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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Stabat Mater de Pergolèse sous la direction d'Ottavio Dantone au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Kaléidoscope sur fond noir
Karina Gauvin
Pas une année ne s'écoule sans que le Stabat Mater de Pergolèse ne résonne au Théâtre des Champs-Élysées. Après le duo disparate formé par une Sandrine Piau décorative et une Sara Mingardo doloriste, le soprano kaléidoscopique de Karina Gauvin peine à se mêler au mezzo-soprano solide de Daniella Barcellona, échouée dans une esthétique qui lui est étrangère.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 26/09/2007
Mehdi MAHDAVI
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Par-delà la réunion de deux Québécoises de choc, l'affiche initiale de ce Stabat Mater de Pergolèse promettait une véritable étreinte musicale entre les voix parfaitement appariées de Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux. Mais dans l'attente d'un heureux évènement, cette dernière a dû laisser la place à la très rossinienne Danielle Barcellona, qui s'annonçait davantage dans le sillage, illustre, de Teresa Berganza et Lucia Valentini Terrani, que dans celui, déjà profond, de Sara Mingardo. L'association de cette voix de trombone avec le soprano clair de Karina Gauvin n'en laissait pas moins dubitatif.
Malgré une projection d'abord confidentielle, la Québécoise subjugue d'emblée. Nous avons déjà dit ici-même à maintes reprises, et le répétons volontiers, à quel point son art du chant fondé sur la variété dynamique, chromatique et vibratoire nous semble idéal pour servir le bel canto du Settecento. Ainsi parée, l'écriture délicieusement mélismatique du Salve Regina de Pergolèse se charge d'une expressivité insoupçonnée.
Le Salve Regina de Porpora, archétype de la vocalité fleurie en vogue à Naples, trouve en Daniella Barcellona une interprète scrupuleuse, dotée d'une voix suffisamment souple, mais trop contenue et anguleuse pour révéler, du moins dans ce répertoire, une quelconque aptitude à colorer la phrase musicale, à défaut de mots qui n'en paraissent que plus secondaires.
Ce que pouvaient donc laisser présager les pièces pour voix seule se confirme dès les premières notes du Stabat Mater de Pergolèse : les deux chanteuses ne parlent pas la même langue. Dès lors, tout dialogue se révèle impossible. Tant bien que mal, la mezzo-soprano italienne tente de garder le contrôle d'un instrument qui n'en laisse pas moins échapper un vibrato hors de propos et des voyelles scabreuses, assurant en professionnelle digne mais peu concernée une partie dans laquelle elle paraît souvent à l'étroit, et dont la rhétorique lui demeure étrangère.
Murmures Ă fleur de gorge
Karina Gauvin a évidemment sur sa consoeur l'avantage de naviguer en terrain connu, ce qui lui permet de faire corps avec un texte qui peut apparaître en totale contradiction avec la musique, lorsque celle-ci subit un traitement par trop sautillant ou décoratif. Car il faut, pour restituer cette douloureuse sensualité qui est l'essence même du baroque napolitain, y oser ces murmures à fleur de gorge comme ces attaques sans détour, ces voyelles d'une acide clarté comme ces voluptueuses rondeurs, cette absence de vibrato comme ces trilles à se damner, ces infinis contrastes en somme qu'autorisent une émission kaléidoscopique.
Dirigée du clavecin par Ottavio Dantone, l'Accademia Bizantina oscille constamment entre la rafraîchissante spontanéité de sonorités fruitées et des effets d'un maniérisme intempestif. Et bien que le souci de justesse soit des plus louables, était-il vraiment nécessaire au premier violon d'interrompre l'exécution d'une oeuvre d'à peine plus d'une demi-heure pour s'accorder durant un temps qui n'a pu que paraître infini ?
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 26/09/2007 Mehdi MAHDAVI |
| Stabat Mater de Pergolèse sous la direction d'Ottavio Dantone au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Sinfonia de Il Trionfo della Vergine assunta in cielo
Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736)
Salve Regina
Nicola Porpora (1686-1768)
Salve Regina
Giovanni Battista Pergolesi
Stabat Mater
Karina Gauvin, soprano
Daniella Barcellona, mezzo-soprano
Accademia Bizantina
direction : Ottavio Dantone | |
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