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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Werther de (Jules !) Massenet
Werther, un prénom qui sied à Massenet
Décidément, les Genevois ne respectent rien ! Ne vont-ils pas jusqu'à affubler le nom du compositeur de Werther de ce prénom (Jules) qu'il avait en horreur et qu'il interdisait que l'on utilisât. À ceci près, cette nouvelle production Genevoise de Werther est une authentique réussite.
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Grand Théâtre, Genève
Le 05/11/1999
Antoine Livio (1931-2001)
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Durant son règne sur la programmation lausannoise, Renée Auphan avait déjà affiché l'oeuvre de Massenet (sans prénom), dans une mise en scène du sympathique et talentueux duo Caurier-Leiser, avec Brigitte Balleys, Charlotte pathétique et troublante, une Sophie juvénile et fraîche où débutaient l'exquise Brigitte Fournier et Niel Rosenschein en Werther.
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Béatrice Uria-Monzon après Carmen a trouvé en Charlotte un rôle à la mesure de son talent de tragédienne.
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Terminant son règne genevois, Renée Auphan reprend le chef d'oeuvre de Goethe, traduit en musique par Massenet, mais en choisissant cette fois la réalisation du metteur en scène allemand Willy Decker (coproduction avec Amsterdam et Lyon). Willy Decker est sans doute à l'heure actuelle un des rares metteurs en scène qui sache honorer la musique, en commençant par l'écouter, tout en connaissant la valeur et le message du livret, mais en marquant le tout au fer rouge d'une personnalité exceptionnelle. Je ne crois pas avoir été jamais déçu par un de ses travaux et ce, quel que soit la scène pour laquelle il ait conçu l'oeuvre. De Wagner à Berg, de Britten à Verdi, voire de Tchaikowski à Bartok tout lui réussit. C'est un metteur en scène qui a des yeux à la place des oreilles, ou le contraire. Sa vision, sa traduction de Werther est, comme toujours d'une limpidité totale. L'oeuvre relève donc de la tragédie, avec ces éclats de soleil, lorsque Sophie entre en scène. La grande table - symbole de la famille - la juxtaposition des scènes, plutôt que leur enchaînement, la lecture des lettres qui devient l'instant de crise antique : on retrouve Goethe, sans jamais perdre Massenet. C'est du grand art.
Pour son premier contact avec l'immense fosse du Grand-Théâtre, je ne crois pas que le sympathique Jean-Claude Casadesus ait été particulièrement à l'aise. Il a forcé le trait et il ne faut pas en demander davantage à l'Orchestre de la Suisse Romande pour qu'aussitôt cela sonne germanique
ils ont hélàs trop longtemps travaillé sous la baguette de Horst Stein ! Mais il y eut de fort beaux moments, des instants de grâce, particulièrement avec Béatrice Uria-Monzon qui paraît avoir trouvé en Charlotte un rôle à la mesure de son talent de tragédienne. Evidemment Marcus Haddock et Gilles Cachemaille étaient de taille à lui donner une réplique
sans réplique, même si de temps à autre, on eût souhaité un peu plus de sensibilité.
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Grand Théâtre, Genève Le 05/11/1999 Antoine Livio (1931-2001) |
| Werther de (Jules !) Massenet | Werther de (Jules !) Massenet
Direction musicale : Jean-Claude Casadesus
Mise en scène : Willy Decker
DĂ©cors et costumes : Wolfgang Gussmann
Avec Béatrice Uria-Monzon (Charlotte), Brigitte Fournier(Sophie), Marcus Haddock (Werther), Gilles Cachemaille (Albert), Jean-Marie Frémeau (le Bailli), Antoine Garcin (Johann), Christian Jean (Schmidt), Franck Hagendorf (Brühlmann). | |
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