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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production d'Armida de Haydn mise en scène par Cristof Loy et sous la direction d'Ivor Bolton au festival de Salzbourg 2007.
Salzbourg 2007 (1) :
Pâles sortilèges
Annette Dasch (Armida)
C'est avec un opus peu fréquenté, cadeau d'adieux de Haydn à la cour d'Esterhaza, que le nouvel intendant de Salzbourg, Jürgen Flimm, a choisi d'inaugurer son règne. Si les valeurs musicales trouvent en Ivor Bolton un héraut ardent, ni la direction bouillante du Britannique ni la mise en scène sombre de l'Allemand Cristof Loy ne hissent le spectacle à un niveau probant.
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Rencontre difficile d'une partition inégale et d'un livret recelant une matière théâtrale somme toute bien mince, la production scénique d'Armida n'éclaire que d'une lumière trop crue les faiblesses d'une oeuvre pour laquelle le concert est essentiellement plus clément. La perspective retenue par le metteur en scène Christof Loy et son équipe, du meilleur intérêt sur le papier, pèche dans la matière par absence de cohésion, échouant à donner une réelle impulsion au drame.
La guerre, ici, avant d'opposer Orient et Occident – véhicule idéal de préoccupations politiques contemporaines largement exploité sur nos scènes – est celle des sexes, jouée et rejouée sur tous les tons mais néanmoins vibrante de naturalisme conjugal, sans pour autant verser dans la caricature domestique. Déjà terriblement contraint par le statisme mortifiant du premier acte, et bien qu'il tente d'en transformer les passages à vide en véritables modus operandi dramaturgiques, Loy peine malheureusement à rendre lisibles les motivations de ses personnages, à exprimer leurs tourments intimes, leurs craintes et leurs fantasmes érotiques dans un climat lourd et trop souvent vierge de toute tension.
La pièce elle-même, il faut bien l'admettre, est par moments décousue – ou du moins parle-t-elle peu à des sensibilités musicales trouvant en un long et sans cesse renouvelé culte mozartien leur raison d'être et leur source. Il faut attendre les deux derniers actes, les interventions hallucinées de Michael Schade, le désespoir touchant de la sorcière vulnérable d'Annette Dasch, les appels à la raison de l'Ubaldo de Richard Croft, sulfureux objecteur de conscience, pour que le spectacle trouve son rythme, sa pertinence.
Au surplus et malgré quelques réserves, les ressources vocales à disposition sont plus souvent qu'autrement à la hauteur des attentes. Le timbre noir de Vito Priante convient à un Idreno veule parmi les veules et comble de méchanceté, bien que le baryton-basse ne soit pas toujours franc d'émission et occasionnellement frustre de legato.
Michael Schade, acteur-chanteur dont le public salzbourgeois n'est pas prêt d'oublier la composition psychologiquement fouillée du Titus mozartien, traite le matériau qui lui est dévolu avec beaucoup de perspicacité et d'instinct, peignant d'un rôle relativement ingrat un portrait sensible rachetant les aspérités d'une voix héroïque peu séduisante et avare en couleurs.
On pardonne l'absence de Patricia Petitbon, initialement annoncée en Zelmira et forfaite pour cause de maternité, alors que la débutante Mojca Erdmann, touchante présence scénique et solide de virtuosité dans quelques vocalises stratosphériques, se révèle la grande triomphatrice de la soirée. Bernard Richter ne démérite pas en amant anecdotique et Annette Dasch, quant à elle, plastique superlative et investissement physique total nonobstant, touche aux limites d'un instrument autrement apte à des emplois moins dramatiques.
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