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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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7e symphonie de Mahler par l'Orchestre Symphonique de Londres sous la direction de Valery Gergiev à la salle Pleyel, Paris.
Nuit blanche
Chef imprévisible mais doté d'une capacité d'improvisation et d'imagination inépuisable, Valery Gergiev a su dynamiser le London Symphony Orchestra dans une 7e symphonie de Mahler au climat délibérément romantique, dans une lecture plus attachée à exposer une lumière saturée qu'à traduire les jeux d'ombres du Chant de la nuit.
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Après les événements rocambolesques du concert de la veille à Dijon, les musiciens du London Symphony Orchestra qui ont retrouvé leurs instruments se confrontent à nouveau salle Pleyel à l'une des symphonies les plus modernes et les plus incendiaires de Gustav Mahler.
En effet, la 7e symphonie, dans ses cinq mouvements purement orchestraux, intègre deux Nocturnes (Nachtmusik) de caractère romantique proches de la notion si germanique de fantaisie, mais porte aussi en germe, par l'alliage des timbres, toute l'évolution de la musique dodécaphonique. Schoenberg dans Pierrot lunaire et plus tard Webern sauront tirer parti du minimalisme d'une écriture qui intègre même en son sein des instruments à plectre – comme la guitare et la mandoline.
Valery Gergiev, par la liberté de ton et d'esprit qu'il réussit à insuffler, relayé par un Orchestre Symphonique de Londres électrique et tendu, dégage de manière expressive le lyrisme, l'énergie et la puissance épique de cette oeuvre parfois déconcertante – en particulier l'énigmatique Rondo-Finale récapitulatif.
Les tempos vifs, où l'engagement physique d'un chef en verve – mais la battue reste toujours une curiosité avec une main gauche qui vibrionne sans cesse – recherchent davantage la cohérence et le sentiment d'urgence (Allegro con fuoco initial, Scherzo) tout en laissant pourtant apparaître, dans les moments de détente, une finesse de détail.
Toutefois, cette impressionnante lecture qui évite les dangers du maelström sonore et de la puissance à tout va ne creuse pas la dimension mystérieuse d'une nuit transfigurée. Les masques défilent en plein jour et le cortège funèbre, digne d'une danse des morts, s'agite dans la lumière la plus aveuglante. Goyesque à souhait, la Ronde de nuit du Scherzo ne possède pas l'ironie d'un Bernstein ni l'aspect fantomatique d'un Abbado, mais impressionne par la violence et la tenue de la pulsation rythmique.
Sans jamais renoncer ni à la jubilation ni à l'héroïsme, Gergiev parvient à structurer le final qui paraît soudain d'une lisibilité peu commune. La prestation du LSO est miraculeuse de clarté, de souplesse, de ductilité et contribue grandement au résultat enthousiasmant obtenu par un chef visiblement inspiré. Les mêmes interprètes entreprennent actuellement l'enregistrement intégral en concert des symphonies de Mahler sous le label LSO Live, poursuivant la politique discographique entreprise par Sir Colin Davis auquel Gergiev a succédé comme chef principal de l'orchestre.
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Salle Pleyel, Paris Le 09/03/2008 Michel LE NAOUR |
| 7e symphonie de Mahler par l'Orchestre Symphonique de Londres sous la direction de Valery Gergiev à la salle Pleyel, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur (1908)
Orchestre Symphonique de Londres
direction : Valery Gergiev | |
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