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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Version de concert de Lohengrin de Richard Wagner sous la direction de Jaap van Zweden à la salle Pleyel, Paris.

Un Lohengrin de haut vol
© Marco Borggreve

En version de concert salle Pleyel, Lohengrin de Wagner captive, durant près de quatre heures, sous la direction équilibrée de Jaap van Zweden. D'un plateau vocal d'exception se distingue le couple idéal formé de Klaus Florian Vogt, Lohengrin au chant d'une pureté confondante et d'Anne Schwanewilms, Elsa à la fragilité saisissante.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 05/02/2008
Michel LE NAOUR
 



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  • Heureuse surprise que ce Lohengrin donné en version de concert dont on n'attendait pas une telle réussite, parfois supérieure en bien des domaines à ce que l'on peut entendre aujourd'hui à Bayreuth. Bien sûr, point de théâtre, de décor, mais la musique seule sur scène – et non dans la fosse – avec un orchestre au complet – et même des trompettes placées à différents endroits de la salle –, des choeurs sur les gradins et des chanteurs qui, au gré de leurs interventions, entrent ou sortent à cour ou à jardin.

    Le prélude, d'entrée de jeu, ne rassure pas – aucune couleur orchestrale, un tempo trop preste –, mais très vite l'horizon s'éclaircit tant le chef hollandais Jaap van Zweden, ancien violon solo du Concertgebouw d'Amsterdam, tient ses troupes en main, voire à la baguette, et contrôle avec efficacité, homogénéité, tension et sens de la construction cette partition fleuve – plus de trois heures trente – qui ne souffre aucun relâchement.

    Certes, l'Orchestre Philharmonique de la Radio Néerlandaise dont il assure la direction musicale depuis 2005 ne brille pas par une luxuriance de la sonorité et peut même paraître terne, n'étaient la cohésion, la discipline et l'engagement qui chevillent les instrumentistes au corps. En revanche les choeurs n'ont rien à envier à ceux de Bayreuth, bien que les conditions acoustiques de Pleyel ne puissent rivaliser avec celles du Festspielhaus !

    La distribution est de rêve dans cet affrontement de légende. Klaus Florian Vogt, tant physiquement que vocalement, incarne le rôle-titre avec une présence rayonnante. Il est Lohengrin, ce personnage surnaturel au timbre clair presque mozartien qui, sans effort – il fut corniste solo de l'Orchestre de la Radio de Hambourg –, par la pureté de son chant, atteint les cieux les plus éthérés. Il ne lui manque peut-être que ce nuage de vaillance et d'héroïsme propre aux Heldentenöre ; sa prestation est cependant si aboutie que toute critique semble superflue.

    L'Elsa de sa compatriote Anne Schwanewilms évoque l'Agathe du Freischütz – opéra dont Wagner était admiratif – par la tendresse poétique qui émane d'elle. La fragilité qui se dégage de son interprétation comme son apparence en font une héroïne touchante et obstinée. La satisfaction est aussi de mise, mais à un moindre degré, chez le couple maléfique.

    Eike Wilm Schulte, en vieux renard des scènes d'opéra, est un Telramund assuré à la texture vocale puissante sur laquelle les années ne semblent pas avoir de prise. L'Italienne Marianne Cornetti impressionne dans le rôle noir d'Ortrud par son énergie au premier degré, quoique le sentiment du drame de cette Elektra avant la lettre l'emporte souvent sur le chant pur. La stature hors du commun du Norvégien Ronnie Johansen en roi Heinrich permet d'oublier une certaine fatigue de l'aigu, alors que Geert Smits est, quant à lui, un héraut d'une présence parfaite.

    À l'issue de cette représentation de si haut niveau, terminée à minuit et demie, on sort oublieux du réel, mais l'euphorie de la légende, fût-elle wagnérienne, ne fait hélas pas oublier les contingences des transports parisiens. Programmer cette version de concert à 19h plutôt que 20h aurait sans doute permis d'éviter que la salle se vide avant et pendant le troisième acte.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 05/02/2008
    Michel LE NAOUR

    Version de concert de Lohengrin de Richard Wagner sous la direction de Jaap van Zweden à la salle Pleyel, Paris.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Lohengrin, opéra romantique en trois actes (1850)
    Version de concert

    Choeur de la Radio Néerlandaise
    Orchestre Philharmonique de la Radio néerlandaise
    direction : Jaap van Zweden
    préparation des choeurs : Udo Mehrpohl

    Avec :
    Klaus Florian Vogt (Logengrin), Anne Schwanewilms (Elsa), Eike Wilm Schulte (Friedrich von Telramund), Marianne Cornetti (Ortrud), Ronnie Johansen (le roi Heinrich), Geert Smits (le Héraut), Stefan Heibach (premier noble du Brabant), Amand Hekkers (deuxième noble du Brabant), Hugo Oliveira (troisième noble du Brabant), Dennis Wilgenhof (quatrième noble du Brabant), Elma van den Dool, Anitra Jellema, Anjolet Rotteveel, Ans van Dam (pages).

     


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