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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de la Périchole d'Offenbach dans la mise en scène de Jérôme Savary à l'Opéra-Comique, Paris.
Savary's folies
L'opérette est décidément tendance. Après le piètre Chanteur de Mexico et un discutable Candide au Châtelet, revoici la délirante Périchole de Savary. Présentée en 2000, elle aurait, aux dires du maître des lieux, sauvé l'Opéra-Comique de la faillite. Offenbach semble à nouveau parti pour le succès si on en juge par l'applaudimètre de la première.
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L'opérette d'Offenbach la Périchole, sous-titrée « la chanteuse et le dictateur » est une adaptation très libre, fantasque, anti-conformiste, débridée et sans autre prétention que d'amuser. Elle est signée par un Jérôme Savary qui démontre que le Grand Magic Circus, quarante ans après, n'est pas mort. Pas de relecture cinématographique ou vidéo tellement à la mode aujourd'hui. Savary utilise le bon vieux carton-pâte, un grand escalier style Folies Bergère et situe l'action dans une dictature sud-américaine de fantaisie.
Le Caudillo (Patrick Rocca) ressemble à un Hitler matiné de Charlot et de Groucho Marx. Piquillo, le chanteur des rues, est une copie conforme d'Elvis. Le rock, le jazz, et même le rap se mêlent en un détonnant pot-pourri à la partition d'Offenbach. Malgré le dynamisme de Gérard Daguerre – auteur de ce melting pot –, l'orchestre, formé, dit-on, de musiciens venus de bonnes formations parisiennes et baptisé le « Poco », est en effet bien peu de chose. La Périchole (Marie-Stéphane Bernard) a une voix charmante mais assez mal placée que la sonorisation, trop forte, n'embellit guère. Une interprète en revanche brûle les planches, Sabine Jeangeorges, épatante aussi bien vocalement que scéniquement en Guadalena, la première des trois cousines.
Malgré certains défauts, voici un divertissement plus music-hall et cabaret qu'opérette, mais où du moins il se passe quelque chose. On sent frémir la magie d'un spectacle avec des ensembles parfaitement rodés, des danseuses de cancan époustouflantes et un enthousiasme communicatif. On sent la patte d'un metteur en scène qui sait faire bouger et vivre ses interprètes à un rythme d'enfer. Pour sa dernière saison au Comique, Savary poursuit son festival de succès.
Le prochain spectacle en avril sera une autre reprise, celle de Joséphine. L'hommage à Josephine Baker sur fond d'inondations en Louisiane est certainement l'une des plus poétiques évocations qu'ait inventées Savary. Le final, l'été venu, devrait avoir les couleurs de Carmen. Pas une Carmen habituelle, mais Carmen 2 : Savary a imaginé une suite à l'histoire de la cigarière qui, raconte-t-il, a feint d'être poignardée par Don José et poursuit en réalité une nouvelle existence... encore plus rocambolesque, sur la musique authentique et sans adaptation de Bizet. Une manière rigolote de célébrer, dans la salle où il fut créé voilà cent trente-deux ans, l'opéra le plus joué au monde.
Dans les belles sixties, il était bon de répéter que l'imagination était au pouvoir. Savary en déborde, toujours accompagné par un public qui a vécu les mêmes enthousiasmes humoristiques que lui. Après le départ de Savary, que deviendra l'an prochain ce public qui a redonné vie à la salle Favart et au quartier ?
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 27/01/2007 Nicole DUAULT |
| Reprise de la Périchole d'Offenbach dans la mise en scène de Jérôme Savary à l'Opéra-Comique, Paris. | Jacques Offenbach (1819-1880)
La Périchole, ou la chanteuse et le dictateur, opéra-bouffe en trois actes (1874)
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy d'après Prosper Mérimée
Adaptation de JĂ©rĂ´me Savary et GĂ©rard Daguerre
Orchestre Poco
direction : GĂ©rard Daguerre
mise en scène et décors : Jérôme Savary
costumes : Michel Dussarrat
Avec :
Marie-Stéphane Bernard (la Périchole), Martial Defontaine (Piquillo), Patrick Rocca (Don Andrès), Frédéric Longbois (Panatellas), Denis Brandon (Don Pedro), Sabine Jeangeorges (Guadalena), Nina Savary (Berginella), Ariane Pirie (Mastrilla). | |
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