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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Requiem de Verdi sous la direction de Stefano Lano au Teatro ColĂłn, Buenos Aires.
Requiem pour une saison mort-née
Le Teatro Colón clôt en beauté sa saison lyrique 2007 par une très belle exécution du Requiem de Verdi. Une soirée qui laisse néanmoins un goût amer au public portène, après l'annonce il y a peu de l'annulation de la saison 2008, pourtant année du centenaire, et qui pourrait aussi signifier la dissolution de l'orchestre de la maison.
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Il n'est pas aisé de s'attaquer une oeuvre telle que le Requiem de Verdi : tellement jouée, et par les meilleurs, qu'innover sans la défigurer semble mission impossible. C'est pourtant ce que parvient à faire Stefan Lano, dont la prestation avait déjà été particulièrement appréciée le mois dernier dans Elektra.
Toujours au Teatro Coliseo, à trois cents mètres du Teatro Colón en rénovation cette année, le chef argentin parvient à tirer de la partition un nouveau souffle, exploitant tout ce qu'il trouve à sa disposition. Il joue allègrement avec le tempo, passant d'un Confutatis d'une lenteur extrême à un Lacrymosa vif et rapide qui glace le sang.
Jamais dans la demi-mesure, il découpe avec précision la partition par groupes d'instruments, pour faire ressortir une froideur clinique à l'arrivée de le Dieu vengeur dont il est question. Il n'hésite pas à ralentir le tempo et à détacher les notes, ce qui saisit d'autant plus, comme il le fait avec la partie du basson au début du Quid sum miser.
On ne passe pas à côtés d'une certaine emphase, avec notamment une grosse caisse sèche et excessivement puissante qui couvre l'orchestre à chacune de ses interventions, l'adrénaline des spectateurs s'en ressentant d'autant plus, mais certainement au détriment de leurs oreilles, tout particulièrement dans le Dies irae.
L'orchestre est pour le reste quasiment irréprochable, discipliné, ne se laissant pas perturber par la menace de disparition qui pèse sur lui, comme l'un de ses membres le signifie à l'ensemble de la salle au début de la représentation par un communiqué. Notons des bois d'une fraîcheur remarquable et un premier violon exceptionnel. Le choeur est également de très bonne facture, qui ne commet pas la moindre erreur.
Une très belle exécution envers et contre tout, car les éléments se déchaînent contre chaque représentation. Tout d'abord la salle, à l'acoustique très moyenne, souffre d'une scène trop petite, coinçant les solistes entre l'orchestre et une centaine de choristes. Ensuite, les maladies amputent la distribution masculine : la basse américaine Greer Grimsley est remplacée par Hernán Iturralde, tout comme le ténor mexicain Dante Alcalá par Raúl Melo.
En dépit de cette hécatombe, les solistes font plutôt bonne figure. Hernán Iturralde est parfait, avec une voix bien en place, puissante. Raúl Melo est plus à la peine, mais assure sans prendre de risques particuliers. La voix reste un peu haute et raide, mais il est difficile d'en tenir rigueur à un chanteur embarqué si tard dans cette aventure.
Un merveilleux mezzo
Du côté des femmes, on retrouve la même hétérogénéité. La mezzo-soprano Annette Seiltgen est une merveille : elle resplendit tant par sa présence et sa magnifique robe rouge que par son excellence vocale et sa musicalité sans faille, avec des graves bien assurés et une grande souplesse – Liber scriptus, Lacrymosa.
Enfin, la soprano uruguayenne MarĂa JosĂ© Siri est assez dĂ©cevante. MalgrĂ© une Ă©mission Ă©paisse qui semble tout Ă fait adaptĂ©e, sa performance demeure en retrait. La voix manque de fermetĂ© et un ample vibrato la rend quelque peu inaudible par moments. Par ailleurs, elle dĂ©coupe exagĂ©rĂ©ment sa diction.
Les saluts sont émouvants : c'est la dernière fois que ce merveilleux orchestre se produit à Buenos Aires avant longtemps. Espérons que l'annulation de la saison ne provoquera pas sa dissolution, ce que redoutent tant les musiciens que le public. En début de soirée, alors que les applaudissements saluant l'entrée des solistes et du chef cessaient, un cri s'éleva : « Queremos temporada ! » (nous voulons une saison !). Le public s'enflamma et applaudit, salué par le chef et l'ensemble des musiciens. Une ambiance décidément aussi politisée que le chef-d'oeuvre de Verdi qui était joué.
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Teatro Coliseo, Buenos Aires Le 25/11/2007 Arthur RICHER |
| Requiem de Verdi sous la direction de Stefano Lano au Teatro ColĂłn, Buenos Aires. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Messe de Requiem
MarĂa JosĂ© Siri, soprano
Annette Seiltgen, mezzo-soprano
Dante Alcalá, ténor
Hernán Iturralde, basse
Coro Estable del Teatro ColĂłn
Orquesta Estable del Teatro ColĂłn
direction : Stefan Lano
préparation des choeurs : Salvatore Caputo | |
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