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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Peter Eötvös, avec la participation du flûtiste Emmanuel Pahud, du hautboïste François Leleux et du clarinettiste Paul Meyer à la Maison de la Radio, Paris.
Une création peut en cacher d'autres
Concert événement : solistes prestigieux – Emmanuel Pahud, Paul Meyer, François Leleux –, chef renommé, grands compositeurs – Dalbavie, Jarrell, Murail –, et au final, un concert qui confirme le talent de chacun sans apporter de vraie révélation. L'Orchestre philharmonique de Radio France, en assurant sa mission de création, se couvre en revanche de gloire.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 01/12/2006
Laurent VILAREM
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L'affiche avait de quoi faire rêver l'amateur de musique contemporaine ! En un seul et même concert, trois créations françaises de grands compositeurs français – ou francophones dans le cas de Michael Jarrell. La première, de Marc-André Dalbavie, préalablement née sous les auspices des Berliner Philarmoniker et d'Emmanuel Pahud, a été donnée en première mondiale en octobre à la Philharmonie de Berlin.
Ce Concerto pour flûte joué par un miraculeux Emmanuel Pahud n'est hélas pas la grande oeuvre attendue. Et pourtant, on reconnaît la patte du compositeur : les mélodies vibrionnantes du Concerto pour violon, les gammes par tons de Color, la course éperdue du Concerto al Suono. Bref, tout ce qui fait de lui le maître français le plus « fun » de sa génération.
Il se pourrait bien cependant, au regard de la chétivité des applaudissements parisiens et de l'importance des commandes étrangères, que Dalbavie devienne à l'export une incarnation moderne du Gallic charm, c'est-à -dire d'une musique claire, facile et brillante, à peu près inoffensive, frôlant de plus en plus la convention.
Michael Jarrell est, quant à lui, particulièrement doué pour les épisodes lents. Dans ses Sillages, réécriture sous la forme d'un triple concerto pour flûte, clarinette, hautbois et orchestre d'une pièce antérieure pour électronique, on entend – comme à l'accoutumée – de merveilleuses ténèbres ponctuées par une utilisation très raffinée de la percussion. Il ne s'agit pas d'un triple concerto habituel – les solistes, particulièrement le hautbois, paraissant en retrait – mais de jeux de timbres constamment renouvelés et intéressants – notamment entre la clarinette et la flûte. On admire le métier instrumental, mais à trop se surveiller, une certaine monotonie du discours rend cette musique assez extérieure.
Vaste paysage granitique
Terre d'ombre de Tristan Murail qui clôt ce programme est une création de plus grande ampleur par sa durée – vingt-cinq minutes – mais également par sa sonorité. Mêlant un immense orchestre à des sons électroniques, elle a pour particularité de désaccorder les vents, un quart de ton en dessous de l'orchestre. En résultent des sons véritablement inouïs, conférant aux cordes une ductilité et une finesse qui n'appartiennent qu'à leur auteur.
L'orchestre de Tristan Murail dessine un véritable territoire : ombre portée sur un vaste paysage granitique qui s'érige soudain, s'immobilise puis se dissout dans l'air. Si l'on reste saisi par l'environnement sonore, la pièce est néanmoins trop longue, et sa trajectoire indiscernable à la première écoute. On trouve néanmoins chez Murail de plus en plus d'épisodes consonants, instants de tendresse proprement bouleversants qui élargissent encore le monde de cet infatigable arpenteur de sons.
Le public et l'Orchestre philharmonique de Radio France, d'une très haute tenue pour cette dernière pièce, font un triomphe à Peter Eötvös, maître d'oeuvre de ces trois créations.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 01/12/2006 Laurent VILAREM |
| Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Peter Eötvös, avec la participation du flûtiste Emmanuel Pahud, du hautboïste François Leleux et du clarinettiste Paul Meyer à la Maison de la Radio, Paris. | Marc-André Dalbavie (*1961)
Concerto pour flûte et orchestre
Création française
Emmanuel Pahud, flûte
Michael Jarrell (*1958)
Sillages, pour flûte, hautbois, clarinette et orchestre
Création française
Emmanuel Pahud, flûte
François Leleux, hautbois
Paul Meyer, clarinette
Tristan Murail (*1947)
Terre d'ombre, pour grand orchestre et électronique
Création française
Orchestre philharmonique de Radio France
direction: Peter Eötvös | |
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