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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Édition 2007 du Jardin des Voix à la Cité de la Musique, Paris.

Un bouquet sans parfum
© Ana Bloom / Virgin Classics

Était-ce le trop grand nombre de lauréats, la monochromie du programme, le manque de naturel de la mise en espace, ou l'absence de fortes personnalités ? Quoi qu'il en soit, la troisième édition du Jardin des Voix, l'académie des Arts Florissants pour les jeunes chanteurs, n'exhalait pas le doux parfum de découverte des précédentes éditions.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 11/03/2007
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Sept lors de la prĂ©cĂ©dente Ă©dition, les laurĂ©ats du Jardin des Voix 2007 sont dix, et l'Ă©quilibre des allĂ©es dĂ©broussaillĂ©es par William Christie et Kenneth Weiss s'en trouve bouleversĂ©. Sans doute l'exercice tombe-t-il dans le piège, si habilement contournĂ© en 2005, du dĂ©filĂ© sans faux pli d'Ă©lèves consciencieux, d'ailleurs très inĂ©galement servis. En se refusant Ă  quitter les rivages de l'Italie, le programme ouvre en effet de moindres perspectives stylistiques, et empĂŞche certains talents d'Ă©clore, d'autant que la mise en espace d'Elsa Rooke, succĂ©dant Ă  Vincent Boussard, autrement plus inventif, estival, rĂ©vĂ©lateur de tempĂ©raments, achève de guinder l'ensemble plutĂ´t que de le libĂ©rer.

    Il n'en est pas moins vrai que le bouquet réuni, aussi frais soit-il, manque singulièrement de parfum. Car si Jonathan Sells, basse typiquement anglaise – naturellement creuse donc, mais sans éclat – y fait figure de mauvaise herbe, quasiment aucune fleur n'embaume suffisamment pour attirer durablement l'oreille.

    Le ténor Juan Sancho, pourtant, éveille plus que la curiosité, couleur ombrée, idéalement latine pour Monteverdi, et agilité exubérante. Il n'aura malheureusement pas une seule occasion de briller seul, puisque le canadien Pascal Charbonneau, qui se fait, plus policé peut-être, mais sans ardeur véritable, son timide écho dans le duo Mentre vaga augioletta, extrait du VIIIe livre de madrigaux de Monteverdi, se taille la part du lion. Quant au Possente Spirto d'Orfeo, le ténor aux clairs reflets de haute-contre à la française de Nicholas Watts y apparaît, en expression comme en virtuosité, largement surexposé.

    Interprète inspirée, lumineuse et charnelle de la Musica, Claire Meghnagi ne passe pas l'épreuve de Haendel avec le même succès, son intonation la trahissant dans la vocalise. Elle n'en domine pas moins l'ultime duo d'Arminio, où le contre-ténor Michal Czerniawski ne se montre guère moins inoffensif que dans les entrelacs du duo final du Couronnement de Poppée. Omniprésente, Sonya Yoncheva déploie une voix de lumière corsée, un tempérament certain, une exquise musicalité, idéalement mise en valeur dans la section lente de M'hai resa infelice, extrait de Deidamia, mais disparaît littéralement dès que l'orchestre haendélien s'étoffe.

    Voix sans rondeur, Laura Hynes Smith n'a pour briller que son suraigu, dans un air faire-valoir de Piccinni, tandis que le soprano à peine sorti de l'enfance de Francesca Boncompagni parvient à indifférer dans le Lamento della Ninfa. Enfin, la mezzo Amaya Dominguez fait figure de cinquième roue du carrosse, sacrifiée au concerto pour clavecin avec voix obligé qu'est le Vo' far guerra d'Armida – rôle clairement destiné à un soprano –, extrait de Rinaldo de Haendel.

    Et puisque les ensembles même ne retrouvent pas cette délicatesse fusionnelle qui rendait la promotion précédente si attachante, malgré des voix pour la plupart moins achevées et de ce fait moins oubliables, bien qu'elles n'aient pas toutes – encore – tenu leurs promesses, il ne reste plus qu'à savourer la poésie retrouvée des Arts Florissants, aux teintes moins agressives que ces derniers mois, et le regard attendri que pose William Christie dès que la basse continue prend le relais de son bras, sur ses jeunes pousses, dont certaines, riches d'un tel adoubement, ne manqueront pas de former l'élite baroque de demain.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 11/03/2007
    Mehdi MAHDAVI

    Édition 2007 du Jardin des Voix à la Cité de la Musique, Paris.
    ÂŚuvres de Claudio Monteverdi, Biagio Marini, Giacomo Carissimi, Francesco Cavalli, Georg Friedrich Haendel, NiccolĂł Piccinni et Joseph Haydn.

    Les Arts Florissants
    Sonya Yoncheva, Francesca Boncompagni, Claire Meghnagi, Laura Hynes Smith, sopranos
    Amaya Dominguez, mezzo-soprano
    Michal Czerniawski, contre-ténor
    Nicholas Watts, Juan Sancho, Pascal Charbonneau, ténors
    Jonathan Sells, basse

    direction : William Christie
    mise en espace : Elsa Rooke

     


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