petiot-Bellavène, Rodrigo Garcia (les quatre laquais de la Maréchale), Grzegorz Staskiewicz, Christian-Rodrigue Moungoungou, Omar Benamara, Alexandre Ekaterinski (quatre serveurs), Denis Aubry (le serviteur).

     


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