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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Michel Plasson, avec la participation de l'organiste Thierry Escaich à la salle Pleyel, Paris.
Demi-teintes
Prestation en demi-teintes de l'Orchestre de Paris sous la baguette de Michel Plasson, le chef français ne parvenant à embraser ni la Valse, ni la 3e symphonie de Saint-Saëns, ni les plus secrets Shadows of Time de Dutilleux. Un concert où l'orchestre brille au prix de quelques imprécisions.
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Hommage au réalisme poétique
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Il est des concerts de qualité dont on ressort pourtant avec une impression mitigée : excellent orchestre, chef renommé, programme alléchant, mais pourtant, certains soirs, rien à faire, la sauce ne prend pas. Assez rare dans les salles, la Symphonie avec orgue de Camille Saint-Saëns promettait pourtant d'ébranler les balcons de la nouvelle salle Pleyel, tant elle déploie un orchestre gigantesque que les sonorités de l'orgue viennent encore renforcer.
La lecture de Michel Plasson se révèle étonnamment peu spectaculaire, tandis que l'orgue – électronique – de Thierry Escaich dispense un certain raffinement, au milieu de tempi plutôt allants mais ne parvenant jamais à enflammer le discours – le Finale. L'Orchestre de Paris fait montre de belles qualités individuelles, mais les tutti, souvent précipités, ne trouvent une cohésion et un souffle poétique que dans un Adagio du plus bel effet.
Viennent ensuite The Shadows of time d'Henri Dutilleux, pièce de 1997 semblant avoir trouvé sa place dans le répertoire au même titre que les précédentes pages symphoniques du génial nonagénaire. Devenue célèbre en faisant appel à un choeur d'enfants en hommage à Anne Frank et aux enfants victimes de la guerre, l'oeuvre affiche notamment un Interlude où le compositeur amorce une audacieuse étude sonore, avec des techniques instrumentales dérivant tout droit de la musique spectrale. Reste que tant de parcimonie et de retenue peuvent être perçues comme de la tiédeur, voire de l'académisme.
L'épisode terminal Dominante bleue ? est à cet égard révélateur : on y retrouve aux cordes une mélodie proche de celles des concertos pour violon et pour violoncelle mais comme assourdie, comme étouffée par les ombres qui la hantent. Attachants, ces Shadows of time méritent un chef enflammé ; Plasson curieusement ne réussit pas à faire sonner l'orchestre admirablement clair de Dutilleux et l'Orchestre de Paris se perd parfois dans ces Vagues de lumière.
Il en va de même de la Valse de Ravel qui conclut le concert, au tempo à nouveau relativement enlevé, mais dont le fracas, le tourbillon fantastique et fatal laissent ce soir un peu sceptique, en raison d'interprètes trop rarement transcendés, qui auraient pu se livrer nettement plus.
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Salle Pleyel, Paris Le 22/03/2007 Laurent VILAREM |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Michel Plasson, avec la participation de l'organiste Thierry Escaich à la salle Pleyel, Paris. | Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Symphonie n° 3 avec orgue en ut mineur op. 78
Thierry Escaich, orgue
Henri Dutilleux (*1916)
The shadows of time
Solistes de la Maîtrise de Paris
Maurice Ravel (1875-1937)
La Valse
Orchestre de Paris
direction: Michel Plasson | |
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