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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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RĂ©cital Chopin de Boris Berezovski Ă l'Auditorium du Louvre, Paris.
L'irrésistible ascension de Boris Berezovski
Il était apparu sur le grand circuit international voici une bonne dizaine d'années comme un virtuose hors pair passionné de technique. Le pianiste Boris Berezovski est aujourd'hui un musicien complet, fascinant, somptueux, comme en témoigne cet inoubliable récital Chopin qu'a très judicieusement programmé l'Auditorium du Louvre.
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Il avait trop proclamé lui-même à ses débuts que la technique le passionnait plus que tout. Alors, on avait trop vite catalogué ce colosse au visage d'adolescent tour à tour fatigué et farceur parmi ces produits de l'école russe pouvant aligner plus vite que quiconque les triples croches. Bien sûr, ses disques montraient aussi de vraies qualités d'analyse et de sensibilité, mais c'est vraiment ces derniers temps, à l'approche de la quarantaine – il est né en 1969 – que Boris Berezovski a dévoilé totalement l'ampleur de sa personnalité. Cette série de magnifiques concerts consacrés au « dernier oeuvre » à l'Auditorium du Louvre restera à cet égard gravée dans les mémoires.
Témoin, ce récital Chopin concis, une heure tout juste, mais d'une intensité émotionnelle bouleversante, d'une force expressive foudroyante. Rien de trop, mais tout ce qu'il fallait pour rendre très précisément justice à des pages bien différentes. Le 1er scherzo, brillant, virtuose en diable, se déroule avec la fluidité du violon, tant les doigts sont rapides sans que les notes se confondent. Jamais le piano n'a été aussi loin de l'idée de percussion et aussi proche des instruments à archets.
Une apporhce assez phénoménale, d'autant que cette technique invraisemblable n'empêche pas la musicalité ni mille trouvailles de nuances et d'accentuation. Changement de climat avec la Barcarolle en fa# majeur op. 60, aux sonorités tranquilles et amples, généreuses, riches. Aucune précipitation non plus dans la Polonaise en lab majeur op. 61, vigoureuse et vaillante sans triomphalisme, largement développée, bien ancrée dans ses rythmes.
Et puis, une incroyable Sonate en si mineur, attaquée et maintenue dans un tempo maîtrisé, avec juste à nouveau cette fabuleuse fluidité pour le début et la conclusion du Scherzo. Même le Finale, où tant de pianistes se laissent emporter dans des chevauchées excessives, joue la profondeur du son, le contraste des couleurs, le jeu des sonorités qui résonnent parfois comme mille cloches sublimes. Quant au Largo, il est traité avec une qualité de phrasé à tirer des larmes aux plus blasés.
Dans l'un des programmes de musique de chambre proposés avec ses amis, on pouvait aussi retrouver le pianiste trois jours plus tard tout aussi présent dans le 2e trio de Mendelssohn et dans le Trio en la mineur de Tchaïkovski. Encore des moments de vraie jubilation musicale, avec Dmitri Makhtin au violon et Alexander Kniazev au violoncelle. Même enthousiasme, même engagement et même irrésistible qualité sonore chez les trois interprètes en parfaite osmose sans que le personnalité de chacun en pâtisse, ce qui n‘est pas si facile à réaliser avec des artistes de cette dimension.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 12/01/2007 GĂ©rard MANNONI |
| RĂ©cital Chopin de Boris Berezovski Ă l'Auditorium du Louvre, Paris. | Chopin
Boris Berezovski, piano | |
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