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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Intégrale de la musique de chambre de Ravel autour des frères Renaud et Gautier Capuçon à la salle Pleyel, Paris.
Pas assez simple, mes frères
Renaud et Gautier Capuçon
En trois concerts, la salle Pleyel résonne de l'intégrale de la musique de chambre de Maurice Ravel. Maîtres d'oeuvres du projet, les frères Capuçon, accompagnés de musiciens aussi prestigieux que Sandrine Piau ou Michel Dalberto, y déploient finesse et virtuosité mais manquent de la clarté, de l'acuité et de la tendresse propres au compositeur.
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Écouter l'intégrale de la musique de chambre de Ravel, c'est avoir les jours qui suivent une foule de mélodies qui vous trottent dans la tête. Celles du Quatuor en fa se mêlent à celles des sonates et il faut bien le délicieux Pantoum du Trio pour oublier ces airs déchirants de tristesse. Car c'est un univers miroitant de paradoxes : aussi sec que tendre, Ravel nécessite des interprètes qui sachent conjuguer la pudeur et le show, la candeur et la mélancolie. Osons-le dire, Renaud Capuçon est un admirable violoniste, à l'instrument riche de mille nuances, mais ses couleurs sont rarement celles de Ravel. Pour cette intégrale en trois concerts à la salle Pleyel, la déception aura souvent été de mise tant les interprétations des frères Capuçon manquent de simplicité.
Si la courte Berceuse sur le nom de Fauré permet d'apprécier la sonorité d'un splendide Guarnerius, Tzigane selon Renaud Capuçon frôle la vulgarité. Liant les notes jusqu'au quasi glissando, on se dit qu'un tel archet serait plus à son aise dans l'opulent concerto de Szymanowski. Une même préciosité entache la Sonate pour violon et piano de 1927 ; il y a pourtant une belle envie de prendre à bras-le corps une oeuvre, – un blues rageur notamment dont le piano fantasque de Frank Braley accentue les dissonances – mais ce n'est que dans les passages de haute virtuosité et dans la Sonate posthume de 1897, plus romantique, que le jeu très lyrique de Renaud Capuçon s'adapte mieux au compositeur de Montfort l'Amaury.
À de nombreux égards, le Trio et le Quatuor sont révélateurs de l'ensemble. On prend plaisir dans le premier à regarder jouer des interprètes qui ont déjà gravé l'oeuvre au disque. Mais c'est avant tout le violoncelle de Gautier qui retient l'attention : lui-seul trouve instinctivement le « son Ravel ». Frais et sec comme un verre de rosé, c'est son instrument clair et chantant qui bouleverse dans le mouvement lent de la Sonate pour violon et violoncelle.
Un Quatuor d'un ennui prodigieux
Échec en revanche à peu près total pour le Quatuor : cette pièce enchanteresse de 1905 se voile sous la houlette du Quatuor Capuçon – les Brothers, Aki Saulière au violon, Béatrice Muthelet à l'alto – d'un ennui prodigieux. Soignant chaque fin de mouvement jusqu'à l'afféterie, le groupe brusque des élans musicaux à l'évidence plus légers et plus souples. Une trop grande attention accordée aux nuances et transitions désarticulent le mouvement lent. Plus grave, le Vif et agité final enferme Ravel dans la vision binaire – et monochrome – d'un compositeur oscillant entre un extrême raffinement et une extrême violence.
Pour le dernier concert, les Capuçon partagent la scène avec des musiciens aussi magnifiques que la flûtiste Magali Mosnier et le clarinettiste Pascal Moraguès. Prenantes Chansons madécasses par la soprano Elsa Maurus, et malgré une prononciation pâteuse, Sandrine Piau régale par de classieux Poèmes de Mallarmé, d'une élégance hypnotique.
Les meilleurs moments de cette intégrale ? Pas forcément là où on les aurait attendus : une fraîche Introduction et allegro emmenée par la harpiste solo du Philharmonique de Berlin, Marie-Pierre Langlamet, et surtout Ma mère l'oye pour piano à quatre mains, quand Frank Braley et Michel Dalberto ressuscitent la poésie ravélienne et retrouvent une simplicité qui aura tant manqué à cette intégrale décevante.
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Salle Pleyel, Paris Le 12/05/2007 Laurent VILAREM |
| Intégrale de la musique de chambre de Ravel autour des frères Renaud et Gautier Capuçon à la salle Pleyel, Paris. | Intégrale de la Musique de chambre de Maurice Ravel (1875-1937)
Vendredi 11 mai, 20 h
2e sonate pour violon et piano
Berceuse sur le nom de Fauré
Tzigane, rapsodie de concert pour violon et piano
1re sonate pour violon et piano, op. posthume
Trio pour violon, violoncelle et piano
Renaud Capuçon, violon
Gautier Capuçon, violoncelle
Franck Braley, piano
Samedi 12 mai, 17 h
Sonate pour violon et violoncelle
Renaud Capuçon, violon I
Gautier Capuçon, violoncelle
Quatuor Ă cordes en fa
Quatuor Capuçon
Renaud Capuçon, violon I
Aki Saulière, violon II
BĂ©atrice Muthelet, alto
Gautier Capuçon, violoncelle
Samedi 12 mai, 20 h
Ma mère l'oye
Michel Dalberto, piano
Frank Braley, piano
Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé
Sandrine Piau, soprano
Trois chansons madécasses
Elsa Maurus, mezzo-soprano
Quatuor Capuçon
Magali Mosnier, flûte
Pascal Moraguès, clarinette
Michel Dalberto, piano
Franck Braley, piano
Introduction et Allegro pour harpe
Marie-Pierre Langlamet, harpe | |
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