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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Missa solemnis de Beethoven sous la direction de Bernard Haitink Ă la Philharmonie de Berlin.
Missa non satisfecit
Grand serviteur de Brahms, Bruckner et Beethoven, Bernard Haitink était très attendu à Berlin pour une Missa solemnis avec les Philharmoniker qu'on imaginait de très haut niveau. Et pourtant, le chef comme l'orchestre apparaissent ce soir en bien petite forme. Entre imprécisions et absence de véritable vision globale, une exécution bien décevante.
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Quand Bernard Haitink fait le déplacement dans la capitale allemande pour diriger l'Orchestre philharmonique de Berlin, le public est presque d'assuré de vivre une soirée d'exception. Invité régulier depuis 1964, le Néerlandais, qui vient de célébrer son soixante-dix-huitième anniversaire, compte parmi les plus grands chefs de notre époque et a souvent dirigé des concerts mémorables à la Philharmonie, pas plus tard qu'en janvier – une magnifique 2e symphonie de Brahms. Néanmoins, on a souvent l'impression que le public berlinois ne capte pas toujours la grandeur et la maîtrise de ce chef, ses applaudissements étant souvent juste polis, et toujours moins enthousiastes que lors des concerts de Rattle ou Barenboïm, chouchous du public.
Mais cette fois, les applaudissements très courts se veulent le juste reflet d'une exécution guère palpitante. Dès l'entrée des trompettes, très tangente au début du Kyrie, on ressent un certain malaise, que confirmeront de multiples imprécisions, aux cuivres essentiellement – les trompettes encore à la fin du Gloria, les trombones au début du Credo. Plus inhabituel encore, un gros décalage entre le choeur et l'orchestre dans le Benedictus, comme si la gestique limpide et élégante de Haitink avait fait preuve d'imprécision.
Mais bien plus encore que la lettre manque ce soir l'esprit, l'ancien patron du Concertgebouw donnant une impression de confusion, de ne trouver ni le style, ni l'énergie rythmique requis. Évidemment, avec pareilles forces musicales, la magie opère tout de même à certaines entournures, et notamment dans le calme des transitions du Gloria et du Sanctus, ou dans les soli de flûte d'Emmanuel Pahud et de violon du Konzertmeister Guy Braunstein, ces derniers très féminins de touche et légers.
Des solistes jamais renversants
Au niveau du chant, bon plateau de solistes, jamais renversant. Luba Orgonášová, d'émission toujours aussi soignée, manque d'engagement dramatique – Pleni sunt coeli ; Ekaterina Gubanova projette admirablement, avec un magnifique grain, sombre et chaud à la fois ; Tomislav Mužek donne parfois l'impression de forcer, et la basse volumineuse et noire de Kwangchul Youn chante comme de coutume trop dans la gorge.
Le Rundfunkchor de Berlin, préparé par Simon Halsey, fait montre de sa classe habituelle, avec une sonorité pleine et homogène et surtout un pupitre de sopranos de la plus belle qualité. On aurait cependant aimé parfois plus de clarté – le brouillard des fugues – et de volume – un Cujus regni coincé derrière le mur orchestral. Mais ces limites semblent surtout être le fait du chef, jamais engagé sur une voie précise entre dégraissage et somptuosité symphonique.
Chichement applaudi, Haitink ne rayonne d'ailleurs pas de bonheur, sans doute lui-même pas très satisfait du résultat. Le départ toujours aussi pressé de Guy Braunstein scelle définitivement le sort d'une soirée dont on pouvait pressentir dès la première attaque qu'elle serait décevante.
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Philharmonie, Berlin Le 15/03/2007 Hermann GRAMPP |
| Missa solemnis de Beethoven sous la direction de Bernard Haitink Ă la Philharmonie de Berlin. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Missa solemnis op. 123 (1824)
Luba Orgonášová, soprano
Ekaterina Gubanova, alto
Tomislav Mužek, ténor
Kwangchul Youn, basse
Rundfunkchor Berlin
direction : Simon Halsey
Berliner Philharmoniker
direction : Bernard Haitink | |
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