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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre National de France sous la direction de Riccardo Muti au Théâtre des Champs-Elysées, Paris.
Le culte du bon goût
Familier de l'Orchestre National de France qu'il dirige chaque année, Riccardo Muti, au Théâtre des Champs-Élysées, dans un programme exigeant où Haydn et Mozart cohabitent avec Salieri, prouve une fois encore que qualité de l'interprétation n'est pas nécessairement synonyme de bouleversement stylistique.
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Jadis et naguère, des chefs d'orchestre tels que Bruno Walter, Otto Klemperer, Josef Krips, Karl Böhm ou Thomas Beecham ne craignaient pas d'inscrire à leur répertoire les symphonies de Mozart et de Haydn les moins rebattues. Riccardo Muti entretient avec ce répertoire – lui qui fréquente assidûment le festival de Salzbourg – une relation privilégiée et se fait un devoir de le programmer auprès des orchestres internationaux qu'il dirige aujourd'hui.
En effet, ce retour à la simplicité formelle des pères fondateurs de la symphonie impose aux instrumentistes une obligation de résultat où la perfection n'admet aucun défaut. L'équilibre des pupitres, l'homogénéité des cordes, l'absence d'effets, le sens des nuances doivent sans cesse l'emporter et suscitent un engagement plus proche de la litote que du débordement. On peut faire confiance à Muti pour atteindre de tels objectifs.
L'ONF, qui sous l'influence de Kurt Masur a désormais acquis la plénitude, peut répondre aux intentions d'un chef privilégiant la science classique, la pureté sonore sur l'audace des révisions baroques et du retour aux origines. Le chef italien présente ici un panorama très suggestif de différentes périodes de la création de compositeurs qui ont fait les beaux jours de ce que l'on a baptisé a posteriori la Première École de Vienne.
Au Sturm und Drang des 39e symphonie de Haydn et 25e symphonie de Mozart – toutes deux en sol mineur – répond la synthèse vif argent de la 89e symphonie en fa majeur de Haydn écrite en 1787 pour Londres dans l'esprit de la philosophie des Lumières et la curiosité de la musique de ballet de l'opéra l'Europa Riconosciuta – que Muti a ressuscité à la Scala de Milan en septembre 2004.
Hormis la prestation très brillante de la hautboïste Nora Cismondi dans les cadences de cette dernière oeuvre et la subtilité que sait introduire Muti, la musique de Salieri ne peut, en aucune manière, se comparer à ses pairs car elle s'écoute sans convaincre alors que les émois de Mozart et l'esprit de Haydn emportent l'adhésion.
Concentrés sous la direction ductile, précise et souple du maestro à la chevelure de jais, les instrumentistes de l'Orchestre National manifestent un engagement de tous les instants qui rappelle combien l'universalité de cette musique ne peut être l'apanage d'une seule chapelle. « Sois celui que tu es », préconisait déjà Nietzsche. Il semble que Riccardo Muti, au-delà des modes qui gouvernent notre époque, ait choisi de rester adepte d'un classicisme légèrement teinté d'orages et de passion où somme toute l'éloge apollinien du Beau l'emporte contre vents et marées.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 13/03/2008 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre National de France sous la direction de Riccardo Muti au Théâtre des Champs-Elysées, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 39 en sol mineur (ca. 1767)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n° 25 en sol mineur K. 183 (1773)
Antonio Salieri (1750-1825)
Musique de ballet extraite de l'opéra l'Europa Riconosciuta (1778)
Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 89 en fa majeur (1789)
Orchestre national de France
direction : Riccardo Muti | |
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