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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Belle Hélène d'Offenbach mise en scène par Mariame Clément et sous la direction de Claude Schnitzler à l'Opéra du Rhin.
Les Productions Ménélas présentent
Après en avoir subi les conséquences à travers l'épopée berliozienne, l'Opéra du Rhin revient, dans une veine plus légère, sur les causes de la guerre de la Troie avec la Belle Hélène d'Offenbach, réorchestrée avec autant de virtuosité que d'élégance par la brillantissime Mariame Clément. Une formidable réussite qui vaut le déplacement.
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Rien ne va plus à Hollywood ! Calchas n'en peut plus de réaliser à moindre coût l'Enlèvement d'Hélène, pas si superproduction des Studios Ménélas. D'autant qu'il lui faut mettre la main sur un acteur capable d'incarner un héros d'un genre nouveau, aussi spirituel que séduisant, pour mettre un frein à l'abrutissement du public. Sans se vanter de la recommandation de la Divine Garbo, à laquelle il vient de remettre, distinction suprême, la Pomme d'Or au cours de la soirée la plus sélect de l'année, Pâris remporte haut la main le casting, et décroche le rôle tant convoité, à la ville comme à l'écran, d'amant de la plus belle femme du monde.
Voilà bien une transposition qui coule de source, tant la familière distance qui nous sépare du cinéma hollywoodien des années 1930 s'apparente à cette Antiquité revue et corrigée par le Second Empire dont Offenbach fit son miel. Mais Mariame Clément, qui signe ici sa cinquième mise en scène, est assurément trop brillante pour se laisser aller à d'évidentes facilités, préférant se glisser là où l'on ne s'y attendait pas pour jouer des clichés avec une fantaisie et une finesse qui font passer le spectacle déjà mythique de Laurent Pelly pour une suite de gags de potache, mais surtout un humour délectable, nourri par un texte suffisamment proche de l'original, où s'est immiscé la griffe d'Hélène Delavault, pour que ses anachronismes irrévérencieux – succulente charade – fassent mouche à chaque réplique.
Mais nous n'en dévoilerons pas plus, afin que la surprise vous soit aussi réjouissante qu'elle le fut pour nous, jusqu'à la dernière seconde. Qu'on nous permette toutefois de dire à quel point nous avons adoré les vidéos toujours drolatiques, parfois poétiques de fettFilm, alias Momme Hinrichs et Torge Møller, et les décors et les costumes – l'extravagante garde-robe d'Hélène – au noir et blanc tout en clins d'œil de Julia Hansen qui, si Mariame Clément revendique un « kitsch élégant », n'ont – presque – rien de kitsch.
Sous la direction plus preste que scintillante de Claude Schnitzler, la distribution s'en donne à coeur joie avec un plaisir sans mélange. Condamnée à la transparence vocale par la tessiture hybride d'Oreste, Blandine Staskiewicz n'en est pas moins une actrice d'une souplesse canaille. Léœna puis Oreste pour le tandem Minkowski-Pelly, Stéphanie d'Oustrac réussit peut-être avec Hélène sa plus épatante prise de rôle à ce jour grâce à un authentique physique de star – la taille, les hanches, le dos, tout, et dieu sait que les fourreaux de soie et de mousseline soulignent – et un timbre dont le velours s'épanouit en courbe langoureuse.
Si on lui a connu davantage de facilité au Mont Ida, Yann Beuron, que son faux air de Raymond Rouleau prédestine au noir et blanc, ne tarde pas à reconquérir la fluidité de cet instrument au charme ravageur qui a fait de lui le Pâris de sa génération. Comédien hors pair, Franck Leguérinel est, en artiste frustré comme en tricheur invétéré, un Calchas d'anthologie. René Schirrer, en politicien complaisant et forcément crapuleux, Rodolphe Briand, en producteur pingre et trop crédule, mais aussi l'Achille d'Olivier Dumait, les Ajax de Roger Padullés et Carlo Aguirre complètent avec brio cette galerie de personnages irrésistibles. D'autant que tous, y compris le choeur, maîtrisent cet art de la diction claire comme de l'eau de roche qui n'a heureusement plus rien, chez les jeunes chanteurs français, d'une exception, et sans lequel Offenbach ne peut pas être lui-même.
Alors n'hésitez pas, allez, partez pour Strasbourg, Colmar ou Mulhouse, rendre grâce à la plus belle des Hellènes !
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 23/12/2006 Mehdi MAHDAVI |
| Nouvelle production de la Belle Hélène d'Offenbach mise en scène par Mariame Clément et sous la direction de Claude Schnitzler à l'Opéra du Rhin. | Jacques Offenbach (1819-1880)
La Belle Hélène, opéra-bouffe en trois actes (1864)
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Choeurs de l'Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse
direction musicale : Claude Schnitzler
mise en scène : Mariame Clément
décors et costumes : Julia Hansen
éclairages : Hervé Audibert
vidéo : fettFilm (Momme Hinrichs et Torge Møller)
Avec :
Stéphanie d'Oustrac (Hélène), Yann Beuron (Pâris), Rodolphe Briand (Ménélas), René Schirrer (Agamemnon), Blandine Staskiewicz (Oreste), Franck Leguérinel (Calchas), Olivier Dumait (Achille), Roger Padullés (Ajax I), Carlos Aguirre (Ajax II), Agnieszka Slawinska (Bacchis), Elena Bakanova (Léœna), Mayuko Yasuda (Parthœnis). | |
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