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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Fabio Luisi, avec la participation de la pianiste Hélène Grimaud au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Les fastes de la Staatskapelle de Dresde
Éclat du vieil or selon Karajan, l'Orchestre de la Staatskapelle de Dresde au TCE sous la direction de son nouveau chef principal Fabio Luisi ne faillit en rien à sa réputation légendaire. En revanche, la très médiatique Hélène Grimaud peine à convaincre dans un Concerto l'Empereur de Beethoven en manque d'introspection.
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Le chef italien Fabio Luisi, après avoir occupé différents postes auprès d'orchestres réputés – NDR de Leipzig, Wiener Symphoniker, Orchestre de la Suisse Romande –, vient d'être nommé à la tête d'une phalange historique, la Staatskapelle de Dresde, dont la réputation a depuis longtemps dépassé les frontières de la Saxe. Le programme de ce soir au Théâtre des Champs-Élysées permet de bien mettre en valeur l'homogénéité et la couleur d'une formation experte dans le répertoire germanique et qui a connu en plus de 450 ans d'existence le gotha de l'histoire de la musique.
Le concerto l'Empereur de Beethoven est le pont aux ânes de tout pianiste digne de ce nom. Hélène Grimaud, qui vient de l'enregistrer avec le même orchestre – mais sous la direction de Vladimir Jurowski chez DG – trouve en Fabio Luisi un chef efficace, élégant, qui ne cherche pas le raffinement à tout crin mais privilégie l'efficacité – y compris dans sa gestique. Emportée, saisie d'une propension à l'urgence, la conception de la soliste ne se perd pas non plus en conjectures et file droit son chemin.
Dans son livre Variations sauvages, Hélène Grimaud cite Platon pour qui « la musique pénètre l'intérieur de l'âme et s'empare d'elle de la façon la plus énergique ». Il semble que la pianiste française n'en ait intégré que les aspects les plus fébriles, péremptoires, ardents et héroïques. D'autres – Fischer, Serkin, Arrau, Kempff, Fleisher, Michelangeli, Brendel –, à différents degrés, ont su mieux dégager le souffle altier, l'introspection métaphysique et l'envolée du lyrisme qui manquent à cette interprétation « moderne » où l'urgence l'emporte sur la tension dramatique (Allegro), l'intellect sur le lyrisme de la prière (Adagio un poco), même si l'aisance digitale, la virtuosité technique (Rondo final très dansant) ne font pas oublier des qualités intrinsèques.
Le poème symphonique Une vie de héros appartient à l'alpha et à l'oméga des musiciens de Dresde – qui en ont gravé jadis une version de référence au disque sous la direction de Rudolf Kempe. Richard Strauss prétendait à qui voulait l'entendre qu'il pouvait traduire en musique n'importe quoi, même le mouvement pour transporter une cuillère et une fourchette de l'autre côté de l'assiette !
Un Strauss clair et intelligible
De l'énorme orchestration au climat titanesque à la fois autobiographique et nietzschéen, Luisi sait dégager les leitmotive sans tendance pléonastique, alléger la pâte sonore – de toute beauté avec les Dresdois et leur violon solo Matthias Wollong – quitte même à choisir in fine de ne pas provoquer de cataclysme. La direction, sûre, claire et intelligible, favorise la lisibilité au détriment du narcissisme mais n'atteint pourtant pas l'héroïsme conquérant. La sensualité des cordes frémissantes, les sublimes phrases de la clarinette et du hautbois trouvent matière à s'exprimer dans cette direction racée et sans pathos.
En bis, l'ouverture d'Oberon rappelle au public parisien que Weber fut non seulement Kapellmeister royal allemand à Dresde à partir de 1816, mais aussi que Wagner orchestra en 1844 le retour de ses cendres depuis Londres, prétexte à une manifestation grandiose de la part d'un admirateur du Freischütz.
Fabio Luisi y privilégie les contrastes entre l'Adagio introductif et le Presto, ainsi que la dynamique, sans faire pourtant oublier la somptuosité des nuances. En prenant les rênes de la Staatskapelle, Fabio Luisi se love à n'en pas douter dans la tradition si chère à l'un des orchestres les plus illustres de la planète.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 21/09/2007 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Fabio Luisi, avec la participation de la pianiste Hélène Grimaud au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 5 en mib majeur op. 73, « l'Empereur » (1810)
Hélène Grimaud, piano
Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben, poème symphonique op. 40 (1899)
Orchestre de la Staatskapelle de Dresde
direction : Fabio Luisi | |
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