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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Passion selon St-Jean de Bach dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre du Châtelet, Paris.
Bach sans passion
Une musique parmi les plus fondamentales, un metteur en scène au métier largement prouvé, une chorégraphe de renom, une chef à la pointe de la mode : tout cela n'engendre malheureusement pas une production chef-d'oeuvre. Autant de qualités engluées dans la rigidité, la froideur et l'approximation pour une Saint Jean de Bach tout à fait dépassionnée.
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Dès le lever de rideau, on s'interroge. Que vient faire ce vautour sur cet arbre mort alors que l'emblème de saint Jean est un aigle ? Cela signifie-t-il la folie et l'acharnement qui dévorent les hommes ? On n'en saura pas plus sur cette énigme en regardant défiler cette la passion du Christ devant nous en images magnifiques mais sans signification. Qu'apporte par exemple la silhouette blonde et décharnée de Lucinda Childs traversant bras étendus la scène ? Ni illustratrive ni symbolique, la mise en scène de Bob Wilson reste belle comme un livre d'images sur papier glacé.
On peste, car voilà réduite à une fade BD la plus poignante histoire de l'humanité, celle qui fonde les origines de notre civilisation chrétienne. Certes, on ne demandait pas à Wilson de se prendre pour un théologien. Mais un exemple : quand Pilate demande à Jésus: « Qu'est-ce que la vérité ? » et que le Christ ne répond pas, il faudrait que la scénographie tente de donner du sens à cette non-réponse sur laquelle s'interrogent encore aujourd'hui tous les penseurs. Car ce soir, elle passe comme une lettre à la poste, en toute insignifiance. Aucune réflexion, aucune vraie idée, aucun parti-pris dans cette Passion qui devient un spectacle banal avec tous les tics du metteur en scène américain.
On cherche alors une quelconque dramaturgie auprès de l'orchestre. Inutile, Emmanuelle Haïm dirige les souffrances de notre Seigneur comme un ruisseau limpide à l'orchestre, occasionnant par ailleurs un hiatus avec des choeurs épais, imposants et trop vibrés. Sa St-Jean avance, lisse, convenable, bcbg, sans aspérités, avec par contre quelques embrouillamini en début de représentation, un certain flou en guise de rigueur. Des approximations rapidement reprises en main par la chef du Concert d'Astrée. Approximatif également, le contre-ténor Andreas Scholl, qu'on a connu jadis dans une bien meilleure forme. La distribution est en revanche dominée par l'Evangéliste du jeune ténor slovaque Pavol Breslik. Lui seul vient donner ce qui manque le plus à cette production : l'intensité, le drame, l'émotion.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 30/03/2007 Nicole DUAULT |
| Passion selon St-Jean de Bach dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre du Châtelet, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Johannespassion (1723)
Luca Pisaroni (JĂ©sus)
Pavol Breslik (l'Évangéliste)
Emma Bell (soprano)
Andreas Scholl (alto)
Finnur Bjarnason (ténor)
Christian Gerhaher (basse)
Simon Kirkbride (Pilate)
Benoît Maréchal (Jean)
Lucinda Childs (chorégraphie)
Choeur et Orchestre du Concert d'Astrée
direction : Emmanuelle HaĂŻm
mise en scène, décors et éclairages : Robert Wilson
costumes : Frida Parmeggiani
préparation des choeurs : Denis Comtet
chorégraphie : Lucinda Childs | |
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