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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Christoph von Dohnányi à la salle Pleyel, Paris.
Au cœur de la tradition germanique
Christoph von Dohnányi est l'un des derniers représentants d'une génération de chefs d'orchestre qui tend à disparaître dans le concert de la mondialisation. À la tête d'un Orchestre de l'Opéra national de Paris en pleine possession de ses moyens, il magnifie par un style incomparable, salle Pleyel, deux pièces majeures du grand répertoire allemand.
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Peu de chefs d'orchestre aujourd'hui peuvent se prévaloir d'un parcours aussi exceptionnel que celui de l'Allemand d'origine hongroise Christoph von Dohnányi, né en 1929. Héritier d'une tradition qui remonte, par son grand-père célèbre compositeur et pianiste, à Liszt, Brahms, Bartók et Kodaly, fort d'une expérience acquise auprès de Ferenc Fricsay puis Leonard Bernstein, il s'est forgé au fur et à mesure des postes prestigieux qu'il a occupés à Lübeck, Kassel, Cologne, Hambourg – où il officie encore auprès de l'Orchestre de la NDR –, Cleveland, Londres – le Philharmonia qu'il quittera cette année.
À la tête d'un Orchestre de l'Opéra national de Paris qui troque pour l'occasion la fosse pour la scène, il ne vise pas aux effets de manche, mais avec une économie de moyens sa maîtrise dépouillée recherche plus l'expression, la concentration que le narcissisme ou le désir de plaire. On en a la démonstration avec l'interprétation du 1er quatuor pour piano et cordes en sol mineur de Brahms orchestré par Schönberg qui pourrait être sous une autre baguette d'une lourdeur et d'une expressivité vide de sens.
Dohnányi possède le grand art, la classe qui consistent à ne jamais forcer le trait – les références tziganes proches du cabaret –, à alléger la pâte sonore avec une précision – les interventions des percussions –, une virtuosité (Rondo alla zingarese), une agilité qui sont la marque d'un seigneur de la direction d'orchestre.
Dans Une vie de héros de Richard Strauss, la complexité de l'orchestration paraît limpide et le caractère monumental connoté de références à Nietzsche et Wagner s'en trouve allégé par un geste économe mais toujours frémissant qui anime des musiciens littéralement soulevés par la tension et l'énergie.
Tour à tour, l'interprétation atteint un raffinement – l'attention aux couleurs –, une puissance – climax lors du combat du héros – dans un tempo alerte, fluide et souple, où l'aspect narratif, celui du poème symphonique et de la musique à programme, transparaît sans jamais céder aux tentations de la facilité. Le violon supersoliste Maxime Tholance n'est pas pour rien dans cette impression tant ses interventions, dont on connaît l'importance dans cette œuvre aux relents autobiographiques, témoignent d'une finesse de touche qui fait penser à celle des meilleurs Konzertmeister.
Salle Pleyel, l'esprit, celui de la musique, a envahi les lieux grâce aux sortilèges distillés par les musiciens d'un Orchestre de l'Opéra de Paris dont on peut affirmer sans crainte qu'il appartient au gotha des orchestres français.
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Salle Pleyel, Paris Le 19/01/2008 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Christoph von Dohnányi à la salle Pleyel, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor pour piano et cordes n° 1 en sol mineur, op. 25 (1861)
Orchestration d'Arnold Schönberg (1932)
Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben, op. 40 (1899)
Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Christoph von Dohnányi | |
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