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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Cardillac d'Hindemith mis en scène par André Engel, sous la direction de Kazushi Ono à l'Opéra de Paris.
Succès confirmé pour Cardillac
Reprise absolument justifiée de l'excellente production de l'opéra Cardillac de Paul Hindemith qu'avait signée André Engel en 2005. Deux nouveaux venus dans la distribution, dont le rôle-titre confié à Franz Grundheber, et un nouveau chef en la personne de Kazushi Ono ne changent rien au succès de cet excellent spectacle, hélas déserté par le public !
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Le public parisien est décidément incorrigible. On se demande même s'il évoluera un jour et se passionnera pour autre chose que le répertoire traditionnel. Il n'est en effet pas normal qu'une oeuvre aussi intéressante – et aussi facile à voir et à entendre – que le Cardillac d'Hindemith, donnée dans une excellente production et une distribution du plus haut niveau, laisse tant de fauteuils vides dans la salle de la Bastille alors que Tosca, dans une problématique mise en scène et une distribution médiocre, a encore fait salle comble récemment sur son seul titre.
Cardillac a été créé en 1926, il y a donc plus de quatre-vingts ans. Ce n'est quand même pas du dernier révolutionnaire ! La partition orchestrale est splendide, dirigée ici avec une brillante intelligence et sans une erreur de parcours par Kazushi Ono qui fait ses débuts à l'Opéra de Paris et quitte la saison prochaine la direction musicale de la Monnaie de Bruxelles pour prendre celle de l'Opéra de Lyon comme chef principal. Un grand sens des couleurs, une belle maîtrise du plateau et une manière très théâtrale de faire avancer sans cesse la musique sans tomber pour autant dans la précipitation.
Franz Grundheber est Cardillac. Le valeureux baryton-basse que nous avons applaudi dans tant de grands rôles, à Paris en particulier, et qui aura marqué notamment le personnage de Wozzeck, incarne un l'orfèvre meurtrier sans jamais forcer sur les effets, avec une sorte de tranquillité qui rend son personnage encore plus inquiétant, avec une voix toujours aussi présente.
Hormis David Bizic, Sergent Prévôt sans reproche, aucun autre nouveau venu ne faisait son entrée dans une distribution quasiment idéale. Angela Denoke, très en voix, reste incomparable dans ce rôle bizarre de la fille de Cardillac, sorte d'anti-héroïne dotée d'une partie vocale d'une vraie beauté qu'elle chante de manière somptueuse.
Charles Workman reste un Chevalier de grand luxe face à la très féminine Dame d'Hannah Esther Minutillo, dont on retrouve avec joie la fluide silhouette et la voix séduisante. Christopher Ventris est avec la même efficacité en charge de l'Officier, lui aussi anti-héros à sa manière puisqu'il ne parvient ni à séduire vraiment la fille de Cardillac ni a sauver la vie de ce dernier. Quant à Roland Bracht, il reste un très solide Marchand d'or à la voix sonore.
Tout ce qui est visuel fonctionne toujours aussi bien, qu'il s'agisse de la direction d'acteurs d'André Engel, des séduisants décors années 1930 de Nicky Rieti, des superbes costumes de Chantal de La Coste Messelière, des éclairages d'André Diot. Une mention particulière aussi pour les choeurs, omniprésents et qui sont un personnage à part entière. Une belle soirée d'opéra, qu'un DVD publié chez Bel Air Classiques avec la distribution d'origine met aussi à la portée de tous.
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