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CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Passion selon St-Jean de Bach dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre du Châtelet, Paris.

Bach sans passion
© Marie-NoĂ«lle Robert

Une musique parmi les plus fondamentales, un metteur en scène au métier largement prouvé, une chorégraphe de renom, une chef à la pointe de la mode : tout cela n'engendre malheureusement pas une production chef-d'oeuvre. Autant de qualités engluées dans la rigidité, la froideur et l'approximation pour une Saint Jean de Bach tout à fait dépassionnée.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 30/03/2007
Nicole DUAULT
 



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  • Dès le lever de rideau, on s'interroge. Que vient faire ce vautour sur cet arbre mort alors que l'emblème de saint Jean est un aigle ? Cela signifie-t-il la folie et l'acharnement qui dĂ©vorent les hommes ? On n'en saura pas plus sur cette Ă©nigme en regardant dĂ©filer cette la passion du Christ devant nous en images magnifiques mais sans signification. Qu'apporte par exemple la silhouette blonde et dĂ©charnĂ©e de Lucinda Childs traversant bras Ă©tendus la scène ? Ni illustratrive ni symbolique, la mise en scène de Bob Wilson reste belle comme un livre d'images sur papier glacĂ©.

    On peste, car voilĂ  rĂ©duite Ă  une fade BD la plus poignante histoire de l'humanitĂ©, celle qui fonde les origines de notre civilisation chrĂ©tienne. Certes, on ne demandait pas Ă  Wilson de se prendre pour un thĂ©ologien. Mais un exemple : quand Pilate demande Ă  JĂ©sus: « Qu'est-ce que la vĂ©ritĂ© ? Â» et que le Christ ne rĂ©pond pas, il faudrait que la scĂ©nographie tente de donner du sens Ă  cette non-rĂ©ponse sur laquelle s'interrogent encore aujourd'hui tous les penseurs. Car ce soir, elle passe comme une lettre Ă  la poste, en toute insignifiance. Aucune rĂ©flexion, aucune vraie idĂ©e, aucun parti-pris dans cette Passion qui devient un spectacle banal avec tous les tics du metteur en scène amĂ©ricain.

    © Marie-Noëlle Robert

    On cherche alors une quelconque dramaturgie auprès de l'orchestre. Inutile, Emmanuelle Haïm dirige les souffrances de notre Seigneur comme un ruisseau limpide à l'orchestre, occasionnant par ailleurs un hiatus avec des choeurs épais, imposants et trop vibrés. Sa St-Jean avance, lisse, convenable, bcbg, sans aspérités, avec par contre quelques embrouillamini en début de représentation, un certain flou en guise de rigueur. Des approximations rapidement reprises en main par la chef du Concert d'Astrée. Approximatif également, le contre-ténor Andreas Scholl, qu'on a connu jadis dans une bien meilleure forme. La distribution est en revanche dominée par l'Evangéliste du jeune ténor slovaque Pavol Breslik. Lui seul vient donner ce qui manque le plus à cette production : l'intensité, le drame, l'émotion.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 30/03/2007
    Nicole DUAULT

    Passion selon St-Jean de Bach dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre du Châtelet, Paris.
    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Johannespassion (1723)

    Luca Pisaroni (JĂ©sus)
    Pavol Breslik (l'Évangéliste)
    Emma Bell (soprano)
    Andreas Scholl (alto)
    Finnur Bjarnason (ténor)
    Christian Gerhaher (basse)
    Simon Kirkbride (Pilate)
    Benoît Maréchal (Jean)
    Lucinda Childs (chorégraphie)

    Choeur et Orchestre du Concert d'Astrée
    direction : Emmanuelle HaĂŻm
    mise en scène, décors et éclairages : Robert Wilson
    costumes : Frida Parmeggiani
    préparation des choeurs : Denis Comtet
    chorégraphie : Lucinda Childs

     


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