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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Première à l'Opéra de Lille du Didon et Énée de Purcell mis en scène par Jacques Osinski et dirigé par Kenneth Weiss.

Précieuse miniature
© Elisabeth Carecchio

Jennifer Johnston (Didon)

Preuve que les festivals et maisons d'opéras ont tout à gagner d'organiser des coproductions, l'Opéra de Lille affiche le Didon et Énée qu'avait proposé Kenneth Weiss à l'Académie d'Aix-en-Provence, ville où elle reviendra d'ailleurs à la fin du mois. Un véritable bijou que cette production de l'opéra miniature de Henry Purcell.
 

Opéra, Lille
Le 11/01/2008
Nicole DUAULT
 



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  • Voici une petite merveille. Le chef-d'oeuvre miniature – une heure – de Purcell marque, comme on le sait, les débuts de l'opéra en Angleterre à la fin du XVIIe siècle. Il résume dans une intensité poignante les amours contrariées de Didon et d'Enée, d'autant qu'on n'assiste ni à la déclaration d'amour de l'illustre Troyen, ni à la mort de la reine de Carthage.

    Purcell a écrit son opéra pour une école de jeunes filles et il n'était pas question de leur faire jouer et chanter des scènes impudiques ou violentes. Tout est dans l'expression vocale et musicale. Cette somme émotionnelle, portée par une musique aux airs sublimes et aux choeurs éclatants, s'épanouit autant dans la mise en scène et les décors que dans l'interprétation des jeunes chanteurs.

    Cette réussite est celle du claveciniste-chef d'orchestre Kenneth Weiss, qui a reconstitué la partition à l'aide de plusieurs copies de l'original qui n'a pas été conservé. Son travail d'orfèvre s'associe à l'Académie d'Aix-en-Provence où il a formé d'authentiques talents. En témoigne une distribution très homogène dans son ensemble, et plus particulièrement concernant les trois rôles principaux : la mezzo Jennifer Johnston (Didon), le baryton Adam Green (Enée) et la soprano japonaise Shigeko Hata (Belinda).

    Ils possèdent une force de conviction que leur sens artistique transcende. Dans sa tunique noire, visage lumineux, regard immobile, silhouette statique, Jennifer Johnston impressionne par la pesanteur de la passion dont son être frissonne. Lors des lamentations, elle subjugue par une étonnante retenue : une grande artiste.

    La mise en scène sobre ne focalise pas les regards mais instrumentalise l'histoire. À jardin, un escalier et un miroir. Sur les degrés sont installés les musiciens qui font face au clavecin de Kenneth Weiss qui donne, bien sûr, à l'orchestre une technique baroque. Cet escalier, ce miroir, un espace qui s'ouvre côté cour pour laisser entrevoir l'Esprit (le contre ténor Ivo Posti) représentant la conscience du héros, et voilà cette simple et efficace mise en scène d'Osinski.

    Elle aussi privilégie l'émotion plutôt que le spectaculaire. Depuis cette production, Jacques Osinski a été nommé à la tête du Centre dramatique des Alpes, et il vient de réaliser sa seconde mise en scène d'opéra, le Cardinal et la folie, d'André-Cardinal Destouches, créé au festival d'Ambronay et programmé le 1er février à l'Opéra-Comique.

    Les coproductions paraissent aujourd'hui indispensables à la vie des maisons d'opéra. Les festivals sont là pour cela. Ce Didon et Enée ne restera pas à Lille sans lendemain. Caroline Sonrier, directrice de l'Opéra, en est convaincue et a décidé de travailler avec le nouveau patron d'Aix, le Belge Bernard Foccroulle.




    Reprise au Grand-Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, les 23 et 24 janvier.




    Opéra, Lille
    Le 11/01/2008
    Nicole DUAULT

    Première à l'Opéra de Lille du Didon et Énée de Purcell mis en scène par Jacques Osinski et dirigé par Kenneth Weiss.
    Henry Purcell (1659-1695)
    Dido and Aeneas, opéra en trois actes (1689)
    Livret de Nahum Tate

    Coproduction avec le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence

    Choeur et Orchestre de l'Académie européenne de Musique du Festival d'Aix-en-Provence
    direction : Kenneth Weiss
    mise en scène : Jacques Osinski
    décors et costumes : Christophe Ouvrard
    éclairages : Catherine Verheyde

    Avec :
    Jennifer Johnston (Didon), Adam Green (Énée), Shigeko Hata (Belinda), Diana Higbee (Seconde dame / Première sorcière), Tomomi Mochizuki (l'Enchanteresse), Diana Axentii (Deuxième sorcière), Ivo Posti (Esprit), Olivier Hernandez (Marin).

     


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