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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise du Barbier de Séville de Rossini mis en scène par Ruth Berghaus, sous la direction de Julien Salemkour à la Staatsoper de Berlin.

Éternel Barbier
© Monika Rittershaus

Ce printemps, la Staatsoper de Berlin commémore le travail de Ruth Berghaus (1927-1996), metteure en scène de l'Allemagne de l'Est qui a marqué esthétiquement le premier Opéra de la RDA des années 1960 à 1990. Pour ce Barbier de Séville de 1968 qui détient un record de longévité, la grande surprise demeure une fraîcheur scénique assez inattendue.
 

Staatsoper unter den Linden, Berlin
Le 02/04/2008
Hermann GRAMPP
 



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  • Ruth Berghaus, moins connue que ses collègues de l'ex-Allemagne de l'Est de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration – Joachim Herz (nĂ© en 1924), Götz Friedrich (1930-2000) et Harry Kupfer (nĂ© en 1935) – est nĂ©anmoins l'une des figures phares de la mise en scène d'opĂ©ra de la RDA. MariĂ©e au compositeur Paul Dessau, elle fit ses dĂ©buts Ă  la Staatsoper de Berlin en 1960, avec Die Verurteilung des Lukullus, opĂ©ra composĂ© par son mari d'après un livret de Bertolt Brecht, et rĂ©alisa jusqu'en 1991 vingt mises en scène pour la première scène lyrique berlinoise.

    De 1971 Ă  1977 elle fut Ă©galement directrice du théâtre de Brecht, le Berliner Ensemble, et en 1980 Ă  l'OpĂ©ra de Francfort, elle entama une longue collaboration avec le chef d'orchestre Michael Gielen, notamment pour un Ring appelĂ© Ă  faire date. Elle obtint la permission de travailler Ă  l'Ouest dès son premier engagement Ă  Munich en 1974, apparaissant mĂŞme deux fois Ă  Paris pour Wozzeck au Palais Garnier en 1985 et Ariane et Barbe-Bleue au Théâtre du Châtelet en 1991. Dans le cadre des « semaines Berghaus Â», la Staatsoper lui rend hommage avec deux mises en scène classiques, le Barbier de SĂ©ville de 1968, et PellĂ©as et MĂ©lisande de 1991.

    Le Barbier était alors sa contribution au centenaire de la mort de Rossini. Cette production dont le jeune Achim Freyer – aujourd'hui lui-même metteur en scène d'importance – était auteur de la scénographie était déjà culte du temps avant la chute du mur de Berlin : d'abord rejetée par la critique, elle fut un tel succès public qu'elle est restée depuis à l'affiche.

    Pour son quarantième anniversaire, elle frappe par une vivacitĂ© et une fraĂ®cheur tout Ă  fait incroyables. Quatre toiles « de Brecht Â» sont utilisĂ©es comme rideaux sur lesquels sont peints les deux lieux principaux de l'action : la rue et la maison de Bartolo Ă  SĂ©ville. Tout est minimaliste au meilleur sens du terme, la couleur blanche domine de manière agrĂ©able, la rue, l'intĂ©rieur et les meubles sont esquissĂ©s sur les toiles, les costumes sont classiques sans ĂŞtre ringards, le jeu est rapide et amusant.

    Les quatre lustres au-dessus de la scène sont employés de manière astucieuse : dès que l'air de la calomnie souffle, les lustres scintillent, et pendant la tempête du II, les toiles peintes sont tirées par des fils invisibles pour imiter le vent, allusion aux techniques infaillibles de la Commedia dell'arte.

    Même excellence globale au niveau vocal. Yosep Kang est un Almaviva lyrique-léger au superbe legato, le Bartolo de Bruno de Simone montre toute l'expérience d'une fréquentation assidue de Donizetti et Rossini, avec un abattage scénique idoine, Katharina Kammerloher campe une Rosina touchante et parfois presque trop dramatique, Tassis Christoyannis un Figaro rond et ferme de chant, bon comédien de surcroît. En revanche, le Basilio d'Alexander Vinogradov a tendance à forcer ses aigus, la Berta de Gal James est malheureusement insuffisante, et le Fiorello de Bernd Riedel a pour seul mérite d'avoir déjà chanté à la création du spectacle.

    Déception également quant à la direction sans panache ni exubérance, constellée de décalages rythmiques, de Julien Salemkour, assistant de Daniel Barenboïm. Orchestre de fosse parmi les plus sublimes la semaine dernière dans les Maîtres chanteurs, la Staatskapelle Berlin sonne ce soir comme une formation lambda.




    Staatsoper unter den Linden, Berlin
    Le 02/04/2008
    Hermann GRAMPP

    Reprise du Barbier de Séville de Rossini mis en scène par Ruth Berghaus, sous la direction de Julien Salemkour à la Staatsoper de Berlin.
    Gioacchino Rossini (1792-1869)
    Il Barbiere di Siviglia, opera-buffa en deux actes (1816)
    Livret de Cesare Sterbini, d'après Beaumarchais

    Chor der Staatsoper Unter den Linden, Berlin
    Staatskapelle Berlin
    direction : Julien Salemkour
    mise en scène : Ruth Berghaus
    décors, costumes & éclairages : Achim Freyer
    préparation des choeurs : Detlef Steffen

    Avec :
    Tassis Christoyannis (Figaro), Katharina Kammerloher (Rosina), Bruno de Simone (Bartolo), Yosep Kang (Comte d'Almaviva), Alexander Vinogradov (Basilio), Gal James (Berta), Bernd Riedel (Fiorello).

     


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