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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Pinchas Steinberg Ă la salle Pleyel, Paris.
Une Patrie germanisante
Parmi les premiers concerts suivant la traditionnelle trêve des confiseurs, l'apparition de Pinchas Steinberg à la tête de l'Orchestre de Paris aura été l'occasion de confirmer le regain de popularité du cycle symphonique Ma Patrie de Smetana. Une exécution qui, à défaut d'une vraie atmosphère Mitteleuropa, bénéficie d'une trame dramatique parfaitement huilée.
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DrĂ´le d'idĂ©e, en forme d'abondance de biens dans une pĂ©riode post-fĂŞtes gĂ©nĂ©ralement frugale, que d'avoir ajoutĂ© Ă l'unitĂ© d'un cycle Ma Patrie de Smetana se suffisant parfaitement Ă lui-mĂŞme le Carnaval de Dvořák, mĂŞme si ce dernier est sans doute idĂ©al pour dĂ©buter un programme symphonique et malgrĂ© son appartenance Ă un triptyque, aux cĂ´tĂ©s des ouvertures Dans la nature et Otello.
Brillant, rutilant même, avec ses rythmes endiablés, la frénésie de son furiant qui en fait une danse slave à grande échelle, ce Carnaval bénéficie en sa partie centrale de la belle individualisation des bois de l'Orchestre de Paris – le cor anglais – et d'un véritable apaisement qui jamais ne rime avec alanguissement. Même si dans les épisodes survoltés, Daniel Klajner avait été à notre sens plus loin dans l'exaltation en raison d'une finition orchestrale supérieure, Steinberg se sort de l'exercice sans tapage inutile.
Dans le manifeste national Má Vlast de Smetana, ultime chef-d'oeuvre d'un compositeur devenu totalement sourd et rongé par la maladie, le chef israélien, qui dirige de mémoire, ne cherche jamais la verdeur des sonorités tchèques typiques, les ambiances Europe centrale dont foisonne pourtant la partition, mais unifie la dramaturgie du cycle comme celle d'un opéra, avec une continuité toute germanique dans son arche, évoquant souvent le kaléidoscope sonore d'un Richard Strauss.
Optique parfaitement défendable au demeurant, qui ose même de saisissants contrastes internes jamais nuisibles à la trame d'ensemble – Par les prés et bois de Bohême –, bien que l'on ait connu Vyšehrad aux harpes plus caressantes et évocatrices, Šárka plus tenues dans leur course à l'abîme finale. De même, le geste parfois crispé de Steinberg engendre une précision orchestrale trop souvent perfectible dans le détail de la virtuosité sinon dans les blocs sonores en valeurs longues de Tábor ou la sinuosité délicate des flûtes de la Moldau, mais l'ensemble possède le souffle et la grandeur épique nécessaires.
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Salle Pleyel, Paris Le 09/01/2008 Yannick MILLON |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Pinchas Steinberg Ă la salle Pleyel, Paris. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Karneval, ouverture op. 92 (1891)
Bedřich Smetana (1824-1884)
Má Vlast, cycle symphonique (1882) :
Vyšehrad
Vltava
Šárka
Z českĂ˝ch luhů a hájů
Tábor
BlanĂk
Orchestre de Paris
direction : Pinchas Steinberg | |
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