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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Trios avec piano de Schubert par Renaud Capuçon, Gautier Capuçon et Frank Braley dans le cadre des Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Un Schubert de notre Ă©poque
Aucun souci à se faire pour la relève des grandes équipes de chambristes. Aujourd'hui totalement habitués à jouer ensemble, les frères Renaud et Gautier Capuçon et le pianiste Frank Braley renouent dans Schubert avec la meilleure tradition instrumentale en ce domaine. Mais avec un esprit et une sensibilité d'aujourd'hui.
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Ce sont d'abord tous les trois de remarquables instrumentistes. Frank Braley, qui privilégie la sincérité de la musique de chambre et celle de récitals aux programmes bien pensés, a atteint une réconfortante maturité sans rien perdre de son enthousiasme ni de sa spécificité dans le monde du piano.
Utilisant sa capacité d'analyse exceptionnelle, il n'abandonne jamais, dans son rapport avec l'instrument ni dans son approche des partitions, cette subjectivité qui nous interroge, nous intrigue parfois, nous intéresse toujours. Même dans la parfaite osmose qu'il vit avec ses partenaires, dans ce répertoire où le piano demeure l'axe central du propos et des structures, il parvient à être lui-même et schubertien à sa manière, sans se démarquer de la démarche globale entreprise avec le violon et le violoncelle.
Son Schubert est-il trop léger, notamment dans le 1er trio en sib majeur D.898 ? Il est plutôt pudique, sobre, réticent à trop révéler ses angoisses, mais d'une lumière superbe, jouant avec subtilité sur de multiples changements d'état d'âme.
Cette manière d'aborder le compositeur dans la clarté – même si ces trios sont contemporains du Voyage d'hiver, ils ne relèvent pas d'un univers aussi hallucinatoire et sombre – se retrouve chez Renaud et Gautier Capuçon, qui ont chacun leur propre personnalité aussi. Cette génération privilégie pour l'instant la qualité instrumentale, et avec quel résultat somptueux dans le cas des deux frères !
Qualité sonore de rêve
On admire l'élégance crâne du phrasé de Renaud tout comme l'investissement passionné de Gautier, l'un et l'autre nous gratifiant d'une qualité sonore de rêve. Et cela dans un élan commun sans la moindre bavure, avec une générosité collective qui les lie étroitement au pianiste.
Même si certaines équipes d'autrefois, plus âgées, formées d'une autre manière, ont donné des interprétations plus dramatiques ou plus intellectuellement sophistiquées des 1er et 2e trio avec piano, il y a ici une sincérité, un éclat maîtrisé, une vérité directe qui conviennent tout aussi bien au compositeur.
Dans la mesure où aucune faute stylistique n'est commise, il faut bien admettre que le temps passe et que l'on ne peut en rester éternellement à des copies conformes de principes hérités de quelques interprétations dites « de référence ». Un musicien français de 30 ou 40 ans aujourd'hui ne peut vivre et sentir Schubert comme un maître germanique des années 1950.
La ferveur intime de ces deux trios, le foisonnement inventif de leur écriture, le charme doux-amer flirtant avec un désespoir viscéral des états d'âme tourmentés du compositeur, connaissent au cours de ce concert des traductions exactes, attachantes, parfois nouvelles et étonnantes, mais d'une facture qui est vraiment celle des grandes équipes de musique de chambre.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/03/2008 Gérard MANNONI |
| Trios avec piano de Schubert par Renaud Capuçon, Gautier Capuçon et Frank Braley dans le cadre des Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Trio pour piano, violon et violoncelle en sib majeur, D.898
Trio pour piano, violon et violoncelle n° 2 en mib majeur, D.929
Frank Braley, piano
Renaud Capuçon, violon
Gautier Capuçon, violoncelle | |
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