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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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4e symphonie de Bruckner par l’Orchestre Philharmonique de Munich sous la direction de Christian Thielemann au Festspielhaus de Baden-Baden.
L’expression de la tradition
S’affichant clairement comme le représentant d’une culture germanique dont il défend la tradition, le chef d’orchestre allemand Christian Thielemann s’affirme, à Baden-Baden, le digne héritier de cette conception à la tête de son orchestre Philharmonique de Munich dans une 4e symphonie de Bruckner aux choix pleinement assumés.
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Fidèle à un parcours qui se situe effrontément dans l’affirmation sans états d’âme d’une direction d’orchestre qui regarde vers le passé, Christian Thielemann est parfaitement à son aise dans la geste brucknérienne. La 4e symphonie est, à cet égard, un condensé grandeur nature de l’héritage de Richard Wagner mais aussi l’expression d’un panthéisme où les sortilèges de la forêt allemande transparaissent au sein de la foi sensible de Bruckner, chevillée au corps et à l’esprit.
S’il prend ses distances par rapport à son illustre prédécesseur à la tête de la Philharmonie de Munich le Roumain Sergiu Celibidache, dont les tempi implacablement lents dans l’œuvre du Ménestrel de Dieu atteignaient des hauteurs insondables, Thielemann, avec un orchestre qui sait son Bruckner comme personne, ne peut que lui emboîter les phrasés très subtils et la grandeur orchestrale.
Son propos n’est pas narratif mais, par son inflexibilité, tend un grand arc où la contemplation de la Nature consolatrice – dans le sillage de la Pastorale de Beethoven – et l’émerveillement tendre devant la Création passent au second plan au profit de la sensualité sonore, de la perfection formelle et de la cohérence d’ensemble.
L’interprétation refuse d’être visionnaire : très contrastée, voire accentuée, d’une lenteur délibérée – l’Allegro molto moderato initial ne s’enlise pourtant jamais –, elle manifeste une solidité organique où tous les pupitres, soutenus du regard par une direction à la fois précise et bienveillante, se projettent avec un engagement que l’on aimerait souvent éprouver au concert. La vaste méditation perd en intention ce qu’elle gagne en éclat, en vigueur, en clarté.
L’alliage parfait des timbres entre bois et cordes – qui rappelle souvent, comme dans l’Andante, quasi allegretto, la 9e de Schubert –, le rythme impérieux des cuivres – Scherzo – impressionnent par leur netteté, leur franchise et leur absence de tout pathos. L’accomplissement synthétique de la péroraison grandiose du Finale, Bewegt, doch nicht zu schnell, élargit la symphonie aux dimensions du Cosmos.
Au terme de ces soixante-quinze minutes si riches et si denses et malgré le poids du contrôle exercé par cette main de fer dans un gant de velours, on éprouve, au sortir du Festspielhaus de Baden-Baden, un sentiment d’aboutissement.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 09/05/2008 Michel LE NAOUR |
| 4e symphonie de Bruckner par l’Orchestre Philharmonique de Munich sous la direction de Christian Thielemann au Festspielhaus de Baden-Baden. | Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 4 en mi bémol majeur, « Romantique » (A 95) (1878-1880)
MĂĽnchner Philharmoniker
direction : Christian Thielemann | |
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