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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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C'est en poète qu'Andreas Staier entre, ou plutôt s'immerge dans l'intimité de ce microcosme, peut-être le plus fascinant cycle de variations de tout le répertoire pour clavier. Un poète qui fait oublier l'ébouriffant virtuose que l'on sait, pour n'être que l'humble serviteur d'une oeuvre unique à tous égards.
En fait, au coeur de cet univers clos, Staier suscite comme un embrasement, porté par une souveraine liberté métrique (les flamboyances de toccata de la variation N° 16). Mais en même temps, il ne cherche pas à jouer les " passeurs ", à jeter des ponts vers d'autres sommets du claveciniste Bach. Non, la grandeur de ces " Goldberg " tient précisément dans leur fervente singularité et leur intériorité non feinte. Un droit à la spécificité qui sait faire entendre ici le bonheur rythmique des danses (la gigue du N° 7, le passepied du N° 19) ; ailleurs, le savant jeu contrapuntique des variations canoniques.
Au-delà , c'est une véritable transfiguration qui s'opère à partir de l'aria liminaire, étonnante et nonchalante sarabande ouverte sur un rêve en devenir et agissant comme un révélateur rhétorique, point de départ et épilogue repris en da capo à la fin du recueil. Acteur d'une aventure acoustique décidément hors normes, Staier nous aura laissés à la fois subjugués et comme en état de manque. Une situation d'urgence qui appelle une seule question : à quand l'album qui fixera sur disque (chez Teldec) cette lecture formidablement habitée ?
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Comédie des Champs-Elysées, Paris Le 22/05/2000 Roger TELLART |
| Andreas Staier joue les Variations Goldberg à la Comédie des Champs-Elysées. | Les variations Goldberg de Johann Sebastian Bach
Andreas Staier (clavecin Anthony Sidey d'après Silbermann). | |
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