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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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Récital du pianiste Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Sommets pianistiques
Une fois encore, le pianiste moscovite Boris Berezovsky, fidèle à Paris, aura donné un récital en forme de leçon de piano dans le cadre des Productions Albert Sarfati. Au-delà d'une technique hors norme, c'est l'essence même de la musique qui triomphe, dans le répertoire russe comme dans la musique française. Une soirée du Théâtre des Champs-Élysées inoubliable.
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Derrière sa silhouette et son calme visage de bon géant, Boris Berezovsky dissimule l'une des plus flamboyantes personnalités du piano contemporain. Pour rendre compte d'un récital comme celui-ci, il faut bien se résoudre à puiser dans la boîte à superlatifs, exercice toujours périlleux. Mais tant pis, allons-y !
D'entrée, avec le premier des Six contes de fée de Medtner, c'est un choc. Cette Campanella en si mineur est l'occasion d'une étourdissante démonstration de piano-orchestre, démonstration qui se poursuivra toute la soirée, sous divers aspects. Ici, c'est l'immensité d'un son qui concerne toute l'étendue du clavier et qui est tout à fait caractéristique du jeu de l'artiste. Puissance sans brutalité et fluidité sans confusion.
Cela veut dire que le piano résonne comme le souhaitait par exemple un Liszt, avec autant de richesse qu'un orchestre entier, mais que les doigts font totalement oublier le côté percussion de l'instrument. Comment Berezovsky y parvient-il à ce degré ? Il faudrait le lui demander
Très peu de ses collègues parviennent ainsi à allier les extrêmes, la plupart ne pouvant éviter une certaine agressivité un peu dure dans les forte ni un manque de clarté quand les doigts vont plus vite que la musique. Rien de semblable ici.
On retrouvera cette approche incroyable du clavier dans toutes les oeuvres jouées ce soir, Préludes et Barcarolle de Liadov, transcription par Tchernov d'Une nuit sur le mont chauve de Moussorgski et pages de Ravel : Miroirs et Gaspard de la nuit, un Scarbo totalement incroyable concluant le programme.
Le clavier chante comme le violon, gronde comme des orgues, fait les deux à la fois, rêve en demi-teintes d'une subtilité impalpable, scintille de mille couleurs ou s'angoisse en froides sonorités chaque fois que la musique le demande. Si les mains semblent se multiplier, pas un muscle du visage ne bouge. Tout ce que le pianiste a à dire passe par le piano.
Berezovsky n'a que 38 ans. On sait qu'il est aussi performant en musique de chambre qu'en soliste, notamment avec la bande des russes Vadim Repin, Alexandre Kniazev, Dmitri Makhtin et Brigitte Engerer leur soeur de lait. Une abondante discographie en témoigne. Il ne faut s'en priver, pas plus que de ses fréquentes apparitions chez nous en public.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 28/11/2007 Gérard MANNONI |
| Récital du pianiste Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Anatoli Liadov (1855-1914)
Cinq préludes et Barcarolle
NikolaĂŻ Medtner (1880-1951)
Six contes de fée
Modest Moussorgski (1839-1881)
Une nuit sur le mont chauve
Arrangement de Tchernov
Maurice Ravel (1875-1937)
Miroirs
Gaspard de la nuit
Boris Berezovsky, piano | |
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