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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Roméo et Juliette de Gounod mise en scène par Michael Cavanagh et sous la direction de Jean-Yves Ossonce à l'Opéra de Montréal.

Shakespeare chez les mafiosi
© Yves Renaud

Marc Hervieux (Roméo) et Maureen O'Flynn (Juliette).

Retrouvant en quelque sorte son répertoire de prédilection, l'Opéra de Montréal propose une transposition aussi amusante qu'inoffensive du Roméo et Juliette de Gounod, sans pour autant transcender les limites d'une distribution honorable mais inégale. Il faut compter sur le métier de Jean-Yves Ossonce qui, à ses débuts montréalais, articule un commentaire orchestral subtil et nuancé.
 

Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal
Le 15/11/2007
Renaud LORANGER
 



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  • S'il peut paraĂ®tre trivial d'encadrer les amants mythiques dans les conflits souterrains d'une VĂ©rone d'après-guerre rĂ©solument gangstĂ©riste, l'idĂ©e ne manque nĂ©anmoins pas de charme. Elle n'apporte que peu, cependant, Ă  la lecture d'un ouvrage qui, nonobstant sa part mince mais essentielle d'hĂ©ritage shakespearien, ne supporte pas vraiment les prĂ©occupations dramaturgiques. Le spectacle rĂ©alisĂ© par Michael Cavanagh et ses collaborateurs est fluide et vif, la scĂ©nographie se veut Ă  la fois riche et Ă©quilibrĂ©e, clin d'Âśil un brin moqueur Ă  une Ă©poque et Ă  son esthĂ©tique lĂ©gèrement sucrĂ©e.

    Le chef français Jean-Yves Ossonce, directeur du Grand Théâtre de Tours – et dont on recensait encore récemment les vibrantes inquiétudes quant à l'avenir même de sa compagnie –, livre à la tête d'un Métropolitain en bonne forme une réelle leçon de style et d'expression. À des années-lumière des éclairages doucereux mais superficiels auxquels d'aucuns nous ont habitué, ou encore des emportements tapageurs faussement romantiques dont l'éminent Plácido Domingo, en des lieux autrement plus augustes, fit encore dernièrement démonstration, Ossonce assume pleinement les qualités comme les faiblesses d'une musique qui mérite assurément qu'on la traite avec retenue et intériorité ; elle n'en brille alors que d'un éclat plus vrai.

    Exception faite de la célébrissime valse de Juliette, la partition ne partage en effet de Faust que peu des poncifs descriptifs, pourvu que l'on y croie. On déplorera néanmoins, une fois encore, la liberté avec laquelle on traite le texte, l'usage étant depuis longtemps garant de coupures arbitraires qui devraient impérativement être restituées, ne serait-ce que par pur souci d'intégrité documentaire.

    Nimbé ainsi du meilleur lyrisme, le plateau pâtit hélas par moments d'excès comme de lacunes plus ou moins anecdotiques. Distribuer l'opéra français se veut aujourd'hui un art autant qu'une science pas toujours exacte : si confier emploi à un chanteur francophone n'est plus postulat implicitement incontournable, s'aventurer hors des sentiers battus n'en est pas moins risqué.

    Bonheur inégal, donc – pour nos époux illicites au premier chef, pour leurs acolytes également. Le ténor de Marc Hervieux est ample et bien projeté, l'aigu est percutant, le français très bon. Qui plus est, son Roméo est achevé, complet selon ses propres paramètres. Il n'en est que plus frustrant que le chanteur malmène la ligne à de si nombreux moments, que son chant pèche par manque de finesse alors qu'il se veut ardent et investi au point de détimbrer plusieurs fins de phrase.

    On passera sur la diction à peine exotique de Maureen O'Flynn pour retenir la fragilité naïve de son personnage, élément central d'une caractérisation sinon bien anonyme. La voix en elle-même n'est pas des plus chaleureuses, agile certes mais limitée dans l'aigu. Le même constat pourrait s'appliquer au Stéphano juvénile et enthousiaste de Sarah Wyatt.

    Denis Sedov, catastrophique d'émission comme de style, confirme l'érosion de moyens jadis autrement plus probants. Alexander Dobson est imposant de présence mais son Mercutio ne séduit pas, Chad Louwerse n'a pas exactement l'autorité ni la profondeur de Capulet. Pierre-Étienne Bergeron est un beau Pâris et Geneviève Desprès excellente en Gertrude.




    Salle Wilfrid Pelletier, Place des Arts, Montréal
    Le 15/11/2007
    Renaud LORANGER

    Nouvelle production de Roméo et Juliette de Gounod mise en scène par Michael Cavanagh et sous la direction de Jean-Yves Ossonce à l'Opéra de Montréal.
    Charles Gounod (1818-1893)
    Roméo et Juliette, opéra en cinq actes (1867)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré d'après Shakespeare

    Choeur de l'Opéra de Montréal et Orchestre Métropolitain du Grand Montréal
    direction : Jean-Yves Ossonce
    mise en scène : Michael Cavanagh
    décors et costumes : Claude Girard
    Ă©clairages : Guy Simard
    préparation du choeur : Claude Webster

    Avec :
    Marc Hervieux (Roméo), Maureen O'Flynn (Juliette), Denis Sedov (Frère Laurent), Alexander Dobson (Mercutio), Chad Louwerse (Capulet), Geneviève Desprès (Gertrude), Sarah Myatt (Stéphano), Antoine Bélanger (Tybalt), Stephen Hegedus (Gregorio), Pierre-Étienne Bergeron (Pâris), Alexandre Sylvestre (Duc de Vérone).

     


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