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CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Concert avec orchestre des premier et deuxième prix du Concours Piano d'Orléans 2006 au Carré Saint-Vincent, Orléans.

Un nom Ă  retenir
© Laetitia Perbet

Retenez bien le nom du lauréat 2006 du concours international de piano d'Orléans : Wilhem Latchoumia. Après son récital salle Cortot en mars dernier, ce jeune pianiste français étonne une nouvelle fois par la félinité de son jeu, tout de force et de grâce mêlées, dans un beau concerto de la compositrice coréenne Unsuk Chin.
 

Carré Saint-Vincent, Scène Nationale, Orléans
Le 12/04/2007
Laurent VILAREM
 



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    Après un récital à la salle Cortot en mars dernier vient le temps pour les premiers prix d'un concert avec orchestre, en l'occurrence celui de Lille sous la direction de Jean Deroyer. Le programme commence, dans une salle remarquablement pleine, par une pièce pour orchestre seul de Luciano Berio, Requies, composée après la disparition de sa muse et épouse Cathy Berberian. D'une quinzaine de minutes, il s'agit d'une plainte étrange dont l'instrumentation va en s'individualisant, annonçant les grandes hétérophonies des Formazioni de 1987. Jean Deroyer essaie de faire vibrer cette musique aux couleurs désabusées.

    Le Deuxième Prix du Concours 2006, Prodromos Symeonidis, joue ensuite le 3e concerto de Prokofiev. On affirmera poliment que le pianiste grec s'est montré plus à son avantage dans la Sonate d'Hindemith qu'il avait proposée salle Cortot, tant son jeu qui court après le raffinement amollit l'enivrante machine à rythmes et à mouvements du concerto russe. Quitte à se faire couvrir par un orchestre aux couleurs crues – les bois et les vents notamment –, il n'entre jamais dans l'instrument. Son touché est certes élégant mais dépassé par les exigences techniques que requiert une telle partition, le discours se construit par hachures régulières et confirme que le talent de Symeonidis gagnerait à se déployer dans des pièces plus intimes et formellement moins fantasques.

    Un jeu urgent et bondissant

    Le contraste est saisissant dès l'apparition de Wilhem Latchoumia. Ce pianiste français de 32 ans occupe l'espace de la scène. Et c'est son jeu urgent, bondissant – il ondule des Ă©paules comme un chat ou un boxeur qui esquiverait brillamment les chausse-trappes que la compositrice Unsuk Chin a glissĂ©es dans sa partition – qui enflamme le public. Car Latchoumia est un pianiste extrĂŞmement virtuose : il se joue d'un concerto qui dĂ©note certes l'influence de Ligeti, celui des annĂ©es 1970, des montres et des nuages, mais qui met en lumière « la vitalitĂ©, l'Ă©nergie, le caractère enjouĂ© Â» du piano.

    Cet concerto de 1997 se révèle au final bruissant, trouvant rapidement son indépendance et sa magie – Unsuk Chin va créer un Alice aux pays des merveilles à la Bayerische Oper de Munich en juin – dans une écriture raffinée et ludique. L'Orchestre national de Lille y retrouve cohésion et panache : le propre des grands artistes n'est-il pas de transcender ses partenaires ? Dans deux bis, un merveilleux Polichinelle de Villa-Lobos et une pièce de l'argentin Guastavino d'une grâce enveloppante, on retrouve le jeu puissant, rond, lumineux et fragile d'un pianiste à suivre.

    Wilhem Latchoumia sortira bientôt un disque consacré à des oeuvres contemporaines pour piano et électronique, on l'attend avec impatience




    Carré Saint-Vincent, Scène Nationale, Orléans
    Le 12/04/2007
    Laurent VILAREM

    Concert avec orchestre des premier et deuxième prix du Concours Piano d'Orléans 2006 au Carré Saint-Vincent, Orléans.
    Luciano Berio (1925-2003)
    Requies, pour orchestre de chambre

    Serge Prokofiev (1891-1953)
    Concerto pour piano et orchestre n° 3
    Prodromos Symeonidis, piano

    Unsuk Chin (*1961)
    Concerto pour piano
    Création française
    Wilhem Latchoumia, piano

    Orchestre national de Lille
    direction : Jean Deroyer

     


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