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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production d'Eugène Onéguine de Tchaïkovski mise en scène par Peter Stein et sous la direction de Kirill Petrenko à l'Opéra de Lyon.
En attendant Moscou
Deuxième volet d'une trilogie consacrée sur plusieurs saisons à Peter Stein et Tchaïkovski, cet Eugène Onéguine lyonnais confirme l'incontestable excellence d'une équipe musicale quasi russe. Peter Stein parachève l'ensemble avec beaucoup de psychologie et une belle maîtrise de l'espace scénique. Une grande réussite.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Comme la saison passée dans Mazeppa, l'équipe musicale menée par Kirill Petrenko ne fait qu'une bouchée d'Eugène Onéguine. Les femmes sont idéales, de la fraîcheur raffinée de la Tatiana d'Olga Mykytenko, toujours rêveuse, passionnée et dramatique, au timbre plus éraillé et rustique de la nourrice de Margarita Nekrasova. Elena Maximova est une Olga tout en abîme vocal, dans la grande lignée des altos russes. Hasard de la scène ou choix judicieux du metteur en scène, le physique des deux soeurs Larina est on ne peut plus opposé : Olga est une blonde pulpeuse à la beauté imposante dont elle abuse avec légèreté ; Tatiana une brune aux charmes moins clinquants, au visage angélique dont émane une beauté secrète révélant un monde intérieur plus riche.
La distribution masculine apparaît plus hétérogène, dominée au premier chef par le Lenski presque méditerranéen de Marius Brenciu, remplaçant au pied levé Edgaras Montvidas. Le ténor roumain, après un premier acte plutôt terne, vole vers une ligne vocale aussi brillante que sensible, dans une incarnation dramatique parfaitement crédible. Le Monsieur Triquet de Christophe Mortagne est délicieux, avec un russe à l'accent français et une voix de fausset bienvenus. Le Prince Grémine de Michail Schelomianski suscite quelques réserves devant son timbre barytonnant frisant le contre-emploi, mais finit par s'imposer sans ambages. Seul Wojtek Drabowicz – fatigue d'un soir ? – s'avère un Onéguine décevant et pâle, manquant de relief et de virilité.
On connaît l'importance des choeurs dans l'opéra russe depuis Glinka : ceux l'Opéra de Lyon s'imposent à merveille par leur acuité scénique, leur diction irréprochable et leur masse sonore à la fois souple et puissante. Après des sommets remarqués dans Wagner, même adéquation avec le répertoire russe.
Le jeune Kirill Petrenko dirige l'ensemble d'une main inflexible, fort respectueux de la lettre et toujours avec un sens inné de la spontanéité, dans un compromis équilibré entre une intensité exacerbée et le respect d'une écriture éminemment chambriste. L'orchestre de l'Opéra de Lyon, hormis un cor désespérément chaotique, sonne au mieux de ses moyens et quelques solos, comme celui du violoncelle, ressortent avec une grande beauté.
De surcroît, Peter Stein emporte cette fois littéralement l'adhésion par la pertinence psychologique et la simplicité de sa réalisation. À un beau travail sur la scénographie s'ajoutent une structuration intelligente de l'espace et une gestuelle procédant par leitmotiv – Tatiana se présente systématiquement au I tête baissée devant Onéguine, par timidité ou par humiliation.
Cette nouvelle production a décidément tout pour séduire, de l'authenticité musicale à l'intelligence scénique ; on attend impatiemment la Dame de Pique la saison prochaine et si on regrette un rôle-titre un peu fade, on se demande déjà si les Russes du Bolchoï feront mieux dans les prochains jours...
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Opéra national, Lyon Le 27/01/2007 Benjamin GRENARD |
| Nouvelle production d'Eugène Onéguine de Tchaïkovski mise en scène par Peter Stein et sous la direction de Kirill Petrenko à l'Opéra de Lyon. | Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893)
Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes et sept tableaux (1879)
Livret intégral de Tchaïkovski et Chilovski d'après le poème d'Alexandre Pouchkine
Choeurs et Orchestre de l'Opéra de Lyon
direction : Kirill Petrenko
mise en scène : Peter Stein
décors : Ferdinand Wögerbauer
costumes : Anna Maria Heinrich
éclairages : Duane Schuler / Japhy Weideman
chorégraphie : Lynne Hockney
préparation des des choeurs : Alan Woodbridge
Avec :
Wojtek Drabowicz (Eugène Onéguine), Olga Mykytenko (Tatiana), Marius Brenciu (Lenski), Elena Maximova (Olga), Michail Schelomianski (Prince Grémine), Stefania Toczyska (Madame Larina), Margarita Nekrasova (Filipievna la nourrice), Christophe Mortagne (Monsieur Triquet), Jérôme Varnier (Zaretski), Paolo Stupenengo (Un capitaine), Jérôme Avenas (Un paysan). | |
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