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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Cardillac d'Hindemith mis en scène par André Engel, sous la direction de Kazushi Ono à l'Opéra de Paris.

Succès confirmé pour Cardillac
© Christian Leiber

Reprise absolument justifiée de l'excellente production de l'opéra Cardillac de Paul Hindemith qu'avait signée André Engel en 2005. Deux nouveaux venus dans la distribution, dont le rôle-titre confié à Franz Grundheber, et un nouveau chef en la personne de Kazushi Ono ne changent rien au succès de cet excellent spectacle, hélas déserté par le public !
 

Opéra Bastille, Paris
Le 29/01/2008
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Le public parisien est dĂ©cidĂ©ment incorrigible. On se demande mĂŞme s'il Ă©voluera un jour et se passionnera pour autre chose que le rĂ©pertoire traditionnel. Il n'est en effet pas normal qu'une oeuvre aussi intĂ©ressante – et aussi facile Ă  voir et Ă  entendre – que le Cardillac d'Hindemith, donnĂ©e dans une excellente production et une distribution du plus haut niveau, laisse tant de fauteuils vides dans la salle de la Bastille alors que Tosca, dans une problĂ©matique mise en scène et une distribution mĂ©diocre, a encore fait salle comble rĂ©cemment sur son seul titre.

    Cardillac a été créé en 1926, il y a donc plus de quatre-vingts ans. Ce n'est quand même pas du dernier révolutionnaire ! La partition orchestrale est splendide, dirigée ici avec une brillante intelligence et sans une erreur de parcours par Kazushi Ono qui fait ses débuts à l'Opéra de Paris et quitte la saison prochaine la direction musicale de la Monnaie de Bruxelles pour prendre celle de l'Opéra de Lyon comme chef principal. Un grand sens des couleurs, une belle maîtrise du plateau et une manière très théâtrale de faire avancer sans cesse la musique sans tomber pour autant dans la précipitation.

    © C. Pelé

    Franz Grundheber est Cardillac. Le valeureux baryton-basse que nous avons applaudi dans tant de grands rôles, à Paris en particulier, et qui aura marqué notamment le personnage de Wozzeck, incarne un l'orfèvre meurtrier sans jamais forcer sur les effets, avec une sorte de tranquillité qui rend son personnage encore plus inquiétant, avec une voix toujours aussi présente.

    Hormis David Bizic, Sergent Prévôt sans reproche, aucun autre nouveau venu ne faisait son entrée dans une distribution quasiment idéale. Angela Denoke, très en voix, reste incomparable dans ce rôle bizarre de la fille de Cardillac, sorte d'anti-héroïne dotée d'une partie vocale d'une vraie beauté qu'elle chante de manière somptueuse.

    Charles Workman reste un Chevalier de grand luxe face à la très féminine Dame d'Hannah Esther Minutillo, dont on retrouve avec joie la fluide silhouette et la voix séduisante. Christopher Ventris est avec la même efficacité en charge de l'Officier, lui aussi anti-héros à sa manière puisqu'il ne parvient ni à séduire vraiment la fille de Cardillac ni a sauver la vie de ce dernier. Quant à Roland Bracht, il reste un très solide Marchand d'or à la voix sonore.

    Tout ce qui est visuel fonctionne toujours aussi bien, qu'il s'agisse de la direction d'acteurs d'André Engel, des séduisants décors années 1930 de Nicky Rieti, des superbes costumes de Chantal de La Coste Messelière, des éclairages d'André Diot. Une mention particulière aussi pour les choeurs, omniprésents et qui sont un personnage à part entière. Une belle soirée d'opéra, qu'un DVD publié chez Bel Air Classiques avec la distribution d'origine met aussi à la portée de tous.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 29/01/2008
    GĂ©rard MANNONI

    Reprise de Cardillac d'Hindemith mis en scène par André Engel, sous la direction de Kazushi Ono à l'Opéra de Paris.
    Paul Hindemith (1895-1963)
    Cardillac, opéra en trois actes et quatre tableaux (1926)
    Livret de Ferdinand Lion d'après la nouvelle d'E.T.A. Hoffmann Das Fräulein von Scuderi

    Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Kazushi Ono
    mise en scène : André Engel
    décors : Nicky Rieti
    costumes : Chantal de La Coste Messelière
    éclairages : André Diot
    préparation des choeurs : Winfried Maczewski

    Avec :
    Franz Grundheber (Cardillac), Angela Denoke (Die Tochter), Christopher Ventris (Der Offizier), Hannah Esther Minutillo (Die Dame), Charles Workman (Der Kavalier), Roland Bracht (Der Goldhändler), David Bizic (Der Anführer der Prévoté).

     


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