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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation de la mezzo-soprano Rinat Shaham Ă la salle Pleyel, Paris.
Sentiment partagé
Il fallait trouver un fil d'Ariane qui associe la Symphonie Jeremiah de Leonard Bernstein à la 7e symphonie d'Anton Bruckner. Plus à l'aise dans la religiosité de la première que dans l'édification métaphysique de la seconde, Christoph Eschenbach, à la tête de l'Orchestre de Paris, a tour à tour séduit ou laissé sur sa faim.
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Entre l'oeuvre d'Anton Bruckner et celle de Leonard Bernstein, la comparaison ne s'impose pas d'emblée. La discographie nous a appris que le chef américain savait donner toute la religiosité qui convient à la musique de son aîné, surtout lorsqu'il dirigeait l'Orchestre Philharmonique de Vienne. C'est sans doute ce sens du sacré qui préside à la tonalité générale du concert proposé par Christoph Eschenbach avec l'Orchestre de Paris. La 1re symphonie « Jeremiah » composée pendant les affres de la Seconde Guerre mondiale par un jeune homme assistant de Serge Koussevitzki à Boston puis d'Arthur Rodzinski à New York prend sa source dans la prophétie biblique.
Par la concentration des moyens, elle atteint dans la lamentation finale chantée par la mezzo-soprano – en l'occurrence Jenny Tourel lors de la création en 1944 avec l'Orchestre Symphonique de Pittsburgh – une dimension où la prière rejoint l'imprécation du peuple d'Israël confronté à la Shoah. Christoph Eschenbach, qui a reçu le Prix Leonard Bernstein du Pacific Music Festival, est familier de cette partition avec laquelle il entre en sympathie tandis que la mezzo israëlienne Rinat Shaham, au timbre chaud, rend par son engagement et sa sincérité l'inspiration encore plus poignante.
Le sentiment d'éternité parcourt la 7e symphonie de Bruckner, mais malgré les interventions d'une belle homogénéité des musiciens de l'Orchestre de Paris – des cuivres unis comme un seul homme, des bois toujours aussi pertinents et des cordes très soudées –, le chef peine à susciter un élan arrêté par la lenteur des tempi (un Adagio qui semble parfois se déliter).
Mozart prétendait en son temps que « le plus nécessaire et le plus difficile dans la musique, c'est le tempo ». Christoph Eschenbach semble se situer dans une tradition – celle des grands brucknériens de légende – sans réussir pour autant à maintenir le cap. À côté de moments particulièrement réussis (le Trio du Scherzo), d'autres semblent se perdre dans la minutie du détail au détriment de l'arche de la construction (Allegro moderato liminaire). La péroraison finale, après une ascension lente mais sûre, n'envahit pas l'espace comme savaient si bien le faire Furtwängler, Celibidache, Jochum ou Wand.
Trop composite sur le plan stylistique, l'interprétation manque de souffle malgré la puissance et l'éclat. Somme toute, la conception d'ensemble paraît disparate, ce qui n'était heureusement pas le cas pour la symphonie de Bernstein.
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Salle Pleyel, Paris Le 26/03/2008 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation de la mezzo-soprano Rinat Shaham Ă la salle Pleyel, Paris. | Leonard Bernstein (1918-1990)
Symphonie n° 1 « Jeremiah » (1944)
Rinat Shaham, mezzo-soprano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 7 en mi majeur (1884)
Orchestre de Paris
direction : Christoph Eschenbach | |
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