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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du harpiste Emmanuel Ceysson Ă l'HĂ´tel de Soubise, Paris.
Jeune et grand talent
Dans la série Jeunes Talents aux Archives Nationales, Emmanuel Ceysson, premier harpiste solo de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris, a donné un brillant récital au programme très diversifié, affirmant en cette occasion une vraie personnalité de soliste, loin des mignardises ou des clichés liés à l'instrument.
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Trop peu souvent traitée en véritable instrument soliste, la harpe a quand même connu ces dernières années un certain regain de popularité grâce à quelques personnalités de premier plan comme Marielle Nordman ou Isabelle Moretti, qui ont pris la relève de la grande Lily Laskine. Pour autant, les récitals « tout harpe » sont encore rares. Reconnaissons que la taille des actuelles salles de concert ne s'y prête guère. Les lieux plus intimes que Pleyel ou le Théâtre des Champs-Élysées existent à Paris et ailleurs, mais ils sont moins rentables. Musique et gros sous, un mariage de plus en plus à la mode !
C'est donc dans le cadre parfaitement adéquat, mais, il est vrai, plus proche d'un concert chez la Pompadour que d'une super prod au Palais des Sports, qu'Emmanuel Ceysson s'est produit dans la série des Jeunes Talents. Et du talent, ce musicien aux multiples prix nationaux et internationaux en a à revendre. D'ailleurs, à 22 ans, n'est-il pas déjà premier harpiste solo de l'orchestre de l'Opéra ? Il a aussi une abondante expérience de concert, mais, semble-t-il, plus en pays anglo-saxons que chez nous, comme pour tant de nos meilleurs jeunes instrumentistes.
La harpe est un instrument splendide, fort, complexe, qui permet d'alterner transparence et couleur, évanescence et puissance, dans une superposition de plans sonores absolument magique. Au-delà d'une technique sans faille, Emmanuel Ceysson révèle une personnalité musicale de véritable envergure qui lui permet de voyager aussi aisément dans l'univers de Scarlatti, de Carl-Philip Emmanuel Bach et de Gabriel Fauré que dans celui de Marius Constant ou d'Henriette Renié.
Pages plus formelles ou plus descriptives, plus extérieurement virtuoses ou plus intériorisées, tout est parlant sous ses doigts, sous ses mains, avec une homogénéité et une fluidité structurées dont les accents et la dynamique parfaitement pensés relance sans cesse le propos. On est aux antipodes des mignardises et autres joliesses stupidement attachées à l'instrument dans une certaine imagerie primaire, et bien plus proche des effervescences du piano lisztien, surtout dans un lieu de cette sorte.
Une magnifique expérience en tous cas, et un jeune virtuose que le disque a déjà distingué mais qui devrait occuper dans notre paysage musicale et nos médias une place aussi importante que bien des pianistes ou violonistes de sa génération.
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HĂ´tel de Soubise, Paris Le 07/04/2007 GĂ©rard MANNONI |
| Récital du harpiste Emmanuel Ceysson à l'Hôtel de Soubise, Paris. | Scarlatti, C.P.E. Bach, Fauré, Constant, Renié
Emmanuel Ceysson, harpe | |
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