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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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8e symphonie de Bruckner par l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo sous la direction de Marek Janowski à la salle Pleyel, Paris.
La signature Janowski
Pour son dernier concert avec l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo dont il a été le directeur musical pendant plus de six ans, Marek Janowski a choisi de donner la 8e symphonie d'Anton Bruckner, oeuvre emblématique de la littérature symphonique occidentale qui lui tient particulièrement à coeur.
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Monument digne des cathédrales gothiques, la 8e symphonie de Bruckner demande souffle, esprit de construction et sens de l'organisation. Ces qualités n'ont jamais manqué au chef Marek Janowski qui, alors qu'il était à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, a souvent remis son Bruckner en chantier.
Son passage à Monte Carlo aura prouvé une fois encore qu'il est un grand éleveur d'orchestre, capable de redonner une identité et un dynamisme à une phalange qui, avec le temps, avait perdu les caractéristiques des beaux jours – ceux où Paul Paray, Igor Markevitch et tant d'autres illuminaient la vie musicale de la Principauté.
On a ainsi pu mesurer les progrès accomplis sous l'autorité de celui qui, désormais, veillera aux destinées de l'Orchestre de la Suisse romande. Après un Parsifal de Wagner donné en version de concert et des Gurrelieder de Schoenberg témoignant de l'appétit pour les grandes formes et les grands espaces, cette 8e de Bruckner conclut en majesté le parcours effectué par le chef allemand.
Pour ce faire, il a choisi l'édition réalisée par Leopold Nowak en 1954 qui correspond bien à la conception volontiers emportée et cursive, où l'efficacité de la direction, de caractère narratif et concernée continûment par l'urgence, ôte l'expression du sacré au profit d'une lecture vivante, allant sans cesse de l'avant.
Prosaïsme de bon aloi
À mille lieues des célestes longueurs de Furtwängler ou de Celibidache, voire de la massivité d'un Jochum, Janowski retrouve une tradition presque schubertienne défendue jadis par Wand avec plus de générosité. La sonorité des instruments à vent, la fluidité des transitions, l'équilibre des cordes et des bois, la justesse stylistique ne correspondent ni à la passion, ni à l'exacerbation, ni au renoncement suicidaire d'un compositeur touché par l'état de grâce, mais s'affirme prosaïque dans le bon sens du terme, intégrant cette partition colossale dans l'ensemble de la musique orchestrale germanique, la rattachant par là -même à toute son histoire.
Si le mysticisme est absent, la grandeur s'exprime quand il convient (Allegro moderato initial), le lyrisme avec pondération (Adagio), mais les déflagrations, sans être décoiffantes (Scherzo), ont une rigueur presque janséniste. Les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo sont tenus par cette battue implacable qui assure un déroulement sans scories, mais aussi sans surprises.
Il ne faut certes pas s'attendre, malgré une réussite globale, aux parfums distillés il y a quelques semaines par Christian Thielemann et l'Orchestre Philharmonique de Vienne dans la même oeuvre. L'expérience méritait pourtant d'être tentée si l'on en juge par le niveau retrouvé d'une phalange monégasque en pleine possession de ses moyens.
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Salle Pleyel, Paris Le 12/06/2007 Michel LE NAOUR |
| 8e symphonie de Bruckner par l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo sous la direction de Marek Janowski à la salle Pleyel, Paris. | Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 8 en ut mineur
Version de 1890, édition Nowak
Orchestre Philharmonique de Monte Carlo
direction : Marek Janowski | |
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