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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Crépuscule des Dieux de Wagner dans la mise en scène de Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2007.
Bayreuth 2007 (4) :
Les amoureux et les enfants d'abord
Dernière étape du Ring de Bayreuth, où culmine, malgré bon nombre de points noirs, une conception d'ensemble humaniste et optimiste. Dommage que l'équipe musicale et la direction d'acteurs manquent de la vie et du rythme qui rendraient justice à cette réflexion pertinente sur l'avenir de l'homme dans le monde et le sens de la divinité.
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Tenu en attente pendant les deux longs premiers actes, on désespérait de revoir les figurants que Dorst aime à égailler sur le plateau. Les revoilà pourtant au III, sous la forme d'un gentil couple qui se câline sur la délicieuse musique des filles du Rhin, et d'un enfant qui joue à la marelle sur la silhouette du cadavre de Siegfried bientôt assassiné, puis à la toute fin, après la catastrophe, du même enfant reparaissant autour des corps enlacés de Gunther et Gutrune, suivi par un couple qui interrompt sa promenade pour s'embrasser lentement au baisser de rideau.
Il y a là -dessous une idée très forte et pourtant très simple : le monde appartient aux enfants et aux amoureux. Tout passe, la divinité, les conflits, les meurtres, les empires, et sur les ruines de la terre embrasée par ses guerres, il y aura toujours une nouvelle innocence, un nouvel espoir, un nouveau monde possible. Les figurants croisent ainsi l'Histoire à chacun de leurs pas. Ici, Siegfried a été assassiné. Là , Sieglinde a rencontré son jumeau bien-aimé. Plus loin, c'est la forêt où Fafner gardait son trésor. Qu'importe ? Ils n'en ont cure. Tous les enfants de tous les temps joueront à faire la guerre, à jamais les amoureux s'étreindront sous des clairs de lune qui ont vu couler le sang.
Constat résigné, donc, car la mémoire n'empêche pas de refaire toujours les mêmes erreurs, mais aussi optimiste, car les enfants et les amoureux symbolisent mieux que quiconque ce qu'il y a de bon en l'homme, et la possibilité de bâtir un monde meilleur, puisque l'ordre passé n'a pas d'emprise sur le présent. Constat pédagogique aussi : il est grand temps d'ouvrir les yeux sur l'importance de l'amour et de l'innocence, et de laisser retentir au loin, comme de pompeux échos, les appels stériles du pouvoir.
Amortis à la Celibidache
Alors bien sûr, pareille lecture ne fait pas tout. Christian Thielemann continue à prodiguer des joliesses sans lendemain dramatique, des accords amortis et un tempo trop ample à la Celibidache, la Brünnhilde de Linda Watson hulule encore beaucoup, en dépit de moments plus réussis ou plus engagés – le serment au II –, le Siegfried de Stephen Gould est court en héroïsme mais toujours d'une bienfaisante fraîcheur, le Gunther de Ralf Lukas impossible, le Hagen de Hans-Peter König inégal, l'Alberich d'Andrew Shore grand comédien mais en panne de moyens vocaux, la Gutrune d'Edith Haller en mal de rondeur et de phrasé malgré une jolie présence et un timbre jeune, la Waltraute de Mihoko Fujimura inexplicable dans un rôle trop grave qui met à mal ses aigus grossis et pleins d'air, la Woglinde de Fionnuala McCarthy vilainement grêle.
Et puis le focus visuel manque cruellement, on ne sait pas toujours où regarder, on rate des péripéties importantes parce que le plateau n'est pas équilibré, on ne comprend pas certains détails – le bélier d'or des Gibichungen, certes emblème de Fricka dans une société décadente et volontiers sensuelle, mais le coq, les chaussures, le Gibichung qui écrit imperturbablement ? – et la direction d'acteurs inexistante inflige d'interminables tunnels – le début du I, l'arrivée de Brünnhilde au bras de Gunther, très vieux couple, le trio final du II, l'Immolation.
On a pensé à un moment intituler ce compte rendu « les mollassons de Brünnhilde », pour rendre compte d'un profond défaut de ce Ring. Mais soyons bon joueur, et mettons notre pierre à l'édifice pédagogique entrepris par le metteur en scène : concentrons-nous sur l'avenir, sur les amoureux, sur les enfants, et peut-être un jour le monde sera-t-il beau malgré le fracas orgueilleux des déchirements du passé.
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Festspielhaus, Bayreuth Le 14/08/2007 Thomas COUBRONNE |
| Reprise de Crépuscule des Dieux de Wagner dans la mise en scène de Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2007. | Richard Wagner (1813-1883)
Götterdämmerung, troisième journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1876)
Livret du compositeur
Orchester der Bayreuther Festspiele
direction : Christian Thielemann
mise en scène : Tankred Dorst
décors : Frank Philipp Schlößmann
costumes : Bernd Skodzig
éclairages : Ulrich Niepel
préparation des choeurs : Eberhard Friedrich
Avec :
Stephen Gould (Siegfried), Ralf Lukas (Gunther), Hans-Peter König (Hagen), Andrew Shore (Alberich), Linda Watson (Brünnhilde), Edith Haller (Gutrune), Mihoko Fujimura (Waltraute), Simone Schröder (Erste Norn), Martina Dike (Zweite Norn), Edith Haller (Dritte Norn), Fionnuala McCarthy (Woglinde), Ulrike Helzel (Wellgunde), Marina Prudenskaja (Flosshilde). | |
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