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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Falstaff de Verdi mise en scène par Gilles Bouillon et sous la direction de Jean-Yves Ossonce au Grand Théâtre de Tours.

Le printemps de Sir John

Franck Leguérinel (Falstaff)

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Jean-Yves Ossonce s'est de nouveau associé à Gilles Bouillon, metteur en scène pour ainsi dire en titre du Grand Théâtre de Tours, pour un Falstaff débordant de vie et de couleurs, subtilement dominé par les premiers pas de Franck Leguérinel dans la version originale, après sa prise de rôle en français au Festival de Saint-Céré.
 

Grand Théâtre, Tours
Le 16/03/2007
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Une pelouse sur laquelle est posĂ©e un plateau de bois percĂ© de trappes, c'est un Falstaff de pur théâtre, shakespearien en somme, que propose Gilles Bouillon sur la scène du Grand Théâtre de Tours. Le vecchio John n'est-il pas un acteur qui, dans sa loge plus qu'une auberge, se mire dans ses souvenirs, sveltesse Ă  jamais enfuie du petit page du Duc de Norfolk ? Mais n'a-t-il pas belle allure encore lorsque, en guĂŞtres et habit blanc, il part triomphant Ă  la conquĂŞte de la belle Alice ! On ne lui en voudra donc certainement pas de s'imaginer – « s'illusionner Â» Ă©crivent le metteur en scène et son dramaturge Bernard Pico dans leur note d'intentions – grand sĂ©ducteur, tant son charme opère toujours.

    Transposées dans les années 1950, nos joyeuses commères de Windsor ont d'ailleurs beau jeu de le railler, elles qui font un peu province – osons le mot –, avec leurs robes à fleurs de toile cirée, et Ford même, recouverts de carreaux verts et jaunes de la tête aux pieds, presque une caricature. Sir John est définitivement au-dessus de ces petites gens, et consent malgré lui, mais de tous ses talents, à les divertir, lui qui, de la cour, seul connaît les usages.

    Printanière, verdoyante, acidulée, la production de Gilles Bouillon déborde de vie et d'invention, ne se perd jamais dans les redoutables ensembles, ne négligeant aucune réplique, ni aucun personnage, exemplaire en somme de ce qu'un homme de théâtre attentif au texte et à la musique peut faire avec peu de moyens, jusqu'à la poésie pure d'un dernier tableau peuplé d'elfes blancs, authentique songe d'une nuit d'été.

    À l'unisson de son fidèle collaborateur, Jean-Yves Ossonce fait jaillir avec autant d'esprit que de délicatesse ces clins d'œil dont Verdi a truffé son ultime opéra. Un rien prosaïque lorsque la texture devrait s'alléger, s'iriser, l'Orchestre Symphonique Région Centre-Tours répond à cette baguette trépidante avec une saine jubilation, sans doute un peu trop manifeste dès lors que les loges latérales, où officient les cuivres, résonnent avec ostentation, au risque de mettre en péril l'équilibre entre la fosse et un plateau que Falstaff domine, comme il se doit.

    Un Pancione de grande classe

    Sans rien de singulier dans le timbre, pourtant, Franck Leguérinel s'impose comme un Pancione de grande classe, fin diseur et excellent chanteur, baryton aux souples rondeurs, d'une faconde jamais ridicule, souvent émouvante même. Port altier, mais sourire malicieux, Maria Rey-Joly est une Alice à la couleur élégante et corsée, mais insuffisamment ductile, tandis que le Ford d'Evgueniy Alexiev se révèle plus raide d'émission, typiquement slave, que de caractère, en dépit d'aigus insolents.

    Alors qu'elle pourrait s'affranchir d'une certaine tradition – Gilles Bouillon ne l'encourage-t-il pas à jouer de la finesse de ses appâts face à Falstaff –, la Mistress Quickly naturellement peu matrone de Svetlana Lifar n'en préfère pas moins enrober une voix qu'on imagine plus jeune et claire pour parvenir à ses fins, non sans efficacité. Merveilleusement filée dans l'aigu, la voix d'Amira Selim s'encombre dans la nuance forte d'un métal qui peut compromettre le charme de sa Nannetta, d'autant que le Fenton de Sébastien Droy, dont le timbre demande encore à s'épanouir, n'est que juvénile fluidité.

    Trognes et silhouettes plutôt que voix – jusqu'à la quasi-absence chez le Pistola de Jean-Louis Mélet –, Catherine Dune, Léonard Pezzino et Antoine Normand achèvent de souder une équipe qui s'amuse autant qu'un public absolument conquis – Falstaff serait-il encore lui-même s'il en était autrement ?




    Grand Théâtre, Tours
    Le 16/03/2007
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production de Falstaff de Verdi mise en scène par Gilles Bouillon et sous la direction de Jean-Yves Ossonce au Grand Théâtre de Tours.
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Falstaff, opéra en 3 actes (1893)
    Livret d'Arrigo Boito, d'après Shakespeare

    Choeurs de l'Opéra de Tours
    Orchestre Symphonique RĂ©gion Centre-Tours
    direction : Jean-Yves Ossonce
    mise en scène : Gilles Bouillon
    décors : Nathalie Holt
    costumes : Marc Anselmi
    Ă©clairages : Michel Theuil
    dramaturgie : Bernard Pico

    Avec :
    Franck Leguérinel (Falstaff), Evgueniy Alexiev (Ford), Maria Rey-Joly (Mrs Alice Ford), Svetlana Lifar (Mrs Quickly), Catherine Dune (Mrs Meg Page), Amira Selim (Nannetta), Sébastien Droy (Fenton), Léonard Pezzino (Dr Caïus), Antoine Normand (Bardolfo), Jean-Louis Mélet (Pistola).

     


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