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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de France sous la direction de Daniele Gatti, avec la participation du violoniste Laurent Korcia au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
La furia italienne
Très attendue, cette soirée de l'Orchestre National sous la direction de Daniele Gatti : c'était la première prestation du maestro italien depuis sa nomination à la tête de cette phalange où en septembre 2008, il succédera à Kurt Masur en temps que directeur musical. À l'issue du concert, au tonnerre d'applaudissements du public répond l'ovation des musiciens.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 18/10/2007
Nicole DUAULT
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Daniele Gatti plébiscité par l'Orchestre National de France, voilà qui augure un avenir pacifique entre le chef et ses troupes. Drôle de changement pour les musiciens : la rigueur austère et intelligente du charismatique Masur va laisser place à une furia italienne aussi imaginative que sensible. On perçoit ces traits dès les premiers gestes du maestro qui communique instantanément son ardeur.
Il est vrai qu'il a la chance d'être confronté, dans le 2e concerto pour violon de Bartók, à un soliste flamboyant et extatique, Laurent Korcia. Le beau violoniste étonne et rayonne en plaçant les accents toniques là où on ne les attend pas forcément. Il décuple cette partition énergique, foisonnant d'une implacable joie de vivre en un hymne à la passion.
Étrange choix ensuite pour le chef italien que d'avoir programmé la hiératique Notation VII pour orchestre de Pierre Boulez. Sans doute a-t-il voulu montrer les séductions d'une autre palette sonore et sa capacité à irriguer une oeuvre contemporaine de la fin du XXe siècle.
En revanche, les éclats du Sacre du printemps de Stravinski sont liés à jamais au Théâtre des Champs-Élysées, où à chaque audition, on a l'impression que le bâtiment lui-même vibre avec la musique. Quand on a vu si souvent le Sacre dans diverses chorégraphies comme celles de Maurice Béjart ou de Pina Bausch, il est difficile de faire abstraction d'images fortes pour concentrer son écoute sur la musique seule.
L'orchestre se précipite dans cette partition si familière. Gatti le fait cavaler en se donnant le lustre de fignoler les détails. Un peu trop sans doute. La rapidité et l'orfèvrerie n'ont rien à voir avec la sauvagerie d'un Sacre qui soulève l'humus fertile et renaissant. La boue éclaboussant les danseurs, encore une image de Pina Bausch jadis sur la scène de l'Opéra de Paris. Chassons-la. Le chef italien, avec une autorité souveraine, entraîne son orchestre dans un jaillissement sonore qui nous aide à effacer nos souvenirs pour n'écouter finalement que la partition.
Depuis la rentrée, la direction des deux orchestres de Radio France a imaginé, à l'initiative de Christian de Pange, de répondre en direct aux questions des spectateurs. Une dizaine d'élèves des conservatoires, soigneusement badgés, sont à leur disposition aussi bien à l'accueil qu'aux entractes ou à l'issue du concert. La question la plus souvent posée ce soir a trait au bis donné sans l'annoncer par Laurent Korcia : il s'agissait de la Sonate pour violon seul de Bartók.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 18/10/2007 Nicole DUAULT |
| Concert de l'Orchestre national de France sous la direction de Daniele Gatti, avec la participation du violoniste Laurent Korcia au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour violon et orchestre n° 2
Laurent Korcia, violon
Pierre Boulez (*1925)
Notation VII pour orchestre
Igor Stravinski (1882-1971)
Le Sacre du printemps, tableaux de la Russie païenne en deux parties
Orchestre National de France
direction : Daniele Gatti | |
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