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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concerts Beethoven de l'Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, avec la participation de la pianiste Maria JoĂŁo Pires Ă la salle Pleyel, Paris.
Jubilatoire !
Le projet d'intégrale des Symphonies de Beethoven engagé sur trois ans, salle Pleyel, par Sir John Eliot Gardiner à la tête de l'Orchestre symphonique de Londres a commencé sous les meilleurs auspices tant par l'éloquence et l'engagement de la direction du chef britannique que par le jeu d'une absolue simplicité de Maria João Pires dans le 4e concerto.
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Beethoven a toujours fasciné John Eliot Gardiner qui déclarait en 1990 : « My old favorite is Beethoven ! ». Conforté par l'enseignement qu'il a reçu auprès de Nadia Boulanger, le chef britannique n'a cessé depuis de questionner le Titan de Bonn au point même d'enregistrer l'intégrale de ses symphonies sur instruments d'époque entre 1991 et 1993 (chez Archiv).
Les deux concerts donnés salle Pleyel avec le London Symphony constituent une autre expérience tout aussi grisante car Gardiner a pensé les problèmes d'interprétation à travers une érudition qui englobe aussi bien la tradition – par exemple celle de Scherchen d'une radicalité dérangeante – que l'apport des baroqueux – mise à nu des questions d'articulation, de tempo.
Pourtant, ce lecteur assidu de Romain Rolland n'oublie jamais que, même dans l'abstraction, Beethoven est un être de chair et de sang, marqué par la philosophie des Lumières et les hymnes révolutionnaires. L'appel à la liberté se retrouve dans cette direction euphorique (ouvertures de Leonore II et Les Créatures de Prométhée), toujours souple (Allegro con brio de l'Héroïque), dont l'humour haydnien n'est jamais absent et qui, par sa vocalité, le sens de la ligne et du phrasé, ne cesse de captiver.
On pourra préférer l'alacrité de la 8e symphonie à la réalisation moins aboutie de la 2e symphonie mais l'homogénéité du LSO, l'équilibre entre bois et cordes facilitée par la disposition des pupitres proche de ce que souhaitait Berlioz assure la cohésion tant instrumentale qu'acoustique.
Une Eroica puissante et abrupte
En revanche, l'Eroica à la fois puissante et abrupte – la progression de la Marche funèbre témoigne d'un art exceptionnel de la gradation –, mais légère et vivace – le Scherzo est véritablement un allegro vivace avec des cuivres et des bois d'une aisance à couper le souffle – est un moment de musique pure.
Cerise sur le gâteau, l'interprétation du 4e concerto par Maria João Pires, dépouillée, poétique, accordée à la tendresse et au murmure intime (Andante con moto) ne perd jamais ni grandeur (Allegro moderato) ni unité (Rondo vivace). L'ombre de Clara Haskil semble flotter au-dessus du monde réel l'espace d'un instant. Ces moments de bonheur partagé font attendre avec fébrilité la suite de cette intégrale révolutionnaire et romantique ancrée dans la tradition la plus novatrice.
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Salle Pleyel, Paris Le 03/02/2008 Michel LE NAOUR |
| Concerts Beethoven de l'Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, avec la participation de la pianiste Maria João Pires à la salle Pleyel, Paris. | 2 février
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36 (1803)
Leonore II, ouverture op. 72a (1805)
Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93 (1814)
3 février
Les Créatures de Prométhée, ouverture op. 43 (1801)
Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur op. 58 (1808)
Maria JoĂŁo Pires, piano
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 55 « Eroica » (1804-1805)
London Symphony Orchestra
direction : Sir John Eliot Gardiner | |
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