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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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" Je n'ai jugé précieuse la découverte de quelque nouveauté qu'autant qu'elle était naturellement commandée par la situation et l'expression. " Toute la réforme du dramaturge Gluck tient dans cette proposition. Une réforme qui opère comme un retour aux sources, soumettant tout - " les voix, les instruments, tous les sons et les silences mêmes " - au pouvoir de la tragédie (donc du mot). Dans ce travail refondateur, face aux conventions belcantistes de l'opéra seria, Iphigénie en Tauride occupe une position privilégiée. Sur un superbe livret de Guillard, la partition court au drame et s'enflamme, portée par une ardeur, un élan qui captive encore.
Pour autant, sur la scène du Grand-Théâtre de Bordeaux, Edouard Reichenbach jouait le jeu de la vision intérieure, quitte à s'écarter du lyrisme naturel de la musique. Une approche qui d'ailleurs n'était pas sans attrait et prenait en quelque sorte les personnages au piège de leurs débats intimes dans le décor imaginé par Philippe Miesch : un temple enténébré et souvent oppressant, à part deux échappées sur la mer libératrice.
Reste que l'embrasement nous est venu ici d'une distribution valeureuse ; à commencer par l'Iphigénie touchante et crédible d'Isabelle Vernet, théâtralité et juste vocalité à part égales. À ses côtés, on n'omettra pas de citer le Pylade de William Burden et surtout l'Oreste de Marc Barrard qui va au bout de son délire dans l'air fameux " Dieux, qui me poursuivez " Et les choeurs et l'orchestre de Bordeaux-Aquitaine s'impliquent également avec bonheur, sous la direction de Jane Glover qui joint une riche palette de couleurs et d'affects à un irrécusable style gluckiste.
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Grand-Théâtre, Bordeaux Le 06/05/2000 Roger TELLART |
| Iphigénie en Tauride au Grand-Théâtre, Bordeaux. | Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald Von Gluck
Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Choeur de l'Opéra de Bordeaux
Direction musicale : Jane Glover
Mise en scène : Edouard Reichenhach
DĂ©cors : Philippe Miesch
Avec Isabelle Vernet (Iphigénie), Vincent Le Texier (Thoas), Mare Barrard (Dreste), William Burden (Pylade), Catherine Biar-Melle, Dania Di Nova Malichev, Isabelle Lachèze, Wha-Jin Lee Diane (Quatre prêtresses), Bernadette Lamothe (Un Scythe), David Grousset (Un ministre), Marilena Goia (Une femme grecque)
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