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CRITIQUES DE CONCERTS 22 décembre 2024

Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle à la salle Pleyel, Paris.

La fête des cordes
© Emi Classics

Expérience grisante que ce second concert des Berliner et Rattle à la salle Pleyel où triomphent les cordes prodigieuses de la formation allemande. Entre une 7e symphonie de Dvořák puissamment expressive et une Sinfonietta de Janáček d'un éclat continu, une véritable fête symphonique que vient seulement ternir la création française de Tevót de Thomas Adès.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 05/03/2007
Yannick MILLON
 



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  • Après une Résurrection de Mahler à couper le souffle, les Berliner Philharmoniker et Simon Rattle offraient aux Parisiens pour leur grand retour un second concert, au programme nettement moins vendeur mais superbement pensé, pour une nouvelle soirée symphonique d'exception.

    On en oubliera d'autant plus vite la création de Tevót – pluriel d'un terme hébreu polysémique – de Thomas Adès, exercice faible d'un jeune homme d'ordinaire très doué dans le maniement des timbres mais qui se perd ici dans une écriture constamment chargée, dans une orchestration épaisse et clinquante – les sempiternels claviers, les déferlements prévisibles de suraigus –, et des motifs pseudo polarisés, qui, répétés à l'infini en départs décalés par dessus une mesure à trois temps, ni jamais vraiment identiques ni jamais vraiment différents, passent leur temps à se mordre la queue.

    La Sinfonietta de Janáček qui suit est en revanche un éblouissement permanent. Plus à l'aise que dans toute autre pièce présentée durant les deux soirées, Sir Simon réussit ici la quadrature du cercle : intense vigueur rythmique, swing admirable des mélodies populaires, contrastes marqués entre les textures, les nuances et les atmosphères, et surtout ce sentiment de jeunesse, de fougue de l'énergie créatrice – si épatante chez un compositeur largement septuagénaire –, cette rage de vivre, cette pugnacité même dans la plus grande mélancolie qui sont la marque de fabrique de l'auteur de Jenůfa. Et qu'on ne s'y trompe pas, si la fanfare introductive est d'abord teintée d'une nonchalance assumée par un geste tout en rondeur, l'éclat des cuivres ne tarde pas.

    En première partie, Rattle conduisait une 7e symphonie de Dvořák au rubato subtil, peu slave – Scherzo –, largement marquée du sceau brahmsien – l'ampleur de l'Allegro maestoso initial –, puissamment lyrique et d'un souffle quasi épique – Finale – reposant essentiellement sur les cordes, tantôt immatérielles et confinées dans le pianissimo le plus ténu, tantôt chargées d'une densité et d'une vitesse d'archet phénoménales.

    Et même si l'on peine en maint endroit de la partition à déceler une raison organique ou structurelle à certaines options interprétatives – une constante avec Rattle –, même si après l'entracte le chef britannique a tendance à user des décibels de manière inconsidérée dans une acoustique qui le supporte mal et que l'écrasante mécanique des Berliner demeure loin de la subtilité colorée des moins infaillibles Wiener, la prestation reste confondante, digne de la légende de cet implacable rouleau compresseur orchestral, dans ce qui restera avant tout une grande fête des cordes. Le geste d'impatience du Konzertmeister Guy Braunstein, pressé de regagner la coulisse au terme de seulement deux rappels, n'en paraît que plus déplacé.

    La saison prochaine, l'orchestre fera une nouvelle apparition à Pleyel pour fêter le centenaire de la naissance de Karajan, avec Seiji Ozawa et Anne-Sophie Mutter. Encore une grande soirée symphonique en perspective !




    Salle Pleyel, Paris
    Le 05/03/2007
    Yannick MILLON

    Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle à la salle Pleyel, Paris.
    Antonín Dvořák (1841-1904)
    Symphonie n° 7 en ré mineur, op. 70 (1885)

    Thomas Adès (*1971)
    Tevót, pour grand orchestre (2006)
    Création française

    Leoš Janáček (1854-1928)
    Sinfonietta, op. 60 (1926)

    Berliner Philharmoniker
    direction : Sir Simon Rattle

     


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