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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l’altiste Antoine Tamestit et du pianiste Nicholas Angelich à l'Auditorium du Louvre, Paris.
L’alto à la fête
Rares sont les récitals où l’alto est à l’honneur, car les grands altistes ne sont pas très nombreux non plus. Antoine Tamestit rejoint pourtant la cohorte de ceux qui rendent à ce bel instrument sa place de soliste. Ce concert de l’Auditorium du Louvre consacré à Mendelssohn, Brahms et Chostakovitch aux côtés du pianiste Nicholas Angelich l’a prouvé.
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Facilement supplanté par le violon ou le violoncelle comme soliste, car il dispose, c’est vrai, d’un moindre répertoire propre, l’alto devient pourtant un instrument d’une très grande beauté lorsqu’il entre les mains de personnalités de tout premier plan. On sait que Paul Hindemith fut un grand altiste, que Carlo-Maria Giulini débuta comme altiste, mais ce sont surtout quelques noms comme ceux de Serge Collot, Bruno Pasquier ou Gérard Caussé chez nous, ou encore de William Primrose, de Yuri Bashmet et de Tabea Zimmermann par exemple qui ont redoré le blason de l’instrument.
Certains grands violonistes, comme Yehudi Menuhin ou Shlomo Mintz, en ont aussi été les glorieux serviteurs. Et puis a surgi dans ce paysage quand même assez peu encombré la personnalité du Français Antoine Tamestit. À 29 ans, formé au CNSM de Paris, lauréat des concours internationaux les plus réputés, il a déjà joué dans tous les lieux et avec toutes les institutions qui comptent de par le monde en soliste et en musique de chambre. Il était donc parfaitement normal de le trouver associé, pour ce concert à l’Auditorium du Louvre, à Nicholas Angelich, qui est lui aussi une personnalité dominante dans le monde musical actuel.
Longtemps assez méprisé, en France surtout, Mendelssohn refait aujourd’hui un peu surface. C’est simple justice, car on connaît en fait fort mal la majorité de son œuvre. Il n‘avait que 14 ans quand il composa sa Sonate pour alto et piano en ut mineur pourtant d’une belle facture déjà assez personnelle, et qui n’était que l’une des partitions qui virent le jour en ces très riches années 1823-1824. Il est évident que l’alliance de deux solistes d’une telle qualité d’intelligence, d’instinct et d’imagination, ne pouvait que donner le meilleur relief à ces pages d’un beau romantisme spontané, sincère, attachant.
Écrite au départ pour clarinette et piano, la Sonate en fa mineur op. 120 n° 1 de Brahms est évidemment d’une toute autre envergure. Les deux sonates de 1894 sont les dernières œuvres de musique de chambre du compositeur allemand, une sorte de sommet en la matière. Les structures, la thématique, les développements mélodiques aux dessins magnifiques, l’équilibre du rapport avec le piano, l’écriture pianistique elle-même, tout entraîne dans le romantisme le plus profond, le plus avancé aussi. Tamestit et Angelich en donnent une lecture magistrale de la première à la dernière mesure, servie par un son ample, généreux, solide, souple de l’altiste et par toute la science chaleureuse, aussi engagée que réfléchie, du pianiste.
Un très fort moment émotionnel de musique de chambre, renouvelé après l’entracte avec la si belle Sonate op. 147 de Chostakovitch. Dernière œuvre du compositeur soviétique, créée en 1975 par son dédicataire Fiodor Droujinine, altiste du Quatuor Beethoven, c’est une partition étrange, aux climats changeants, souvent mélancoliques, parfois plus grinçants, émaillés de citations, qui permet à l’alto de déployer de très belles phrases aux sons larges, chauds, entrecoupés de rythmes aux allures presque folkloriques. Les deux interprètes y utilisent leur très grand talent de façon magistrale. Un superbe concert, hors du commun.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 14/05/2008 Gérard MANNONI |
| Concert de l’altiste Antoine Tamestit et du pianiste Nicholas Angelich à l'Auditorium du Louvre, Paris. | Mendelssohn, Brahms, Chostakovitch
Antoine Tamestit, alto
Nicholas Angelich, piano | |
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