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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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7e symphonie de Mahler par l'Orchestre Philharmonique d'Israël sous la direction de Zubin Mehta au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
L'autorité d'un sage
Avec une formation dont le destin a accompagné toute sa carrière depuis un demi-siècle, le chef indien Zubin Mehta, dont on connaît la familiarité avec la musique de Gustav Mahler, livre, dans l'interprétation de la complexe 7e symphonie, une conception maîtrisée qui ne trouve ses limites qu'au niveau de la réalisation orchestrale.
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Peu présent dans l'Hexagone, hormis parfois avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne au TCE, Zubin Mehta, auquel on accorde la réputation justifiée d'appartenir au gotha restreint des plus grands chefs vivants, n'a pas toujours fait l'unanimité. D'aucuns lui ont reproché sa facilité (comme d'ailleurs à Lorin Maazel) et de privilégier la sensation au détriment de la musique pure.
Le concert consacré à la 7e symphonie de Mahler avec la Philharmonie d'Israël, dont il est depuis 1981 directeur musical à vie, apporte un démenti à ces affirmations tant celui qui fut successivement en poste à Montréal, Los Angeles, New York et récemment, de 1998 à 2006, à l'Opéra d'État de Bavière, se révèle un artiste racé, sobre, tourné uniquement vers l'intériorité de la musique dans une lecture mahlérienne portée de bout en bout par une baguette à l'efficacité stupéfiante.
Depuis ses enregistrements mahlériens – dont une Symphonie résurrection en 1974 avec les Viennois qui a toujours valeur de référence –, on savait Mehta en osmose avec l'oeuvre titanesque de l'auteur du Chant de la terre. La lecture qu'il propose est d'une clarté aveuglante qui privilégie l'analyse, le regard introspectif, la dimension moderne – la 7e, en particulier avec ses deux musiques nocturnes oniriques qui s'interposent entre le premier, le troisième et le cinquième mouvements fascinait Schoenberg – au détriment de l'imagination, du souffle épique et de la flamme la plus incendiaire.
Les jeux de timbres, les échanges entre les bois, les cuivres et les percussions, cette propension webernienne avant la lettre à densifier le matériau comme de l'uranium enrichi ou à jouer des influences des sonorités proches la musique concrète – avant Varèse que Mehta dirige d'ailleurs avec bonheur – l'emportent sur l'exubérance et la fougue, comme si la religiosité primait sur l'extériorisation.
Face à la cohérence et à l'homogénéité des instrumentistes sous cette direction charismatique, le chef compense un manque de projection des cordes par l'intelligence de sa conception, sa connaissance et son expérience dans l'une des oeuvres de Mahler les plus difficiles à mettre en place, avec la Symphonie tragique. En effet, l'exécution demande tout au long des quatre-vingts minutes une concentration de tous les instants, d'autant plus que la gravité des tempi souvent lents suppose une attention soutenue de la part du public.
Zubin Mehta est un sage qui s'applique, comme le disait Confucius « à être lent dans ses discours et diligent dans ses actions ». La salle, par le succès rencontré, s'est fait l'écho, au terme du Rondo final, de cette prouesse orchestrale qui donne à la 7e symphonie, si hétéroclite en apparence, une véritable unité de forme et de fond.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/09/2007 Michel LE NAOUR |
| 7e symphonie de Mahler par l'Orchestre Philharmonique d'Israël sous la direction de Zubin Mehta au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur, « Chant de la nuit » (1908)
Orchestre Philharmonique d'Israël
direction : Zubin Mehta | |
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