|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
|
Concert de l'Orchestre de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Sous le signe de la générosité
Dernier acte d'une saison symphonique très riche, la venue du Bayerischer Rundfunk Sinfonieorchester au Théâtre des Champs-Élysées s'affirme comme une illustration de plus de la générosité sonore et du niveau d'excellence de la formation munichoise. Au pupitre, Mariss Jansons, plus convaincant qu'en février, évolue entre rigueur et lyrisme.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
Si certaines de ses options avaient dérouté lors de son apparition à la tête d'un Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam au-delà de tout reproche en février dernier, la direction de Mariss Jansons remporte plus largement l'adhésion pour ce concert de fin de saison de l'Orchestre de la Radio bavaroise au Théâtre des Champs-Élysées, dans deux pièces de choix du grand répertoire.
Dans Ainsi parlait Zarathoustra, loin de tout mysticisme brumeux et de toute odyssée de l'espace, il privilégie l'avancée, l'énergie, une battue cursive et pleine d'électricité, aux angles bien saillants, qui, en plus dense il va sans dire, n'est pas sans rappeler la fluidité d'un Rudolf Kempe – avec une première trompette d'une insolente incisivité. Et si la fugue de Von der Wissenschaft, aplanie et scrupuleuse, a parfois tendance à verser dans le doctoral, le rebond et la vigueur de la pulsation du Tanzlied apportent la fantaisie nécessaire – même si l'on a déjà entendu violon solo plus souverain que celui d'Andreas Röhn.
Après la pause, vigueur toujours pour la 2e symphonie de Brahms, pourtant la plus secrète des quatre, parfois même qualifiée de Pastorale du maître de Hambourg, parée ce soir d'une rigueur virile mêlée de lyrisme qui fait le jeu de cordes tendues, n'épargnant pas un centimètre de crin. Si l'on peut préférer une battue moins corsetée dans la sérénité des deux volets initiaux, le Finale brille d'une détermination rythmique toute beethovénienne, avec une pâte sonore généreuse assez typique des phalanges d'Allemagne du Sud. Sans en abuser, Jansons aime à susciter un intense legato de cordes, toujours doublé de la vitesse d'archet nécessaire qui permet au quatuor de ne pas s'embourber.
On a certes connu formations plus étendues de palette dynamique, plus colorées dans le détail, plus individualisées ou caractérisées dans les vents que l'Orchestre de Radio bavaroise, mais la sonorité d'ensemble et la discipline dans l'exécution ne souffrent aucune réserve. Le cor solo, au léger vibrato rappelant l'époque de Rafael Kubelik, est notamment d'une parfaite probité musicale.
Autre marque de générosité, la programmation de deux bis, une 5e danse hongroise de Brahms au rubato important mais exempte du goût douteux d'un Lorin Maazel, et un court extrait des valses du troisième acte du Chevalier à la rose, d'une profusion sonore, d'une virtuosité échevelée, d'une décadence qui font tourner la tête, magnifique point d'orgue à une saison orchestrale d'un niveau jamais démenti, qui confirme que le TCE résiste avec les honneurs à la déferlante symphonique de la salle Pleyel.
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 17/06/2007 Yannick MILLON |
| Concert de l'Orchestre de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Also sprach Zarathustra, poème symphonique op. 30 (1896)
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
Bayerischer Rundfunk Sinfonieorchester
direction : Mariss Jansons | |
| |
| | |
|