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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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Récital Beethoven du pianiste Guillaume Coppola au Théâtre de l'Esplanade, Saint-Étienne.
Respiration et poésie
L'intégrale des sonates de Beethoven au festival Piano Passion de Saint-Étienne aura été marquée par la présence de Stephen Kovacevich mais aussi par une répartition fort intelligente faisant la part belle aux jeunes pianistes. Le Français Guillaume Coppola aura été ainsi l'artisan d'un Beethoven scrupuleux caractérisé par un magnifique sens de la respiration musicale.
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À l'occasion de son festival Piano Passion, l'Esplanade présente cette saison l'intégrale des sonates pour piano de Beethoven, l'un des trois grands piliers du compositeur viennois, d'égale importance avec les symphonies et les quatuors à cordes. La programmation est intelligemment conçue, avec évidemment le maître incontesté Stephen Kovacevich chargé de livrer l'immense message des trois derniers opus, mais aussi de jeunes pianistes encore peu médiatisés mais qui ont fait leurs preuves.
C'est le cas du Français Guillaume Coppola, que l'on a pu voir à la Roque d'Anthéron, artiste à la personnalité sensible, bien définie, et cependant particulièrement attentif à l'intégrité musicale. Dans des plans sonores parfaitement équilibrés et lisibles, il charpente la 16e sonate avec clarté, tout en ciselant la ligne de chant jusque dans un jeu perlé.
Les lignes séduisent par leur expression naturelle et restent la donnée privilégiée, évitant le travail sur une masse sonore qui étoufferait la clarté. Pour autant, un excellent sens du timbre et un temps libéré se détachent nettement dans une lecture colorée du deuxième mouvement. Ce Beethoven magnifié par une sensibilité empreinte de subtilité respire en tout les cas naturellement.
Trois sonates, trois univers différents, et ce n'est pas la « petite » 19e sonate qui le démentira. D'une ampleur moindre que les deux autres ouvrages de la soirée, la concision n'est pas pour autant une donnée facile à gérer. Coppola se montre moins à son aise dans cet univers plus ramassé, sans pour autant se départir de ses qualités les plus saillantes, avant tout la sensibilité alliée à la clarté.
Un art consommé de la dramaturgie
En revanche, la Waldstein constitue sans conteste le sommet du récital. La fameuse batterie de croches qui ouvre l'Allegro con brio liminaire est énoncée sans la moindre fébrilité romantique – démarche trop tentante que l'on retrouve dans nombre d'interprétations – cultivant au contraire un parfait équilibre entre fraîcheur spontanée et clairvoyance analytique.
Chaque pierre de cette Aurore est posée avec finesse et un art consommé de la dramaturgie, comme en témoignent le climax et la densité d'expression menant à la réexposition du premier mouvement et tandis qu'une intense vie intérieure émane avec évidence du dépouillement de l'Adagio.
Car si rien ne laisse présager l'ampleur du voyage auquel nous convie le jeune pianiste, c'est bien parce que ce voyage s'insinue lentement et sûrement en l'auditeur, sans qu'il s'en aperçoive, pour le mener jusque dans un Rondo final tout de poésie, réconciliant les inflexions d'un temps schubertien à une charpente beethovénienne de plus en plus dense.
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Théâtre de l'Esplanade, Saint-Étienne Le 09/05/2007 Benjamin GRENARD |
| Récital Beethoven du pianiste Guillaume Coppola au Théâtre de l'Esplanade, Saint-Étienne. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 16 en sol majeur, op. 31 n° 1
Sonate pour piano n° 19 en sol mineur, op. 49 n° 1
Sonate pour piano n° 21 en ut majeur, op. 53 « Waldstein »
Guillaume Coppola, piano | |
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