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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de l'Italienne à Alger de Rossini mise en scène par Sandrine Anglade et sous la direction de Pascal Verrot à l'Opéra de Lille.
Une Italienne bien emballée
Un couple s'ennuie et rĂŞve d'orientalisme. Pour ressourcer sa passion, il s'invente une histoire fantasmagorique. Celle-ci comble ses fantasmes dans un burlesque de pacotille vers lequel il s'embarque entre valises bien remplies et portes qui claquent. C'est Ă Lille, avant Amiens et Caen, l'Italienne Ă Alger, fantaisie lyrique de Rossini.
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« Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée », disait Musset. À Lille, les portes s'entrebâillent, s'ouvrent et enfin se ferment. Elles sont quinze, presque autant que les valises transbahutées par les personnages. C'est là l'essentiel de la mise en scène de Sandrine Anglade qui, avec espièglerie, nous transporte dans un inconscient où l'orientalisme traditionnel laisse place à une bataille de polochons et à une pluie de mouchoirs de papier.
C'est drôle, sympathique, sans prétention, avec une infinité de clins d'yeux. Par exemple, la petite robe rouge qu'Anita Edberg portait dans La Dolce Vita affuble l'héroïne au second acte. La metteur en scène nous laisse cependant sur notre faim. Que n'a-t-elle étudié l'affaire plus en profondeur? Que n'a-t-elle, avec tout le talent qu'on lui connaît, analysé plus finement cette oeuvre torride qui évoque autant le tragique de la condition féminine que celle des relations avec les autres, avec les étrangers ?
Sans être le chef-d'oeuvre de Rossini, l'Italienne, qu'il composa à 21 ans, occupe une place prépondérante, avec un inégalable feu d'artifice vocal. La production lilloise met en avant les chanteurs, notamment la mezzo Allyson McHardy. La jeune Canadienne possède une virtuosité qui met en valeur une palette de nuances chaleureuses et éclatantes. Elle a la rondeur du rôle et s'impose dans un séduisant, doux et caressant Per lui che adoro.
Il y a de quoi faire fondre le désopilant Mustafà de Jonathan Veira, qui, en pyjama, s'en donne à coeur joie. Peut-être en fait-il un peu trop sur le plan dramatique et pas assez dans les vocalises de Pappataci. Le reste de la distribution est parfaitement convaincant avec l'éblouissante Elvira de Bernarda Bobro et l'excellent Lindoro de Nicholas Phan. Quant à Jean-Luc Ballestra, magnifique Haly, il confirme des qualités couronnées naguère par une Victoire de la musique.
L'Orchestre de Picardie s'en sort honorablement, même si la direction de Pascal Verrot manque un peu de brio, d'envolée, de rythme et d'éclat. Mais cette production a un mérite majeur, nous donner l'envie de voir d'autres mises en scène de Sandrine Anglade et de réentendre les jeunes solistes, surtout la révélation Allyson McHardy. L'Opéra de Lille est décidément un tremplin de beaux talents.
Prochaines représentations les 4 et 6 décembre à la Maison de la Culture d'Amiens, les 18, 20 et 22 décembre au Théâtre de Caen.
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