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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Violeta Urmana accompagnée au piano par Jan Philip Schulze à la salle Pleyel, Paris.
Ni cirque ni cinéma
Pas d'afféteries ou d’artifices pour ce récital placé sous le signe de la seule qualité musicale, avec une Violeta Urmana en pleine maturité vocale et artistique, nullement amoindrie par sa fréquentation du grand répertoire de soprano, accompagnée par un Jan Philip Schulze méticuleux et digital. Un modèle de travail et de sobriété.
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C’est avec un réel plaisir que nous avions découvert Violeta Urmana en récital à Salzbourg en 2004, à l’heure où elle triomphait en Sieglinde à Bayreuth et Isolde à Lucerne. Si le programme de ce soir est sans surprise et n’intègre comme nouveauté significative que le seul Wagner qu’elle chante désormais régulièrement sur les plus grandes scènes, la qualité de l’interprétation reste tout aussi infaillible que par le passé, et cela n’est guère surprenant. Peu de chanteuses en effet réunissent à ce point les justes moyens d’un répertoire large et donc périlleux et la constante qualité de l’émission, immanquablement soutenue par un souffle souverain ; dans ces conditions la voix de la Lituanienne ne saurait que s’épanouir avec la maturité.
Loin de toute minauderie et de toute extravagance, Urmana adopte un port sobre et serein, confiante en un matériau vocal et une ligne de chant plus convaincants qu’aucun effet de scène. Trop souvent entendus à l’orchestre qui les prive de la fine dentelle d’une écriture pianistique des plus subtiles, les Wesendonck-Lieder qui ouvrent la soirée constituent peut-être le chef-d’œuvre musical du programme, par l’homogénéité du propos, la densité harmonique, la nouveauté du style et la modestie des moyens tout droit sortie de la face nocturne de l’inspiration du compositeur.
Un rien fébrile dans leur vocalité délicate admirablement sertie par le piano impalpable de Jan Philip Schulze, elle retrouve son plein aplomb pour des Rachmaninov où son ancien mezzo secondé d’un aigu ample et lumineux restitue à merveille les tumultes d’une musique exacerbée de nature et de passions amoureuses, et dont les faiblesses d’écriture – les codas toujours frondeuses et brouillonnes, excroissances que le pianiste peine à intégrer de manière cohérente dans le discours musical – ne laissent pas d’impressionner le public.
HĂ©donisme du timbre
Strauss est une autre histoire, plus littéraire, plus imaginatif, et plus exigeant en terme de couleur et de phrasé ; Schulze s’y livre à un savant travail de coloriste et d’articulation, tandis que la diva privilégie le lyrisme direct et vocal sur l’art parfois ambigu du verbe, écartant les ironies de Heine – Schlechtes Wetter – au profit de l’hédonisme immédiat du timbre, de l’arabesque, de l’accent, culminant dans un Zueignung étiré et de tempo prodigieusement galbé – le rubato du piano –, et dans un Cäcilie torride, presque sexuel, en bis.
Le choix d’adjoindre des airs d’opéra – qui à Salzbourg figuraient en bis – dans un programme de mélodies peut paraître discutable, même s’il est l’occasion d’entendre Urmana dans son cher répertoire italien, accompagnée avec quelque pâleur par un Schulze plus à son aise dans les transparences suspendues de Wagner que dans les accents charnels de Verdi.
Tosca à notre sens un rien trop entière, Gioconda belcantiste et tout en sfumato, Leonora royale, il n’est plus qu’à la soprano de proposer en bis – dans un meilleur français qu’en 2004 – Poulenc, puis Cäcilie, Obradors, une chanson d’amour lituanienne, pour déchaîner des tonnerres d’applaudissements, juste récompense d’une artiste sérieuse et discrète dont le talent et le travail n’ont pas besoin d’artifice pour conquérir le public.
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Salle Pleyel, Paris Le 20/05/2008 Thomas COUBRONNE |
| Récital de la soprano Violeta Urmana accompagnée au piano par Jan Philip Schulze à la salle Pleyel, Paris. | Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck-Lieder
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Kak mne bol’no, op. 21 n° 12
Vocalise, op. 34 n° 14
Dissonans, op. 34 n° 13
Zdes’ khorosho, op. 21 n° 7
Vesennije vodv, op. 14 n° 11
Richard Strauss (1864-1949)
Frühlingsgedränge, op. 26 n° 1
Wasserrose, op. 22 n° 4
Wir beide wollen springen, WoO 90
Befreit, op. 39 n° 4
Zueignung, op. 10 n° 1
Mit deinen blauen Augen, op. 56 n° 4
Schlechtes Wetter, op. 69 n° 5
Giacomo Puccini (1858-1924)
Vissi d’arte (Tosca)
Amilcare Ponchielli (1834-1886)
Suicidio (La Gioconda)
Guiseppe Verdi (1813-1901)
Pace, pace (La Forza del destino)
Bis :
Francis Poulenc (1899-1963)
Violon (Fiançailles pour rire)
Richard Strauss (1864-1949)
Cäcilie, op. 27 n° 2
Fernando Obradors (1897-1945)
Coplas de Curro Dulce
MĂ©lodie populaire lituanienne
Violeta Urmana, soprano
Jan Philip Schulze, piano | |
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