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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

9e symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle au festival de Salzbourg 2007.

Salzbourg 2007 (10) :
L'essentiel de Mahler

© Sheila Rock / Emi

Quand sonne l'heure de l'entrée en scène des Berliner à Salzbourg, c'est que le festival n'est pas loin de toucher à sa fin. Présents chaque année dans les derniers jours de la manifestation pour deux programmes différents, les autres Philharmoniker font honneur à leur réputation dans une 9e de Mahler où Rattle fait montre d'une hauteur de vue impressionnante.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 27/08/2007
Yannick MILLON
 



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  • Pour le festivalier salzbourgeois, qui entend chaque Ă©tĂ© plusieurs fois les Wiener en fosse puis sur scène dans du rĂ©pertoire symphonique, Ă©couter les Berliner nĂ©cessite de tout autres dispositions, ainsi qu'un certain temps d'adaptation. En effet, les deux formations, de niveau similaire dans l'excellence, n'ont vraiment pas le mĂŞme cachet sonore.

    Bernard Haitink affirmait à l'occasion d'un documentaire sur l'art de diriger Mahler qu'autant le Philharmonique de Berlin est un orchestre masculin, autant celui de Vienne – pourtant connu encore récemment pour n'employer que des hommes – est un orchestre féminin : la gravité, la noirceur, l'assise, contre la tendresse, la lumière, le soyeux ; la puissance monochrome contre la subtilité des timbres ; aussi la stabilité dans l'exécution contre une finition plus capricieuse.

    Le point fort des deux formations, à savoir leur parterre de cordes à tomber à la renverse, se décline différemment : de l'acier trempé, un jeu d'une extraordinaire densité contre une beauté plastique, une suavité, un soin infini de la couleur. Ce soir, les Berliner ne font pas exception à la règle, et commenter ne serait-ce que la prestation des cordes dans cette 9e de Mahler pourrait remplir des pages – les raclements géniaux des seconds violons dans le Ländler, l'énergie tout en tension, la tenue du tapis de cordes dans le Finale.

    Et si, comme leurs homologues viennois deux jours auparavant, les Berliner laissent passer quelques couacs aux cuivres, mais aussi un piccolo incertain d'embouchure, ils n'en laissent pas moins une exécution de très haut vol. Sir Simon Rattle, dont on aime la clarté des textures, le fouillé de la polyphonie beaucoup plus que la volonté de faire différent pour faire différent, se montre ce soir d'une impressionnante hauteur de vue et affranchi de ses excentricités dans une symphonie qu'il a toujours réussie.

    Analytique, d'une lenteur excellemment tenue, l'Andante comodo initial bénéficie d'une ample respiration, en soupirs jamais larmoyants, en grincements des cuivres bouchés, en soudaines exaltations, avec une stabilité rythmique posée sur le motif introductif de la symphonie qui renforce le sentiment de l'inéluctable. On peut préférer, après le climax, désintégration plus graduelle du matériau, car les bois, qui ne sont pas ce que les Berliner ont de plus magnifique à faire entendre, ont tendance à jouer trop fort, à ne pas se perdre assez dans l'infiniment petit.

    En revanche, on aura rarement entendu bassons aussi goguenards dans un Ländler à la succession de tempi gérée de main de maître, aux pulsations appuyées bien au talon de l'archet. Comme nombre de ses collègues, Rattle est parfois légèrement gêné par la battue entre trois et un temps du Tempo II, et ne parvient en conséquence pas exactement à lancer comme un Abbado une course à l'abîme lors de la dernière reprise du motif, mais il ne démérite à aucun moment, tout occupé qu'il est à ciseler les timbres.

    Engrenage rythmique

    De même, il fait aujourd'hui partie des chefs qui servent le mieux le contrepoint démentiel du Rondo-Burleske, avec pour particularité de refuser l'apaisement central du solo de trompette, encore sous le coup de l'engrenage rythmique, de la machine infernale qui clôt le mouvement en une grimaçante danse de mort.

    Si l'on ajoute un Adagio terminal à aucun moment résigné, avec de vraies lueurs d'espoir, d'une prestance orchestrale jamais prise en défaut, on sera en droit de penser que sans forcément avoir assisté à la 9e du siècle, l'oeuvre était bien là, avec tout son essentiel. On attend avec d'autant plus d'impatience l'enregistrement qui doit suivre.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 27/08/2007
    Yannick MILLON

    9e symphonie de Mahler par les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle au festival de Salzbourg 2007.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 9 en ré majeur

    Berliner Philharmoniker
    direction : Sir Simon Rattle

     


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