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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Rustres d'Ermanno Wolf-Ferrari mise en scène par Grischa Asagaroff et sous la direction de Daniele Callegari au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Rustres comme il faut
Roberto Scandiuzzi (Lunardo) et Paolo Rumetz (Maurizio).
L'opéra I Quattro Rusteghi d'Ermanno Wolf-Ferrari, véritable découverte que le Théâtre du Capitole de Toulouse et son directeur Nicolas Joel ont eu l'excellente idée de programmer, retrouve l'esprit de la Commedia dell'arte dans une production venue de Zurich en tous points excellente, tant au niveau scénique que musical.
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La musique du Vénitien Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948) ne bénéficie pas de tout l'intérêt qu'elle mériterait pourtant. À l'écoute des Rustres, comédie musicale en trois actes créée à Munich en 1906, la virtuosité de l'écriture, la finesse de touche, l'élan qui se dégage d'une oeuvre adaptée avec beaucoup de liberté de Goldoni, portent la marque d'un créateur en pleine possession de ses moyens. Né de père allemand et de mère italienne, Wolf-Ferrari a su, à travers diverses influences, faire la synthèse d'un art allemand appris à Munich et d'un style italien enseigné à Venise par son maître Perosi, tout en rejetant les sirènes wagnériennes si prégnantes à son époque.
La fantaisie du livret – quatre barbons misogynes tentent de s'opposer à leurs épouses et d'imposer leur diktat au mariage de la fille de l'un d'entre eux, mais vaincus par les stratagèmes mis en place, doivent abandonner leurs prétentions – est propice à une débauche théâtrale mais plus encore à une science de l'orchestration et de la conduite des voix qui n'a rien à envier au Falstaff de Verdi.
La distribution est digne de tous les éloges : les hommes forment un quatuor irrésistible avec un sens de l'effet, une drôlerie où le père mène le bal (l'excellent Roberto Scandiuzzi dans le rôle de Lunardo), mais les autres comparses, Paolo Rumetz (Maurizio), Carlos Chausson (Simon) et Giuseppe Scorsin (Canciano), tiennent aussi la dragée haute au jeune Filipeto (Luigi Petroni), plus vrai que nature lorsqu'il doit se travestir.
Les femmes, babillardes, rouées, ne sont pas en reste dans leur volonté d'indépendance face à la muflerie de leurs époux, et la jeune promise Diletta Rizzo-Marin (Lucieta), qui est d'ailleurs la fille de Roberto Scandiuzzi, laisse entrevoir, par l'aisance vocale dont elle fait preuve, des lendemains enchanteurs.
La mise en scène de Grischa Asagaroff, trépidante, est un grand moment de théâtre dans un décor qui reproduit le Grand Canal de Canaletto et dont les éléments se déplacent au fur et à mesure des tableaux, poussés par des mimes très suggestifs en habits de Carnaval. La direction de Daniele Callegari, souple, fluide, attentive aux couleurs et aux timbres, soucieuse de l'effet comique, est pleine d'énergie. L'Orchestre du Capitole, chauffé à blanc, sans cesse en mouvement, offre un régal instrumental. Somme toute un spectacle épatant.
Espérons que Wolf-Ferrari sortira de cet oubli relatif dans lequel, chez nous, il est confiné, alors que tant de productions baroques, parfois d'un intérêt moindre, continuent d'être mises au goût du jour !
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 29/02/2008 Michel LE NAOUR |
| Nouvelle production des Rustres d'Ermanno Wolf-Ferrari mise en scène par Grischa Asagaroff et sous la direction de Daniele Callegari au Théâtre du Capitole, Toulouse. | Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948)
I Quattro Rusteghi, comédie musicale en trois actes (1906)
Livret de Giuseppe Pizzolato d'après Carlo Goldoni
Orchestre national du Capitole de Toulouse
direction : Daniele Callegari
mise en scène : Grischa Asagaroff
décors et costumes : Luigi Perego
Ă©clairages : Hans-Rudolf Kunz
pantomime : Luigi Prezioso
Avec :
Roberto Scandiuzzi (Lunardo), Marta Moretto (Margarita), Diletta Rizzo-Marin (Lucieta), Paolo Rumetz (Maurizio), Luigi Petroni (Filipeto), Chiara Angella (Marina), Carlos Chausson (Simon), Giuseppe Scorsin (Canciano), Daniela Mazzucato (Felice), Francesco Piccoli (Il Conte Riccardo Arcolai), Nicole Fournié (Serva della Marina). | |
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