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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Walkyrie de Wagner mise en scène par David McVicar et sous la direction de Marko Letonja à l'Opéra du Rhin.
Une Walkyrie de théâtre
Jason Howard (Wotan)
Succès toujours aussi éclatant pour le deuxième volet du Ring de David McVicar à Strasbourg, avec une Walkyrie à la scénographie d'une beauté à couper le souffle et à la direction d'acteurs proprement fabuleuse. Un plateau jeune et la direction nerveuse de Marko Letonja à la tête d'un orchestre ressuscité participent à un grand moment de théâtre.
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Après la fulgurante réussite de Rheingold, on attendait beaucoup de la Walkyrie de David McVicar à l'Opéra du Rhin, deuxième étape d'un Ring wagnérien programmé sur quatre saisons. Car immédiatement passé le prologue tétralogique, la première journée fait une part nettement plus large à l'humain, et peu de metteurs en scène savent rendre aussi pleinement justice à l'un qu'à l'autre.
Parmi ces quelques happy few, l'Écossais parvient, en plus d'une direction d'acteurs psychologique et très physique, structurant l'espace scénique et la temporalité wagnérienne de manière à éviter tout statisme, à laisser une large place au mythe, par la scénographie, l'utilisation de fumées chéraldiennes et un fabuleux travail d'éclairage, en ne reniant aucune des trouvailles qui avaient fait le succès de l'Or du Rhin.
Ainsi, aux enjeux internes – la terrible brutalité de Hunding, sa violence sadique au meurtre ; la quasi absence de civilisation d'un Siegmund homme des bois qui embrasse une Brünnhilde désarçonnée lors de son retournement ; le côté « femme au bord de la crise de nerfs » d'une Fricka torturée sachant qu'en prononçant son verdict, elle a perdu son époux pour toujours ; les déchirements d'un Wotan qui file la métaphore christique, prenant autour de sa lance sur les mots « Das Ende » la position du sauveur sur la croix, avant de revêtir finalement la robe du Voyageur – répond le visuel de toute beauté du mythe – les hommes de Hunding stylisés façon arts martiaux ; les béliers humains de Fricka le dos couvert de coups de fouet ; les hommes-chevaux en armure des Walkyries, se cabrant en un saisissant ballet équestre au III ; le frêne noueux orné d'un crâne animal à la manière de Wieland Wagner ; le masque-rocher de Brünnhilde, qui s'ouvrira pour accueillir le sommeil de la Walkyrie déchue ; les frondaisons lumineuses et ondoyantes du printemps – en confirmant que les meilleures solutions scéniques restent souvent les plus simples.
Jason Howard est un Wotan clair et bien projeté, fort pour sa prise de rôle d'un grave net et d'une excellente gestion de ses longs monologues. Un rien d'accent trahit une origine plus anglo que saxonne et les éclats de colère sonnent encore frais, mais ce baryton mordant à la Stewart ou Fischer-Dieskau tient la distance sans posséder la maturité, l'autorité d'autres typologies vocales.
Hanne Fischer est une Fricka somptueuse de timbre et des plus engagées, aux tourments tout à fait crédibles. À fleur de peau, tantôt fragile, tantôt d'une volonté de fer, la Sieglinde d'Orla Boylan est handicapée par un timbre d'une ingrate verdeur et une émission grêle à notre sens rédhibitoires dans le répertoire lyrique.
Au moins laisse-t-elle une empreinte dramatique dont la vocalité mastoc, l'absence d'intentions et les stridences de l'aigu de la Brünnhilde de Jeanne-Michèle Charbonnet ne sauraient se prévaloir. Depuis le Tristan de Genève, la voix de la Canadienne, de moins en moins attentive au mot, n'a cessé de s'épaissir, l'émission de s'enrober.
Si le Hunding trompette de Clive Bayley ne marquera pas les esprits, la distribution, jeune, vaut pour la découverte du Néo-zélandais Simon O'Neill, Siegmund d'une superbe santé, timbré très haut, parfois nasal dans la vitesse du débit mais d'un réel héroïsme, d'aigu conquérant et d'une attention à bien chanter qui en font l'incarnation la plus probante de la production.
La meilleure surprise reste toutefois la prestation de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, si problématique l'an passé dans l'Or et ce soir comme transfiguré, fruit d'un changement de chef salutaire. Le jeune Marko Letonja conduit sans chute de tension ni relâchement une Walkyrie nerveuse, dramatique – une Chevauchée d'anthologie – et narrative – la précision de chaque timbre dans les monologues –, avec un remarquable sens des transitions et de la relance du tempo. La saison prochaine pour Siegfried, ce sera Claus Peter Flor
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 18/04/2008 Yannick MILLON |
| Nouvelle production de la Walkyrie de Wagner mise en scène par David McVicar et sous la direction de Marko Letonja à l'Opéra du Rhin. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Walküre, première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1870)
Livret du compositeur
Orchestre philharmonique de Strasbourg
direction : Marko Letonja
mise en scène : David McVicar
décors et costumes : Rae Smith
Ă©clairages : Paule Constable
Avec :
Simon O'Neill (Siegmund), Jason Howard (Wotan), Clive Bayley (Hunding), Orla Boylan (Sieglinde), Jeanne-Michèle Charbonnet (Brünnhilde), Hanne Fischer (Fricka), Karen Leiber (Gerhilde), Kimy McLaren (Ortlinde), Annie Gill (Waltraute), Katharina Magiera (Schwertleite), Sophie Angebault (Helmwige), Linda Sommerhage (Siegrune), Sylvie Althaparro (Grimgerde), Varduhi Abrahamyan (Rossweisse), David Greeves (Grane). | |
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