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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Quatre-vingtième création présentée, depuis sa fondation, par l'Opéra de Monte-Carlo, Cecilia est, après Erszebet, Noces de sang et Jocaste, le quatrième ouvrage lyrique de Charles Chaynes. Inspirée d'un classique du XIXe siècle, Cecilia Valdez de Cirilo Villaverde, le livret du dramaturge franco-cubain Eduardo Manet est un modèle de concision, de lyrisme, de poésie, mêlant habilement l'histoire d'amour attendue à des considérations historiques, morales et sociales sans démonstration théorique. Sur une intrigue sulfureuse (Cecilia, jeune et jolie mulâtresse, est courtisée par le musicien noir Pimienta ; mais elle aime un blanc, Leonardo. Elle apprend un jour qu'elle est sa demi-soeur. Pimienta le poignarde ; Cecilia devient folle), Charles Chaynes a composé une partition qui n'évite pas les répétitions, et qui, surtout, semble très statique, alors que l'action, traitée en séquences qui s'enchaînent comme un film, ne demande qu'à avancer. Pas de couleur locale inutile, pas d'effets gratuits, mais un univers sonore rassurant, et finalement très conventionnel. Heureusement, la distribution est excellente. Si David Lee Brewer (Pimienta) et Harolyn Blackwell (Cecilia) en sont les piliers, c'est qu'ils sont étonnants d'aisance et de naturel. On sent l'affection de Patrick Davin pour une musique qu'il dirige avec chaleur. Quant à Jorge Lavelli, aidé par les décors très astucieux d'Agostino Pace et les costumes superbes de Dominique Borg, il signe une mise en scène digne de ses plus belles réussites, décrivant sans lourdeur un univers étouffant et morbide. Attendons les reprises dans les deux villes co-productrices, Liège et Nancy, la saison prochaine. Et souhaitons à tous ceux qui veulent écrire un opéra de trouver des livrets aussi forts.
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Palais Garnier, Monte-Carlo Le 15/05/2000 Michel PAROUTY |
| Cecilia de Charles Chaynes à la Salle Garnier, Monte-Carlo. | Cecilia de Charles Chaynes
Avec Marisol Montalvo (Cecilia), David Lee Brewer (Pimienta), Jean-Marc Salzmann (Leonardo), Alain Fondary (Don Gamboa), Anne Salvan (Rosa, son épouse), Marthe Keller (la Fatalité). Mise en scène : Jorge Lavelli. Direction musicale : Patrick Davin. | |
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